Le Centre National des Arts, du Spectacle et de l’Audiovisuel (CENASA) a vibré aux sons et aux couleurs de la 12e édition des Faso Music Awards (FAMA), ce vendredi 30 mai 2025. Un rendez-vous devenu incontournable dans le paysage culturel burkinabè, placé cette année sous le signe de la résilience et de la paix. Un thème en résonance avec les réalités du pays, mais aussi avec la volonté d’un comité d’organisation déterminé à faire briller la musique burkinabè envers et contre tout.
Dès l’ouverture à 21h14mn au lieu de 20h00mn, les performances musicales ont donné le ton. Diversité, énergie et émotions étaient au rendez-vous. Des instruments traditionnels à l’acoustique et des sonorités contemporaines du rap, les artistes ont montré que la musique burkinabè est à la fois enracinée et ouverte sur le monde.
Mais au-delà du divertissement, cette édition a été un véritable plaidoyer artistique pour la paix. Dans un contexte sous-régional marqué par des crises sécuritaires et sociales, les FAMA ont voulu montrer que la musique peut être un rempart contre la violence, un baume pour les cœurs meurtris, et un levier de reconstruction, d’où le thème : « Musique, résilience et paix en Afrique« .

Une nuit de distinctions et de chaleur
La cérémonie, riche en émotions, a mis à l’honneur les artistes et les artisans de l’ombre de l’industrie musicale. Parmi les moments forts de la soirée, la consécration de Floby, sacré meilleur album de l’année, a été saluée par une salve d’applaudissements. Le Prix hommage aux FDS et VDP, remporté par Privat 4.5 avec la chanson « Tchaba Tcha », a rappelé l’engagement des artistes dans le combat pour la paix.
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Autre distinction notoire, celle de Samirah Elvire Bationo, élue journaliste culturelle de l’année, preuve que la culture rayonne aussi grâce à ceux qui la racontent. Le prix du meilleur manager est revenu à Ilyasse Koudougou, manager d’Hawa Boussim, saluant un travail de fond souvent méconnu. Le clou de la soirée a été le sacre de Désiré Kodjo pour le grand prix, le FAMA 2025.
Des paroles remplies d’émotions
Mais au-delà des trophées, c’est l’allocution du coordonnateur des FAMA, Youssef Ouédraogo, qui a marqué les esprits. Visiblement ému, celui qui pilote ce projet depuis 2014 s’est exprimé sans notes, « avec le cœur », comme il l’a dit lui-même. « Nous organisons cet événement dans un contexte particulier, celui de l’insécurité. Malgré tout, nous avons bravé les difficultés pour vous réunir ici ce soir. Quand je regarde cette salle colorée par vos présences, je suis ému », a-t-il lancé.
Revenant sur la genèse des FAMA, Youssef Ouédraogo a rappelé que l’idée est née sur les bancs de l’université, avec la volonté de célébrer toute la chaîne de valeur musicale, notamment artistes, managers, instrumentistes, producteurs. « Trop souvent, on oublie les hommes de l’ombre. Nous avons voulu créer une plateforme pour les magnifier », a-t-il affirmé, rendant un hommage appuyé à l’équipe qui l’entoure depuis douze ans, malgré les contextes difficiles et le manque de moyens.

Alors que le rideau tombait sur cette 12e édition des FAMA, Désiré Kodjo, acteur engagé de la scène musicale, partageait son émotion. « C’est une grande joie, une fierté… de comprendre que les gens ressentent ce que nous faisons. Ce n’est pas facile de tenir dans ce métier, il y a des angoisses, des péripéties, et on lutte au quotidien, surtout avec la situation actuelle du pays. Mais on essaie de donner de la joie au peuple burkinabè, partout, dans chaque contrée, chaque localité. Nous aussi, à notre manière, on contribue à la résilience », s’est-il exprimé;
Par ailleurs, en ce qui le concerne, recevoir une distinction dans un tel contexte est bien plus qu’un simple honneur. « C’est une très grande consécration. Aujourd’hui, avec la rareté des événements culturels. Décrocher même une nomination, c’est déjà énorme. Ça prouve qu’on croit en ce qu’on fait, qu’on tient bon. Et ça donne la force de recommencer, de continuer ce combat grâce aux FAMA », a-t-il expliqué.
Fabrice Sandwidi