Dina Yanogo épouse Lankoandé est la Directrice générale de Upright Partners au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire. Mariée et mère de trois enfants, elle a eu la chance d’allier passion et métier dans un secteur aussi stratégique que le secteur minier. Passionnée de voyages et de découvertes, ce qui lui a permis de visiter de nombreux sites miniers à travers le monde, notamment au Burkina Faso, au Canada et aux États-Unis. Elle aime par-dessus tout, transmettre, soutenir la jeunesse et surtout coacher les femmes dans l’entrepreneuriat. Sur le plan académique, elle est titulaire d’une maîtrise en droit de l’Université de Ouagadougou, d’un master en management des affaires internationales de l’Université de Lyon, ainsi que d’un master en administration des ressources humaines. Son parcours professionnel a débuté dans la communication, avant de bifurquer vers la fiscalité. Elle a dirigé un cabinet dans ce domaine, mais elle a vite compris que sa véritable vocation était ailleurs. Elle s’est alors réorientée vers le management des ressources humaines. Elle a été parmi les pionniers au Burkina Faso à proposer des services RH spécifiquement adaptés aux métiers de la mine, un domaine dans lequel elle est engagée depuis maintenant plus de quinze ans.
Comment êtes-vous arrivée à exercer ce métier dans le secteur minier ?
Depuis quinze ans, je me consacre presque exclusivement au secteur minier en tant que prestataire de services. J’ai eu l’honneur de collaborer avec la majorité des sociétés minières implantées au Burkina Faso. C’est un secteur exigeant mais extrêmement passionnant, dans lequel je me suis épanouie dès mes débuts. Parallèlement, je suis membre de l’Alliance des Fournisseurs Burkinabè de Biens et Services Miniers (ABSM) depuis 2012, où j’ai occupé les fonctions de Secrétaire générale et de Présidente par intérim. C’est dans ce cadre que j’ai commencé à militer activement pour la promotion du contenu local, un combat que je poursuis encore aujourd’hui. J’ai également toujours veillé à promouvoir la présence féminine au sein de mon équipe. J’encourage les femmes à s’approprier la question du contenu local et à entreprendre dans le secteur minier. Mon expertise sur ce sujet m’a permis d’intervenir régulièrement dans divers ateliers et initiatives nationales.
Quelles sont, selon vous, les principales difficultés rencontrées par les femmes dans le secteur minier ?
Les défis sont multiples et concernent aussi bien les femmes salariées que les femmes entrepreneures. Pour les premières, la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale reste un véritable défi, en particulier lorsque le poste implique de travailler sur des sites éloignés. Il existe également des problématiques liées au harcèlement sexuel et à la difficulté de faire reconnaître pleinement leurs compétences dans un environnement traditionnellement masculin. Les postes techniques de haut niveau restent encore majoritairement occupés par des hommes au Burkina Faso. Quant aux femmes entrepreneures, elles doivent faire face à un déficit de formation en gestion, à une méconnaissance du secteur minier, à un accès limité au financement, mais aussi à un manque de confiance de la part des sociétés minières. Trop souvent, les opportunités qui leur sont proposées se cantonnent aux activités dites « traditionnelles » comme la restauration, la production de savons, de beurre de karité ou les activités artisanales.
Quelles solutions proposeriez-vous pour améliorer la situation des femmes dans ce secteur ?
Il est impératif d’encourager une politique volontariste à travers un engagement fort des pouvoirs publics et des dirigeants des sociétés minières. Une discrimination positive est nécessaire, tant en matière d’accès à l’emploi qu’en matière d’opportunités économiques pour les entreprises dirigées par des femmes. Du côté des femmes, il faut développer le leadership, promouvoir des rôles modèles féminins pour susciter des vocations et inspirer les plus jeunes. Il est essentiel qu’elles sachent qu’il est possible pour une femme d’être directrice de département, Country Manager, ou encore cheffe d’entreprise prospère dans le secteur minier. En somme, les femmes ont besoin de formation, de coaching et d’un accompagnement ciblé. Mais surtout, elles ont besoin qu’on leur accorde confiance. Le potentiel est immense.
Un dernier mot ?
Je voudrais adresser mes remerciements à l’AFEMIB, une association particulièrement dynamique qui œuvre avec détermination pour l’amélioration des conditions des femmes dans le secteur minier. Je leur souhaite de continuer à multiplier les actions concrètes en faveur des femmes. Je salue également les efforts des sociétés minières et du gouvernement pour l’inclusion féminine, tout en soulignant qu’il reste du chemin à parcourir. Les femmes ont toujours été des actrices engagées du développement. Elles n’attendent que des conditions favorables pour démontrer, encore une fois, qu’elles sont capables d’accomplir des merveilles.
Source Mines Actu Burkina