Ce 15 octobre 2025, le Mémorial Thomas Sankara n’a pas seulement accueilli des gerbes et des discours. Il a aussi incarné une mémoire vivante. De la voix d’Étienne Lompo à celles de Nathalie Yamb et d’Inemesit Richardson, la commémoration 2025 réaffirme que le rêve de Sankara n’est pas mort et qu’il continue de grandir, porté par une génération déterminée à poursuivre son rêve.
Le souvenir de Thomas Sankara reste plus vivant que jamais. Au Mémorial, entre hommage militaire et rencontres panafricaines, le Burkina Faso a célébré un héros national, une idée en marche, une idéologie commune. Celle d’une Afrique libre, digne et solidaire
Étienne Lompo, coordinateur du projet de construction des infrastructures du Mémorial, veille à la concrétisation de ce lieu symbolique. « J’ai en charge la réalisation du Mémorial, proprement dit, sur ce site », a-t-il confié. Pour lui, le souvenir du président Sankara est indissociable de sa propre jeunesse.

Pour Étienne Lompo, l’un des moments forts de cette édition est l’hommage militaire rendu à Thomas Sankara et à ses 12 compagnons. Cet instant marque un tournant décisif dans la manière dont la nation célèbre ses héros.
« Chaque dernier jeudi du mois, un hommage militaire sera désormais rendu ici même, sur ce site. C’est un devoir de mémoire et une reconnaissance méritée pour tout ce qu’il a fait pour notre pays », a-t-il précisé.
Nathalie Yamb, intellectuelle et activiste panafricaine, a tenu des propos qui ont trouvé un écho profond. Pour elle, Sankara n’est pas seulement une figure historique. Il est un compagnon de tous les jours.

Plus loin, elle a ajouté qu’ils ont tué un homme. Mais, ils n’ont pas tué son rêve. D’ailleurs, c’est son rêve qui est en train de se concrétiser. Et d’envoyer un message aux puissances qui misent sur l’élimination des leaders.
« Ce n’est pas parce que vous avez l’impression que Thomas Sankara s’est réincarné à travers le camarade Capitaine Ibrahim Traoré que vous devrez continuer à chercher à l’éliminer. Chaque fois que vous chercherez à l’éliminer, il naîtra des combattants encore plus nombreux, encore plus déterminés », a-t-elle lancé.
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Présidente du Centre Thomas Sankara et membre de la diaspora africaine ayant quitté les États-Unis pour se consacrer aux combats panafricains, Inemesit Richardson qui était présente sur le site, a situé la commémoration dans un horizon continental.

Pour elle, Sankara incarne des valeurs claires, panafricanisme, anti-impérialisme, socialisme et émancipation des femmes. Des connaissances que son centre tente de transmettre par la formation politique et idéologique.
« Je ne peux pas appeler Thomas Sankara au téléphone, ni lui écrire sur WhatsApp, il ne va pas répondre car n’étant pas présent, physiquement. Mais je peux toujours recevoir ses conseils à travers la formation », a-t-elle noté, citant la maxime du capitaine, « Un militaire sans formation politique et idéologique est un criminel en puissance ».
Inemesit Richardson voit en cette commémoration, plus qu’une simple cérémonie. C’est un appel à un combat continue et qui continuera dans toute l’Afrique. Aussi, a-t-elle évoqué, une vision audacieuse, une confédération, puis une fédération, visant à dépasser les frontières entre le Burkina, le Mali et le Niger pour mieux mener la lutte de classe sur le continent.
38 ans après sa disparition, le souffle du capitaine traverse toujours les générations. Le rêve planté par Sankara continue de germer, au Burkina Faso et au-delà.
Fabrice Sandwidi
Queenmafa.net