C’est la saison des pluies et avec elle, l’animation au bord des barrages, en particulier celui de Tanghin. L’air porte cette odeur humide des premières pluies ramenant avec elle, les pêcheurs amateurs et vétérans venus taquiner les poissons. Ce Samedi 2 août 2025, nous avons suivi un petit groupe de jeunes Ouagalais, canne à la main, pour partager leur passion de la pêche, entre patience, rires et promesse d’une bonne prise.
Il est 10 heures lorsque nous arrivons au barrage de Tanghin. La première étape est de se procurer des vers de terre, indispensables pour appâter les poissons. Le groupe se dirige donc, vers le vendeur de cannes pour en acheter. Un jeune, sourire aux lèvres, taquine l’une des filles. « Gare à toi si tu ne prends pas de poisson !», dit-il. La plaisanterie ouvre l’ambiance pendant que nous prenons la direction du site choisi pour la pêche.
Une fois au site, Erwane Sawadogo, initiateur de cette journée de pêche avec ses amis, lance avec sourire, « C’est le moment ou jamais ! », avant de dérouler son fil avec dextérité. Visiblement, c’est le plus habitué de l’activité. C’est alors qu’il donne les instructions à Laura Kitio, l’unique fille étant à sa première expérience de pêche.

« Les poissons nagent, à contre-courant. Lorsque tu lances ta canne et que tu sens que ça s’enfonce, il suffit de la retirer et tu as de grandes chances d’attraper du poisson », notifie-t-il, à la jeune fille.
Après quoi, ce fut la pratique et l’attente. Les gestes sont précis et chorégraphiques. Lancer du fil, attente silencieuse et coup sec au moment opportun ! Le premier cri se fait attendre. Laura sursaute comme si elle venait de gagner à la loterie. Elle vient de pêcher le tout premier poisson de sa vie.

« Je l’ai ! Je l’ai ! », s’écrie-t-elle. Et pour taquiner Erwane, Carenne Tarpidiga déclare « L’élève surpasse déjà le maître ».
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Tout le monde éclate de rire. Mais, Erwane qui se sent pointé du doigt réplique : « C’est la chance du débutant ». L’atmosphère se détend. Puis, revient au calme. Des heures s’écoulent et à chaque tirage, l’espoir se lit sur les visages. Mais, parfois, la ligne remonte vide car les poissons ont réussi à extirper l’appât et déjouer le piège des pêcheurs.
Si pour certains, la pêche est une occasion de varier le menu alimentaire ou de se procurer une source de revenus, pour nos jeunes pêcheurs du jour, c’est avant tout, un moment de détente. « On ne vient pas seulement pour la pêche », explique Erwane Sawadogo. Et d’ajouter « C’est aussi pour être ensemble, oublier, un peu, les soucis ».
Carenne Tarpidiga n’est pas à son premier essai. La pêche fait partie de son passe-temps. Les week-ends, en compagnie de ses amis, ils se font une partie de pêche afin de décompresser. « Si c’était seulement du poisson que nous voulions, nous aurions pu utiliser directement l’argent dépensé pour la pêche afin d’en acheter. Imaginez que chaque canne coûte 1000 FCFA, sans compter le prix des vers de terre ! Au total, chacun doit débourser, au moins 2000 FCFA. Mais nous sommes là car cela nous permet de quitter notre zone de confort afin de socialiser et de renforcer nos liens d’amitié », explique-t-elle.

Pour Laura Kitio, cette expérience est unique et elle se réjouit de l’avoir tentée. « Je n’avais jamais pratiqué la pêche auparavant. Que ça soit au Cameroun ou au Burkina ! C’est ma première fois et je suis très fière d’avoir pu la pratiquer et de prendre autant de poissons. Ce soir, je vais frire cette prise et me régaler tout en sachant que c’est la sueur de mon front », confie-t-elle, sourire aux lèvres.
Tandis que le soleil s’efforce de se coucher, les prises se multiplient. Une chose est évidente. Ce soir, ces jeunes savoureront du poisson tout frais, pêché au barrage de Tanghin et non du poisson conservé dans des congélateurs.
Fabrice Sandwidi