De plus en plus, les hommes de tenue s’adonnent à la musique. Pour certains, c’est pour galvaniser et remonter le moral des troupes tandis que d’autres, à l’instar de Prince Oued-Laure, exerce ce métier par passion. Élément de la grande muette, il tient l’arme pour défendre son pays et le micro éveiller les consciences. Prince Oued-Laure, à l’état civil Laurent Ouédraogo est à la fois Maréchal des Logis Chef et chanteur burkinabè.
Au-delà de sa grande taille, il n’a fallu que peu de choses pour que cet homme choisisse de consacrer sa vie à Dieu en devenant prêtre. Mais, le destin en a décidé autrement. Issu de la 43ème promotion des élèves sous-officiers de la gendarmerie nationale du Burkina Faso, Laurent Ouédraogo, titulaire d’Officier de Police Judiciaire, est Maréchal des Logis Chef. Il est originaire de la région du Nord, dans le Passoré, plus précisément à Imiougou.
Bien avant que l’idée de devenir prêtre ou gendarme ne lui traverse l’esprit, Laurent nourrissait déjà une passion profonde pour la musique car dit-il « ma passion pour la musique remonte depuis l’enfance, où j’y allais en compagnie de ma tendre mère à la chorale de l’église catholique de Imiougou, mon village natal ».
Mieux encore, cette passion va s’épanouir au petit séminaire Saint-Cyprien de Kaya dès son entrée en 2008. Très vite, il devient psalmiste, se formant ainsi au solfège où il acquiert les bases d’un style qui lui sera propre. Tout comme le pêcheur qui jette son filet à la recherche du poisson, Laurent fréquente de nombreuses chorales afin d’affiner son art.
« Après ma formation au séminaire, je sillonne des chorales dont celle de Marie Reine à Kaya », explique-t-il.
Le style unique en son genre
La réalisation de sa passion première se fait attendre. C’est alors que le devoir de servir son pays se manifeste. Il intègre donc, la 43e promotion des élèves sous-officiers de la gendarmerie nationale, car il entend, « Veiller au respect des lois, assurer la défense des personnes et de leurs biens ». Mais, toujours est-il que sa passion pour la musique sommeille toujours en lui.

Le 31 octobre 2024, Prince Oued-Laure se révèle aux amoureux de la bonne musique, à travers la sortie de son premier album intitulé « On reste débout », composé de neuf titres.
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Il n’est ni rappeur, ni griot. Il est dans le tradi-moderne, s’inspirant des rythmes locaux, avec des textes et des messages poignants, inspirés de son vécu de soldat. Son style est tout à fait unique à lui, car dit-il, « Le style étant propre à chacun ». Oued-Laure, à travers ses chansons, appelle à l’union, au patriotisme, à la cohésion sociale. Dans son album de neuf titres, on y trouve des titres comme, « Barsalogho », en référence à la tragédie qui s’est produite dans cette ville, « Respect aux FDS », « M zoa a zoeta », en français « mon ami déplacé interne » etc…
« Je suis un soldat au service de la nation et un soldat de la paix par la musique »
Face à un métier exigeant de la rigueur et de la discipline, on est souvent tenté de se demander comment Laurent concilie son métier de gendarme à sa passion pour la musique. Cela ne souffre pas d’ambiguïté pour le soldat. Il n’y voit pas d’opposition. « Je suis un soldat au service de la nation et un soldat de la paix par la musique », lance-t-il avec émotion. Comme pour signifier que lors de ses temps libres, il compose, enregistre, prépare des concerts. « En tant que gendarme, j’exécute les missions qui me sont assignées et pendant mes rares moments de loisirs, je pratique la musique », argument-il avec insistance.

Prince Oued-Laure, cet homme de devoir qui transforme sa voix en instrument de paix n’est pas au bout de sa mission. La quête ne fait que commencer pour lui parce que son ambition est de faire connaître sa musique, amener sa musique au contact du public, afin de continuer à éveiller les consciences, surtout chez les jeunes. Pour ce faire, l’artiste s’est fixé des objectifs comme il l’a si bien dit dans son message à l’endroit de la jeunesse. « Aime ce que tu fais ! Fixe-toi des objectifs et n’aie pas peur des obstacles ! La persévérance est la clé pour donner un sens à ton existence », conclu-t-il.
Fabrice Sandwidi