Les femmes qui travaillent dans les médias sont de plus en plus nombreuses et portent plusieurs casquettes. Celle qui attire les regards aujourd’hui, a plus de 15 ans d’expériences. Elle a acquis la confiance de ceux qui lui ont tendu la main et l’ont encouragée dans ce métier, autrefois, réservé aux hommes. Partie de rien comme on le dit, Mariam Dabo fait la fierté des femmes qui ont osé embrasser ce métier, être technicienne dans un organe de presse.
C’est une jeune dame, aimable, souriante et courtoise qui nous a accueillies, Mariam Dabo. Ce nom, vous l’entendez dans certaines radios de la place, à Ouagadougou. Mais, difficile de lui coller un visage car elle exerce ce qu’on appelle, les métiers de l’ombre. En effet, elle est technicienne. Elle manie avec tact, l’ordinateur, la table de mixage et les câblages.
De façon générale, le technicien radio, aussi appelé technicien réalisateur radio est un professionnel du son, chargé de sa captation, de son traitement et de sa transmission. Capable de manier une multitude d’appareils et de logiciels de diffusion, il fait également preuve d’un grand sens artistique musical.
Pour comprendre l’histoire de Mariam Dabo, faisons un saut dans le passé ! En fait, Mariam est une jeune femme burkinabè, originaire de Pô dans la province du Nahouri.
Dès son jeune âge, elle n’a pas pu poursuivre ses études, après son BEPC. Fort de cette situation, son grand-frère Aboudou Dabo dit Dabs a préféré qu’elle vienne à Ouaga, en vue de trouver une occupation importante.
N’ayant aucune expérience dans ce domaine, les débuts ont été très difficiles. Son apprentissage dure neuf mois avant qu’elle ne soit embauchée.
”Quand je suis arrivée le premier jour, franchement, je voulais fuir », informe-t-elle en riants aux éclats avant de lancer « Je ne savais même pas comment ouvrir un ordinateur. Mais, quand on a commencé à me montrer ce qu’est l’ordinateur, j’ai commencé à m’habituer un peu, un peu et c’est devenu ma passion. Si je fais une journée sans ouvrir un ordinateur. C’est comme si je suis malade”, situe-t-elle.
En tant que technicienne, elle règle les câbles et les sons, les microphones, les jingles, les pauses publicitaires, les programmes musicaux. Elle gère également, le programme des animateurs, l’enregistrement des émissions et du journal, la programmation musicale, la diffusion et les rediffusions des programmes, etc.

De 2009 à 2021, elle a marqué radio Salankoloto de part, son expérience et sa présence, 12 ans au service de l’information et des auditeurs.
“ J’ai fait mes débuts, là-bas. Ça a été le lieu de mon apprentissage. J’y ai grandi. On n’oublie pas sa mère. Salankoloto, c’est ma mère pour le travail », indique-t-elle.
Pour Mariam Dabo, impossible de parler de Salankoloto sans dire merci à feu papa Roger Nikièma, le promoteur de ce média, également ancien directeur général de la télévision nationale du Burkina. Elle lui rend un vibrant hommage pour tout ce qu’il a apporté dans sa carrière.
En 2021, elle quitte la radio mère. En 2023, elle rejoint le Centre national des Arts du Spectacle et de l’Audiovisuel (CENASA) pour un renforcement de capacités notamment dans le domaine de la technique sur la gestion des spectacles et l’organisation des événements.

“Quand je suis partie au CENASA pour déposer mes dossiers, le directeur général monsieur Abraham Abassague a été courtois avec moi. Il a permis que je fasse mon stage », signifie Mariam Dabo, tout en lui réitérant ses remerciements.
A l’issue de six mois de stage, elle y dépose définitivement ses valises. Désormais, en cas de besoin, elle est aux commandes.
Un an plus tard, Mariam Dabo jette encore son dévolu sur Al-Fadjir, une radio de la communauté musulmane basée à Ouagadougou, parallèlement à sa collaboration avec le CENASA.
“Quand je suis arrivée, ils m’ont très bien accueillie et je suis à l’aise, ici aussi. Le directeur est vraiment très sympathique », soutient-elle.
Mariam Dabo dit s’épanouir à son poste tant le métier est intéressant et l’ambiance, conviviale.
A l’écouter, s’informer est capitale et avec la radio, on s’informe en tout temps et en tout lieu. Elle saisit l’occasion pour faire un clin d’œil aux auditeurs ainsi qu’à tous ceux qui travaillent dans les radios.
Si Mariam apprécie le climat qui prévaut à son service, ce n’est pas Mohamed Dipama, le directeur en charge de la radio qui dira le contraire.
Selon le premier responsable de cette structure, étant venue à Al Fadjir pour un apprentissage de quelques temps, Mariam Dabo a fini par intégrer définitivement, l’équipe de travail.

“Après quelques mois de collaboration, j’ai vu qu’elle est ouverte, dévouée, respectueuse et sans rancune. Elle est très humaine. Tout le monde l’apprécie”, salue-t-il.
Mariam Dabo travaille du lundi au jeudi. Vendredi, samedi et dimanche, ce sont ses jours de repos, indique le directeur. Mais, à partir de vendredi, dit-il, on sent un grand vide dans nos locaux car elle met tous les jours, de la bonne humeur. On lui reconnaît, le goût pour le travail en équipe.
« Son absence ne passe pas inaperçue. C’est également la même chose si elle est malade », ajoute-t-il.
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En termes de projets, Mariam Dabo entend, en plus de la technique, élargir son champ d’action. Ce n’était qu’une question de temps avant que les choses ne changent complètement. En effet, voici la bonne nouvelle.
« Quand j’ai parlé au directeur de mon envie de renforcer mes capacités, il m’a autorisée à apprendre et il a même créé, des émissions dans ce sens”, informe la technicienne qui n’a pas traîné le pas pour commencer cette nouvelle aventure.
Actuellement, en train de se former en journalisme et en animation, celle qui était toujours derrière la baie vitrée est maintenant, devant le micro.
Tout en souhaitant partager ses connaissances avec d’autres personnes, Mariam Dabo reste convaincue qu’elle ira très loin dans ce métier, mettant les petits plats dans les grands, pour un bel avenir.
Françoise Tougry
Abdoulaye Ouédraogo