Elles sont nombreuses ces femmes qui ne voudraient pas qu’on les appelle par leurs noms après leur mariage. Elles préfèrent afficher fièrement les noms de leur époux. Dans cette tribune, Adama Siguiré parle dans détour.
Quel homme accepterait qu’on l’appelle par le nom de famille de son épouse? C’est impensable. Mais, avec la civilisation européenne, la femme africaine est fière d’abandonner le nom de sa famille pour se faire appeler par le nom de son mari.
De plus en plus, des femmes reviennent à la raison en refusant de se faire appeler par le nom de leurs maris. Il y a quelques jours de cela, une femme m’a dit de l’appeler par son nom de famille et non pas par celui de son mari.
En réalité, j’ai toujours trouvé les appellations Madame x pour désigner l’épouse de x comme une manière d’inférioriser la femme, de la chosifier. C’est une pratique occidentale qui est de plus en plus rejetée en Europe. De nombreuses femmes en Europe préfèrent aujourd’hui porter leurs noms de famille et non pas ceux de leurs maris.
Dans la tradition Moaga, les femmes trouvaient une fierté à porter les noms de leurs familles.
On peut dire que Minata est la femme de la famille SIGUIRE, mais on ne peut pas utiliser le nom du mari pour appeler la femme. Se marier en Afrique, est-ce perdre son identité, son patronyme ? Dans la plupart de nos traditions, la femme porte le nom de sa famille après le mariage. Je me rappelle l’épouse de mon oncle qui était une fille de la famille royale de Ronga. Elle a toujours porté son nom PORGO avec fierté. Elle me disait un jour en riant: moi, je suis une princesse. Je viens d’une famille royale. Vous, les SIGUIRE, vous n’êtes pas une famille royale.
Certaines femmes se fâchent même quand on les appelle par leurs noms de famille.
Aujourd’hui, on constate que la fierté de la femme mariée ne vient plus de sa famille, mais de la famille de son mari. Certaines femmes se fâchent même quand on les appelle par leurs noms de famille. D’autres rectifient en disant: c’est Madame OUEDRAOGO, c’est Madame SAWADOGO ou c’est Madame OUATTARA. Des femmes divorcées même se battent souvent pour garder le nom de leurs ex-époux. Je trouve cela comme un déni et un mépris envers sa famille et surtout ses parents. C’est vrai que la femme mariée est plus rattachée à son époux qu’à sa famille, mais , dans nos traditions, la femme honore sa famille en gardant son nom. On pourrait dire Madame OUEDRAOGO épouse OUATTARA pour dire qu’elle est une femme de la famille OUATTARA. Cela se fait même dans les traditions. On dit généralement dans le Yatenga : » c’est la femme de la famille SIGUIRE. C’est la femme de la famille PORGO. Mais, sociologiquement ou anthropologiquement, la femme ne porte pas le nom de son mari. C’est une chosification, c’est une manière d’inférioriser la femme. On ne doit pas rejeter son patronyme parce qu’on est marié. Et si Dieu venait à me donner une fille, je lui demanderais de porter le nom SIGUIRE même après son mariage, car pour moi, ce nom est son identité . Et il est symbole de courage, de loyauté et de franchise. Il est inconcevable pour moi que ma fille rejette ce nom qui est symbole de bravoure pour chercher à porter un autre. Le patronyme fait partie de l’identité.
Adama Amadé SIGUIRE
Écrivain Professionnel/Enseignant de philosophie.
Consultant en leadership et management des cellules sociales