Sur les réseaux sociaux, ils sont des centaines à demander justice pour Israa. À 21 ans, cette Palestinienne est décédée dans des conditions suspectes le 22 août dernier. Originaire de Beit Sahour, au sud de la Cisjordanie, la jeune femme aurait été battue à mort par sa famille après avoir posté un selfie en compagnie de son fiancé. Elle est la dernière victime présumée de crime d’honneur. Ce lundi 2 septembre, ils étaient une centaine à s’être réunis dans les rues de Ramallah pour demander justice pour Israa Ghrayeb.
La jeune femme est devenue malgré elle le symbole de la lutte contre les crimes d’honneur, « Israa est comme ces centaines de Palestiniennes et comme ces milliers de femmes dans le monde arabe qui ont été tuées par des membres de leur famille ou leurs compagnons en raison du soi-disant honneur familial. On en a marre ! », a expliqué, hors d’elle, Amal Khreishe, directrice d’une ONG, comme le rapportent nos confrères de RFI. Si la famille d’Israa assure qu’elle a été victime d’un arrêt cardiaque, peu croient à cette version des faits.
En effet, bien qu’une enquête soit actuellement en cours pour déterminer les circonstances du décès, l’affaire suscite une vague d’indignation sans précédent dans les territoires palestiniens occupés où nombreux sont ceux qui affirment que la jeune esthéticienne a été battue par sa famille après avoir posté un selfie avec son fiancé sur les réseaux sociaux, avant d’être de nouveau attaquée par son frère sur son lit d’hôpital, où elle serait décédée.
Une vidéo, devenue virale sur les réseaux sociaux, laisse entendre les cris stridents de la victime. Pour l’ancienne ministre Majda al-Masri, présente au rassemblement devant le siège du gouvernement palestinien à Ramallah, « tout indique que c’est un meurtre », et de préciser, « Cette manifestation aujourd’hui n’est pas seulement pour que les auteurs soient poursuivis, mais aussi pour que le gouvernement assume ses responsabilités en promulguant la loi pour protéger les familles. » Pour Dima Tadrouz, 23 ans, l’Autorité palestinienne doit prendre des mesures au plus vite.
« Il n’y a pas de loi qui protège les femmes et les adolescentes et ceux qui ont commis ce crime doivent être reconnus coupables sinon les femmes en Palestine ne seront pas en sécurité, car on ne se sent pas en sécurité quand il n’y a pas de loi qui tient les familles responsables de tels crimes. » En moyenne, chaque année, une vingtaine de femmes sont tuées, victimes de crimes d’honneur, dans les Territoires palestiniens. Selon l’AFP, Majda al-Masri aurait demandé à Mahmoud Abbas, président palestinien, de modifier le code pénal jordanien, en vigueur en Cisjordanie, qui « considère encore la défense de ‘l’honneur’ comme une circonstance atténuante pour un homicide ».