Au Burkina Faso, les engins à deux roues sont les moyens de déplacements les plus fréquents. Mais, ils sont également responsables de nombreux accidents de la circulation. Certains de ces accidentés subissent des fractures de la mandibule, la mâchoire inférieure avec des répercussions graves sur leur santé. L’étudiante en médecine,Rokiatou Lingani a présenté les travaux de sa thèse de doctorat sur cette thématique. La soutenance a eu lieu, le mardi 15 juillet 2025 à l’Université Joseph Ki-Zerbo. Le jury a jugé son travail recevable et lui a attribué la mention très honorable.
Rokiatou Mignibi Lingani a soutenu sa thèse de doctorat, hier. Ses recherches ont porté sur « Apport de l’imagerie dans le diagnostic des fractures de l’angle mandibulaire dans le service de stomatologie chirurgie maxillo-faciale du Centre Hospitalier Universitaire Yalgado Ouédraogo du 1er janvier 2022 au 31 décembre 2024 ».
Passionnée de traumatologie, ce thème a été l’occasion pour elle, de mieux comprendre cette discipline.
« Quand je vois les patients souffrir de fracture, ça me fend le cœur. Donc, j’ai voulu voir dans quelle mesure, aider ces patients à se rétablir vite. C’est dans ce sens que l’idée m’est venue et je suis allée voir Pr Tarcissus Konsem qui a corrigé le thème et on a commencé à travailler, ensemble », a justifié l’impétrante.
L’impétrante est parvenue aux conclusions selon lesquelles, au Burkina Faso, c’est surtout la radiographie standard qui est présente plus que la TDM (tomodensitométrie). Mais, dans cette étude, il est ressorti que les médecins prescrivent, d’abord, la TDM. Cet examen est revenu, à majorité. Ensuite, vient la radiographie panoramique dentaire et enfin, l’incidence maxillaire défilé.
Il convient, à présent, de comprendre les différentes terminologies.
Ainsi, la TDM permet de visualiser les os et de voir l’ensemble des lésions, même les tissus mous. Par exemple, les plaies, les lésions des nerfs, etc. La TDM est efficace pour ça.
La radiographie panoramique dentaire permet de voir les lésions osseuses. Elle est, par contre, moins efficace pour voir les lésions des tissus.
Quant à l’incidence maxillaire défilé, elle ne visualise pas nettement, les lésions.
Le CHU a servi de cadre d’étude, principalement, le service de stomatologie et de chirurgie maxillo-faciale. Elle a ciblé tous les patients qui sont venus pour une fracture mandibulaire et sélectionné, par la suite, ceux qui ont été suspecté à la clinique. Mais, confirmés par l’imagerie.
Rokiatou Lingani a alors, exploité les anciens dossiers, de 2022 à 2024. Cependant, certains dossiers n’étaient pas correctement remplis.
« A l’hôpital, c’est chaud. Souvent, quand vous prenez en charge le patient, vous n’avez pas le temps de reporter correctement dans les documents. Par conséquent, beaucoup de dossiers sont restés inexploitables. Donc, vous êtes obligés de les déclasser », a-t-elle informé.
Un thème pertinent, un sujet d’actualité
« J’ai trouvé que le travail était excellent parce que c’est un sujet d’actualité qui parle des fractures de la mandibule et le rôle de l’imagerie médicale », a indiqué Pr Eric Martial Nao du service ORL de Yalgado, président du jury.
Selon lui, Rokiatou Lingani a pu démontrer que le scanner à un rôle très important dans le diagnostic précoce et le diagnostic connu car ils vont permettre de ne pas passer à côté des fractures mandibulaires, un phénomène assez fréquent.
Lire aussi : Soutenance de thèse : Ratam-Noga Sakinatou Tiendrebeogo, accueillie dans la famille des pharmaciens burkinabè
Chirurgien maxillo-facial à Yalgado, Dr Adama Zango a codirigé la thèse.
« J’ai trouvé le travail très bien. Le thème qu’elle a abordé, est en rapport avec les accidents, les traumatismes au niveau de la mâchoire inférieure. Ces traumatismes sont occasionnés en majorité, par les accidents de la circulation routière », a-t-il précisé.
Il fait savoir que l’étude a contribué, à mettre en lumière, les fractures qui pouvaient passer inaperçues et à faire également, la part des choses entre ceux qui optent pour le traitement traditionnel en allant chez les rebouteurs, à la différence du traitement moderne qui permet de voir la fracture avant de soigner.

Désormais Dr Rokiatou Lingani, elle invite la population à toujours porter les casques couvrant entièrement la tête, c’est-à-dire qui ne laissent pas le menton dehors parce qu’ils protègent la mandibule, située au niveau de la tête. Autre recommandation, c’est de respecter le code de la route car, dit-elle, ce sont les deux points essentiels de ce problème.
Pr Nao, pour sa part, suggère à Rokiatou Lingani de se spécialiser en chirurgie maxillo-faciale pour continuer à appuyer les chirurgiens de ce domaine.
Dr Zango, de son côté, encourage Dr Lingani à rester dynamique et avoir toujours, le sens de la recherche. Il a précisé qu’elle est une étudiante dévouée au travail.
« Avec les données qu’on avait, ce n’était pas évident. Mais, elle s’est battue pour pouvoir soutenir », a-t-il martelé.
Françoise Tougry