Ce 03 Juin 2025, Ouagadougou a abrité une cérémonie de plaidoyer de haut niveau sur les hémorragies post-partum lors du 11e congrès de la Société des Gynécologues et Obstétriciens du Burkina (SOGOB).
« Les hémorragies sont la principale cause de mortalité maternelle au Burkina Faso. Ensemble, barrons la route aux hémorragies pour préserver la Vie de celles qui donnent la Vie ! ». C’est autour de cette thématique que partenaires techniques et financiers, professionnels de la santé et invités ont réfléchi sur les difficultés rencontrées et les perspectives de renforcement de capacités et de lutte contre les hémorragies après accouchement encore appelées hémorragie du post-partum (HPP). C’ est une perte de sang excessive qui survient après l’accouchement, généralement considérée comme une perte de plus de 500 ml en 24 heures.

Comme le déplore, le gynécologue obstétricien Pr Charlemagne Ouédraogo, « Chaque jour, au Burkina Faso, des femmes meurent en donnant la vie. Pourtant, ces morts sont évitables. L’hémorragie du post-partum continue d’être la première cause de mortalité maternelle dans notre pays. Ces vies perdues sont évitables. Ces tragédies silencieuses, ces douleurs familiales, sont des drames que la science, l’innovation et la volonté politique peuvent prévenir ». Ces phrases empreintes de désolation, de douleur et de tristesse ont été exprimé par le président de la SOGOB.

Touché par ces chiffres qui font froid dans le dos, il a signalé un devoir moral, une urgence sanitaire et un impératif de justice sociale. Celui de mettre fin aux hémorragies du post-partum qui continuent d’endeuiller les familles.
Sans langue de bois, il rappelle que le Burkina dispose aujourd’hui, d’innovations efficaces, validées et disponibles. Ce qui manque, ce n’est pas le savoir-faire. Mais plutôt, les innovations pour être en cohérence avec la volonté politique affichée.
Parmi ces innovations majeures, deux doivent devenir des priorités nationales immédiates. « La carbétocine thermostable, qui figure désormais sur la liste des médicaments essentiels de l’OMS, est un utérotonique sûr, stable à température ambiante, efficace pour prévenir les hémorragies post-partum notamment dans les milieux où la chaîne du froid est un défi. Elle doit être accessible dans toutes nos maternités, sans exception », a-t-il recommandé.
La seconde innovation porte sur les sacs d’évaluation visuelle et objective des pertes sanguines, simples, peu coûteux, mais cruciaux pour détecter précocement une hémorragie. Leur utilisation systématique peut faire la différence entre la vie et la mort.

Dans le message du ministre de la santé livré par son directeur de cabinet, il a indiqué que le thème de cette soirée de plaidoyer interpelle tout le monde sans exception. C’est-à-dire qu’il faut lutter efficacement contre les hémorragies du post-partum afin d’éliminer les décès maternels évitables.
« Chaque décès d’une mère en couches est une tragédie. Chaque décès évitable est une injustice. Et chaque solution disponible non utilisée est un échec collectif. Aujourd’hui, nous avons des outils qui ont fait leurs preuves. Je pense notamment à la carbétocine thermostable reconnue par l’OMS, inscrite sur la liste des médicaments essentiels, et particulièrement adaptée à notre contexte. Elle ne dépend pas de la chaîne du froid et elle sauve des vies », a-t-il souligné avant de poursuivre « Je pense aussi aux sacs d’évaluation des pertes sanguines, simples, peu coûteux, mais essentiels pour détecter rapidement une hémorragie et agir à temps ».
A l’en croire, ces innovations ne doivent pas rester confinées aux congrès ou aux publications scientifiques. Elles doivent être disponibles dans toutes les formations sanitaires, de Ouagadougou à Gaoua, de Dori à Banfora.
Le ministre par la voix de son représentant réaffirme l’engagement ferme du gouvernement à améliorer la santé maternelle au Burkina Faso.
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Des perspectives salutaires
Dans les propos du ministre, il est ressorti qu’avec les partenaires, des actions seront menées dans le but d’intégrer la carbétocine thermostable dans les circuits d’approvisionnement et les protocoles obstétricaux, rendre disponibles les sacs d’évaluation dans les maternités de tout niveau et renforcer la formation continue des prestataires sur les bonnes pratiques de prévention et de gestion des hémorragies.
Pr Charlemagne Ouédraogo, pour sa part, a expliqué qu’au-delà de cette soirée, c’est le début d’un plaidoyer qui va durer un mois à travers des rencontres avec les partenaires, le gouvernement, le parlement, la société civile et les journalistes.
A écouter le président de la SOGOB, le ministère de la santé a déjà entamé une démarche pour faciliter la mise à disposition, très bientôt, de ce nouveau produit et commencer à les utiliser en attendant de grosses commandes qui vont venir.
« C’est pour vous dire que notre plaidoyer qui a commencé même avant ce congrès a déjà porté fuit et le ministère de la Santé est à pied d’œuvre pour que la carbétocine soit accessibles dans les formations sanitaires », s’est-il réjoui.
Pour rappel, au cours de la soirée, des professionnels de la santé ont reçu des kits et d’autres ont reçu des hommages en l’occurrence, les anciens présidents de la SOGOB et les devanciers de la discipline qui ont été admis à la retraite. Il s’est agi de Pr Blandine Koné, Pr Jean Lankoandé, Pr Michel Akontionga, Pr Blandine Thiéba, Pr Ali Ouédraogo, Pr Dr Adolphe Der Somé.
Françoise Tougry