Alice Nadembéga, épouse IToua est titulaire d’une maitrise en géologie fondamentale et appliquée de l’Université de Ouagadougou (2004). Elle est rentrée dans le secteur par la mine de Youga avec la société Burkina mining compagny (BMC) pour un stage de 3 mois. Elle a dû se mettre en retrait du secteur pendant un temps à cause d’une maternité. Elle a fait son retour dans le secteur dans l’exploration, à High River Gold de 2006 à 2010. Géologue à Essakane de 2010 à 2011, depuis août 2011, elle est à Bissa Gold où elle a occupé tour à tour le poste de superviseur géologue, géologue sénior et Chef géologue depuis avril 2024, coté exploration. Elle raconte son parcours professionnel, justifie son choix pour la géologie.
Pourquoi avoir choisi des études en géologie ?
La géologie s’est imposée à moi. Après mon BAC obtenu en Côte d’Ivoire, je suis rentrée au Burkina Faso pour des études en sciences économiques et de gestion. Je suis arrivée en retard et les inscriptions étaient closes. J’ai été informée d’une possibilité d’inscription qu’en Chimie, Biochimie, Biologie et Géologie (CBBG). Je me suis inscrite malgré les appréhensions. En deuxième année, j’ai opté pour Biologie-Géologie où il n’y avait pas assez de femmes. On étudiait les roches et c’était une découverte de ce que regorgeait le sous-sol. C’est ainsi que la passion est née.
Quelles sont vos principales responsabilités en tant que Chef géologue ?
La gestion d’une équipe constituée de géologues séniors de divers profils est ma principale responsabilité. Il faut planifier et suivre leurs activités, diffuser les informations, les motiver et les galvaniser afin de pouvoir atteindre l’objectif de la société.
En repensant à vos débuts dans le secteur minier, comment percevez-vous les défis auxquels vous faisiez face à l’époque ?
Nous évoluons dans un milieu où il y a plus d’hommes que de femmes. Pendant mon stage à Youga, les hommes étaient polygames avec des femmes plus âgées que moi. Les hommes me narguaient et ne suivaient pas mes instructions. J’entendais des propos du genre « J’ai 3 femmes comme toi à la maison », « Une femme ne me commande pas ». A High River Gold, j’étais la seule femme avec des techniciens hommes plus expérimentés sous ma responsabilité. Un technicien m’a dit que le nombre d’années à l’université ne sert à rien parce qu’en tant que technicien, son salaire dépassait le mien. Ce qui était vrai à cause de ses heures supplémentaires. Il a fallu s’armer de courage pour surmonter parce que mon objectif était d’acquérir de l’expérience. J’ai une famille, je suis une épouse, je suis une mère. Il a fallu aussi s’organiser et trouver le juste milieu.
Comment voyez-vous l’avenir des femmes dans le secteur minier au Burkina Faso ?
D’abord à l’université, nous n’étions que 3 filles dans notre promotion. Lorsque j’entrais dans le secteur, les femmes étaient minimes dans les sociétés minières dominées par les sociétés d’exploration. Mais aujourd’hui, les filles et les femmes commencent à s’intéresser au secteur. Plusieurs universités privées offrent des formations et j’ai espoir en l’avenir de la femme dans le secteur minier. Mais les femmes doivent cesser d’avoir peur du lendemain.
La maternité aussi fait peur à certaines femmes. Heureusement que ces dernières années, des sociétés font des efforts en faveur des femmes en situation de maternité. Ce qui encourage les femmes à accéder à des postes de responsabilité. Si les sociétés minières pouvaient alléger les conditions des femmes en situation de maternité, elles allaient se surpasser.
Avez-vous rencontré des difficultés en tant que femme et comment les avez-vous surmontées ?
Il a même dit à un responsable : « Est-ce que c’était le moment pour Alice de tomber enceinte ? ». La maternité peut jouer sur une carrière parce que mes promotionnaires garçons ont été recrutés dans la société après le stage alors que je devais reprendre ma carrière après l’accouchement. Mais je me suis auto-défiée pour atteindre cet objectif.
Source : Mines Actu Burkina