Du 1er au 3 octobre 2025, Ouagadougou a accueilli la troisième édition des Universités africaines de la Communication (UACO). Prenant part au colloque, le Directeur général de la Publicité et de l’Observation des Contenus (DGPOC) Abdoulaye Dao par la voix du Conseil supérieur de la Communication (CSC) a livré une communication sur « La régulation des médias numériques : l’expérience du régulateur burkinabè dans la lutte contre la désinformation et les discours de haine ». Profitant de cet évènement, il a souligné les acquis et les enjeux de la régulation.
La communication du DG a pour objectif de mettre en lumière, les actions déjà posées par le régulateur ainsi que les limites de ces actions en proposant des pistes de solutions pour plus d’efficacité. Pour y parvenir, une collecte des données sur les manquements de l’année 2024 a été réalisée. Cette méthodologie met l’accent sur la recherche documentaire et les techniques de l’observation participante.
« En matière de médias épinglés, on a enregistré quatre télévisions, cinq radios, neuf médias en presse écrite et en ligne, 27 médias sociaux. Soit un total de 48 médias », a-t-il cité.

Les manquements essentiels
Les manquements portent essentiellement, sur la désinformation et les discours de haine. Mais, elles renferment quelque fois, d’autres types de manquements tels que la diffamation, les propos injurieux, l’apologie du terrorisme, les propos de nature séditieuse, l’atteinte à la tolérance religieuse, l’atteinte aux bonnes mœurs et à l’image de la femme, l’appel au meurtre, les insinuations malveillantes, etc.
« Si le CSC est parvenu à interpeller plusieurs acteurs des plateformes numériques, il n’en demeure pas moins que plusieurs autres animateurs continuent de passer sous les mailles du filet du régulateur et ce, pour plusieurs raisons », a-t-il déploré.

L’évolution technologique
« Les difficultés liées à l’évolution permanente de la technologie numérique se posent en termes d’identification des acteurs responsables des infractions et en termes d’application de la sanction prise par le régulateur M.J. Dossou-Yovo (2020, P. 8) », fait savoir le panéliste.
A l’en croire, pour ce qui est des sites internet, le régulateur semble avoir trouvé la parade avec les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) à qui, il peut faire injonction pour limiter les accès.
« Mais là, également, la solution reste partielle car cette limitation n’est possible que dans la zone de couverture du fournisseur. Du reste, en ce qui concerne les infractions constatées sur Facebook et TiK Tok, le régulateur est souvent obligé de recourir à d’autres expertises techniques », a-t-il précisé.

Une synergie d’actions
En dehors du CSC, d’autres acteurs interviennent dans la régulation. Il s’agit, entre autres, du ministère en charge des télécommunications et de l’économie numérique, chargé du développement des technologies de l’information et de la communication sur l’entendue du territoire national. A cela s’ajoute l’Autorité de Régulation des Communications électroniques est des Postes (ARCEP), en charge des télécommunications.
La Commission de l’Informatique et des Libertés (CIL) en charge de la protection des données à caractère personnel et la Brigade centrale de Lutte contre la Cybercriminalité ayant pour mission la répression des infractions numériques apportent leur contribution.
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Les solutions envisageables
Pour une régulation plus adaptée des réseaux sociaux numériques, Abdoulaye Dao a indiqué la nécessité de mettre en place, un cadre juridique communautaire, la nécessité d’une fusion ou d’un regroupement des régulateurs des infrastructures et des contenus, la dotation du régulateur unique de moyens conséquents et la soumission des GAMAM (Google, Apple, Facebook (Meta), Amazon et Microsoft) aux injonctions du cadre législatif communautaire.
En attendant la mise en œuvre des directives communautaires contraignantes à l’égard des GAMAM, la coopération et/ou la collaboration s’impose, pour le moment, avec les géants actuels du numérique. La plupart de ces plateformes ont déjà des représentants au Burkina Faso ou dans l’espace communautaire. Des discussions méritent d’être engagées avec ces structures pour un accord sur les principes de signalements, d’alertes et de restrictions.
Le Directeur général de la Publicité et de l’Observation des Contenus a avancé que face à la prolifération des fausses nouvelles et des messages de violence et de haine sur les plateformes numériques, le législateur burkinabè a élargi les prérogatives du régulateur au secteur des réseaux sociaux. Si cette réforme a permis d’interpeller certains acteurs, elle s’est également avérée lacunaire face à certaines situations.
« A l’analyse, la réforme faite sur le plan juridique devrait être suivie par une dotation conséquente du régulateur de moyen matériel, humain et financier pour faire face à la complexité de la technologie en perpétuelle mutation. Cet apport s’avère présentement à la fois indispensable et urgent au regard du contexte de crise socio-sécuritaire et que traverse le Burkina Faso », conclut-il.
Pour mémoire, les UACO se sont tenues sous le thème global « Influence du contexte géopolitique sur la communication et le développement en Afrique ».
Françoise Tougry / Queenmafa.net