A travers une conférence de presse en ligne, l’organisation non gouvernementale Oxfam a présenté ce jeudi 10 juillet 2025, un nouveau rapport intitulé « Africa’s Inequality Crisis and the Rise of the Super-Rich », consacré à l’évolution des inégalités économiques sur le continent africain. L’étude met en lumière un accroissement rapide de la concentration des richesses, accompagné d’un appauvrissement persistant de la majorité de la population.
Le second rapport sur les inégalités en Afrique réalisé par Oxfam est enfin rendu public ce 10 juillet 2025 en conférence de presse. Une évidence s’impose. Les inégalités économiques s’accroissent rapidement. Un infime pourcentage (0,01 %) contrôle une part disproportionnée de la richesse, alors que 50 % de la population vit avec seulement 1 % des richesses.
Selon le rapport, la richesse des ultra-riches africains a augmenté de 45 % au cours des cinq dernières années. Dans le même temps, plus de 500 millions de personnes sur le continent continuent de vivre avec moins de 2,15 dollars par jour. L’étude s’appuie sur des données provenant de plusieurs pays africains, et inclut des témoignages recueillis par les bureaux nationaux d’Oxfam.

Oxfam souligne que cette situation s’inscrit dans un contexte de crise multidimensionnelle, marqué par la montée du chômage, la précarité alimentaire, et les effets du changement climatique. L’organisation identifie des causes structurelles, notamment la faiblesse des systèmes fiscaux, les inégalités d’accès aux services publics et les déséquilibres dans les politiques économiques.
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Aussi de ce rapport, il ressort que les gouvernements africains ont les pires scores mondiaux en matière d’engagement contre les inégalités, la TVA pèse lourdement sur les plus pauvres, tandis que les riches sont peu imposés et les femmes, dans le secteur informel, subissent de fortes inégalités économiques et fiscales.
Dans son discours, la présidente d’Oxfam Afrique, Fati Nzi-Hassane, a décrit les inégalités actuelles comme « le résultat d’un échec politique et l’incarnation d’une crise morale ». Elle a appelé les gouvernements africains à adopter des politiques fiscales plus équitables et à renforcer les investissements publics dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la protection sociale.

Fati Nzi-Hassane a également évoqué les conséquences humaines de ces inégalités. « Derrière les chiffres, ce sont des personnes qui souffrent », a-t-elle déploré. Elle a mentionné plusieurs cas concrets, dont celui d’une femme n’ayant pas pu accéder à des soins médicaux pour son enfant, faute de moyens.
Pour clore la séance, des recommandations ont été formulées. Le rapport recommande une réforme des systèmes fiscaux nationaux, visant à mieux taxer les grandes fortunes et les entreprises très rentables, tout en allégeant la charge pesant sur les populations à faible revenu. Oxfam a souligné aussi la nécessité de lutter contre l’évasion fiscale et de revoir les modalités d’endettement des pays africains.
L’organisation a remis également en question certains mécanismes de l’économie mondiale, qu’elle a jugé défavorables aux pays du Sud, notamment les systèmes de commerce et de financement hérités de l’époque coloniale.
La publication du rapport intervient alors que l’Union africaine a désigné l’année 2025 comme « Année de la justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine ». Les chefs d’État se réunissent cette semaine à Malabo, en Guinée équatoriale, pour une rencontre de coordination semestrielle. Oxfam espère que ce contexte favorisera l’adoption de mesures concrètes.
Fabrice Sandwidi