On ne saurait parler de Maîtrise de cérémonie sans citer Sidonie Ouédraogo. Éloquente, élégante, elle manie avec dextérité, le micro. Présidente du Groupe de Réflexion et d’Actions pour les Droits humains en Afrique (GRADHA), elle conduit la structure avec brio et les acquis engrangés parlent d’eux-mêmes. Actuellement, 4e vice-présidente de la mairie de Ouagadougou, elle nous relate son parcours.
Habillée en bazin et chic coiffe sur la tête, dame Ouédraogo nous a reçus dans son bureau au sein de l’hôtel de ville de Ouagadougou.
Après les salutations chaleureuses de cette belle voix qui caresse, elle nous invite à prendre place. La quarantaine révolue, gracieuse et courtoise, elle nous lance un regard rassurant et bienveillant. Toute chose qui nous pousse à profiter de ce moment exceptionnel.
Des enfants comme elle, courageux et audacieux, capables de prendre la parole et de s’exprimer devant des aînés ou un grand monde, sans peur, il y en avait peu, en son temps.
« Pour dire vrai, j’ai commencé la prise de parole en public, très jeune. Dès le primaire jusqu’au collège, j’étais dans le bureau des élèves. Et là, il fallait toujours parler aux camarades et défendre certaines doléances du bureau auprès de l’administration scolaire », indique-t-elle.
« J’ai conquis les cœurs ».
Avec les mouvements religieux tels que Cœurs vaillants, âmes vaillantes (CV-AV), la Jeunesse estudiantine catholique (JEC), la chorale et les groupes liturgiques, la maîtrise de cérémonie s’est progressivement installée dans son quotidien, forgeant au fil du temps, sa personnalité.
Ainsi, en 2008, dans la commune de Doulougou province du Bazèga, devant d’imminentes personnalités, elle anime sa première grande cérémonie, à l’occasion du 8 mars régional.
« C’est ainsi que j’ai conquis les cœurs et les gens n’hésitaient pas à me confier leurs cérémonies avec assurance », soutient Sidonie.
En matière de communication particulièrement, dans le domaine de la maîtrise de cérémonie, il n’y avait pas beaucoup de femmes et Sidonie Ouédraogo s’est donnée le challenge de promouvoir cette profession. Elle en a fait son combat.
« Beaucoup de gens m’ont découverte et ils ont aimé ce que je fais. J’avais beaucoup de cérémonies que j’animais, à l’intérieur du pays et par moment, à l’étranger », explique Sidonie Ouédraogo.
Selon Sidonie Ouédraogo, tout métier nourrit son homme, à condition qu’il mette du sérieux dans la manière de faire et de se consacrer à son travail. Elle souligne en outre, qu’il faut être bien ordonné avec des objectifs clairs.
Créer un club de formation en maîtrise de cérémonie, amener les jeunes filles à maîtriser la prise de parole en public et aimer l’art oratoire sont entre autres, les perspectives de Sidonie Ouédraogo. Le but est de leur permettre d’avoir la confiance en soi et de défendre leurs idées en public
Se contenter d’une seule compétence, ce n’est pas le genre de Sidonie Ouédraogo. Elle met plutôt, les bouchées doubles pour se surpasser. Ce qui pourrait expliquer pourquoi Sidoine Ouédraogo a une deuxième casquette, Attachée d’Administration scolaire et universitaire (AASU) en service au Ministère de l’Enseignement de Base, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues nationales (MEBAPLN). L’éducation au service de la nation, c’est ça.
Au niveau de la commune de Ouagadougou, d’autres actes et non des moindres ont été posés sous l’égide du Président de la Délégation spéciale, Maurice Konaté.
« En plus, le fait de nous envoyer le représenter lors des grandes cérémonies contribue à nous donner une visibilité et les gens découvrent qu’il y a aussi des jeunes femmes à la commune, qui impactent », relate-t-elle.
Leader de la société civile, elle dirige le GRADHA dont elle est la présidente.
A travers cette association, l‘opportunité est donnée aux jeunes femmes et filles de promouvoir leurs droits de façon générale et surtout, ceux des enfants.
« Nous devons prendre nos propres droits en main parce personne ne viendra nous défendre. Donc, il faut qu’on s’organise. C’est cette idée qui m’a motivée à créer le GRADHA », spécifie Sidonie Ouédraogo.
En collaboration avec d’autres structures de défense des droits de l’homme et de coordinations telles que le cadre de concertation des organisations de la société civile, dirigé par Martine Yabré, GRADHA mène et participe à des activités tant au niveau national qu’international. GRADHA est reconnu par le ministère en charge des droits humains et celui en charge de l’administration territoriale.
« Les femmes ont toujours, ce petit truc qui les retient dans leurs coins ».
Titulaire d’une maîtrise en gestion des projets, d’une licence en communication et d’un master en sciences de l’éducation, Sidonie affirme être satisfaite de son parcours. En termes de renforcements des capacités, elle a placé la barre, haut. Traduisant de ce fait, l’envie continue d’apprendre.
Cela l’a amenée à avoir des certifications dans le domaine de la gestion des conflits en période électorale, la médiation et dialogue communautaire ; le Droit international humanitaire (DIH) ; le Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR), etc.
Sidonie Ouédraogo va plus loin en mentionnant quelques acquis engrangés en 2024 par le GRADHA. Il s’agit de la formation de 50 femmes et jeunes filles sur la prise de parole en public et sur les techniques de recherche de financement pour pouvoir accompagner leurs petites structures.
« Les femmes ont toujours, ce petit truc qui les retient dans leurs coins. Or, elles ont des choses à dire. Mais, elles ne savent pas comment les exprimer », justifie-t-elle.
GRADHA a également mené de petites actions en faveur de l’autonomisation des femmes et des filles.
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En se penchant sur la carrière de Sidonie Ouédraogo, il y a visiblement des leçons de vie qu’elle tient à partager. En grandes lignes, elle cite le courage, la persévérance et surtout la confiance en soi.
« Fixe-toi un objectif et donne-toi les moyens de l’atteindre ! La vie n’est pas facile par moments surtout, pour les femmes. Il y a beaucoup de barrières. On doit montrer que la femme aussi, a sa place dans la société et qu’elle a également son mot à dire pour le développement de la nation », demeure-t-elle convaincue.
Françoise Tougry
Abdoulaye Ouédraogo
