Ouagadougou a accueilli la 3e édition de la journée de l’alimentation saine et du bien-être, le dimanche 26 Octobre 2025. Placée sous le thème « Transformer l’épreuve en force : vivre, travailler et s’épanouir malgré le cancer », l’évènement est organisé par Miam Diet, cabinet de nutrition et restaurant diététique. A l’issue de cette activité, nous avons rencontré la directrice générale de ce cabinet, Danielle Wendyam Laëtitia Bouda. Elle est nutritionniste de formation, experte en maladies métaboliques et chroniques, entrepreneure santé et bien-être.
Vous êtes la fondatrice de Miam Diet. De quoi s’agit-il ?
Miam Diet est un cabinet spécialisé dans les boissons et les repas thérapeutiques et énergétiques. On fait la prise en charge des personnes en surpoids, souffrant de maladies métaboliques (diabète de type 2, mauvais cholestérol, hypertension artérielle) et chroniques ainsi que le cancer de l’estomac et le cancer du sein. Nos clients nous font appel pour leur suivi nutritionnel. Ils peuvent s’abonner pour les packs minceur, santé ou maintien. En fonction des besoins, on personnalise le menu qu’ils pourront eux-mêmes poursuivre à la maison. Ils suivent un programme bien défini et l’objectif est de baisser leur glycémie, leur tension ou leur mauvais cholestérol tout en perdant du gras et en tonifiant le corps.
Pourquoi une journée de l’alimentation saine et du bien-être ?
Cette journée vise à sensibiliser la population sur comment s’alimenter, comment vivre de façon saine, libre et épanouie afin de pouvoir vaquer à ses occupations tout en restant en bonne santé.
Quel a été le menu de la troisième édition ?
Tout d’abord, nous avons eu une activité sportive deux jours avant la Journée de l’alimentation saine et du bien-être, à la salle de sport Kosso cross fit où on a dansé de la zumba. Nous avons tenu à le faire car quand on parle de bien-être, on sait à quel point, le sport y est essentiel.
Ensuite, lors de la Journée de l’alimentation saine et du bien-être, nous avons eu quatre panels avec des spécialistes de la santé. Le coordonnateur national de la lutte contre le cancer Pr Nayi Zongo a parlé de l’alimentation et du bien-être pour prévenir et vaincre le cancer. Dr Sidpawalmdé Carine Attiou Bagré a présenté une communication sur le thème « Alimentation et sport pour prévenir et vaincre le cancer ». Faustine Prenam Girard Badjaliwa a abordé « Cancer- Accueillir, Combattre, Espérer ». Quant à Dr Jean Bosco Kaboré, il a évoqué la dépression, la gestion des émotions et la guérison des blessures émotionnelles.
En plus de cela, nous avons eu des séances de dégustation de Jus Miam Healthy (Betterave fruitée et gingembre) et de dégustation d’infusion bio verveine-hibiscus et gingembre-menthe-citronnelle. La cérémonie a été meublée de visite des stands, d’expositions-ventes et d’animation musicale.
Aussi, tout au long de cette journée, nous avons mis à la disposition des participants, deux sages-femmes pour le dépistage des cancers du sein et du col de l’utérus. C’est une journée qui a permis d’éclairer la population sur le cancer et d’apporter des pistes de solutions à ceux qui en souffrent.
Que représente cette journée pour vous ?
Cette journée a été un plus parce que nous avons choisi des entrepreneurs exposants qui ont mis en exergue, des produits sains tels que des infusions, du café fait à base de graine de baobab (sans caféine), des serviettes hygiéniques…
Nous étions satisfaits de cette journée car 20 héroïnes vivant avec le cancer ont marqué leur présence. Parmi elles, une femme venue de Ouahigouya et trois autres venues de Koudougou. Elles ont toutes été rassuré sur les plans nutritionnel, alimentaire, psychologique et médical.
Cette journée a-t-elle impacté les participantes ?
Oui. L’une d’entre elles a déclaré que sa vie a déjà changé car il lui fallait vraiment cette journée, le tremplin d’une vie épanouie. Certaines ont évoqué leurs soucis après la chimiothérapie, le régime alimentaire, le sport. Elles ont eu des conseils par rapport à cela. D’autres femmes se sont senties inclues, libres d’intervenir, de poser des questions d’éclaircissements.
Quel est le message que vous avez voulu passer à travers ce thème ?
Depuis que je participe à certaines activités dans le cadre d’Octobre Rose, je n’ai pas encore senti la participation de ces personnes concernées. Quand on dit participation, ce n’est pas seulement la mobilisation. C’est aussi le fait qu’elles se sentent impliquées, quelles sachent qu’elles peuvent faire appel à des psychologues ou des psychothérapeutes quand elles ne vont pas bien. C’est normal de les solliciter parce ça fait partie du bien-être.
Une autre dame m’a informée qu’après avoir a appris son cancer, elle a cru que sa vie allait s’arrêter le lendemain. Le thème derrière ce message, c’est que la vie continue et la vie sera encore plus belle si on a les éléments nécessaires pour un mode de vie adapté.
Notre marraine, Mme Yasmina Traoré, par ailleurs, directrice des ressources humaines de Orange Burkina est en rémission parce qu’elle avait eu l’ablation totale de seins. Elle a lancé un message d’encouragement à l’endroit de ces femmes.
« Attention à la qualité des ingrédients que nous consommons »!
Quel lien y a-t-il entre alimentation saine et cancer ?
Le lien est très direct. Mais, beaucoup de burkinabè ne le savent pas. Nous avons reçu les représentants des qualités normes du ministère de l’agriculture qui ont marqué leur accord pour nous accompagner dans la sensibilisation des producteurs parce que nous sommes ce que nous mangeons et notre santé est dans notre assiette. S’il y a des pesticides dans les céréales, les fruits, les légumes, etc ; on est prédisposé à développer le cancer de l’estomac, le cancer de la prostate, le cancer du sein. Les gens mettent des produits chimiques dans la viande pour accélérer la cuisson ou pour la rendre tendre : le paracétamol, le coca, les bouillons chimiques… Il est important de faire attention à la qualité des ingrédients que nous consommons.
Parlant toujours d’alimentation saine, avez-vous fait un autre constat ?
Oui. Je suis consultante à l’hôpital pédiatrique Charles De Gaulle au département de l’oncologie et à l’hôpital Yalgado Ouédraogo. Des enfants ont le cancer de l’œil, de l’estomac… Certains survivent, d’autres non. Certains pesticides sont liés à ce phénomène. Même le ministère de l’agriculture a confirmé la présence de pesticides destinés au maïs qu’on ne doit pas consommer. Pourtant, nous en consommons. C‘est vraiment un problème de santé publique d’où la nécessité de faire les dépistages. La journée de bien-être, c’est aussi faire son bilan de santé.
Aux termes de cette édition, votre objectif est-il atteint ?
Oui. Je suis très contente parce que nous avons eu l’accompagnement du ministère de la transition digitale (retransmission en direct de l’activité). D’autres ministères (action sociale, agriculture) nous ont accompagnés. Celui de la communication nous soutient aussi pour la couverture médiatique des éditions à venir.
Ma plus grande satisfaction est la participation des 20 héroïnes qui se sont senties à l’aise en participant à cet évènement de sensibilisation sans tabou. Une vingtaine de bénévoles en alimentation et nutrition a fait partie de la commission de cuisine pour des types de repas qu’on doit servir quand il s’agit de diététique. Non pas pour prévenir le cancer uniquement. Mais, pour espérer en guérir.
Le bilan est positif et nous avons hâte de lancer la prochaine édition. Nous allons encore renforcer notre communication, notre partenariat avec les différents ministères afin qu’ils puissent nous aider à relayer l’information pour une grande mobilisation.
« Le bien-être, c’est être en parfaite harmonie avec soi-même ».
Qu’est-ce qui différencie l’édition 2025, des deux autres?
Les deux premières éditions étaient une sorte de découverte du domaine de la sensibilisation, la mobilisation, les actions communautaires. Le fait que j’ai maintenant des compétences en santé publique m’a permis de renforcer mes capacités techniques auprès des partenaires, de solidifier davantage, l’équipe d’organisation.
Cette année, nous avons eu le soutien de Alioth mobility, du secrétaire exécutif de la fondation Orange et bien d’autres appuis.
L’année passée, nous avons eu un diabétologue. Cette fois, le cadre était encore plus favorable. Les partenaires aussi étaient présents.
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Le mot de la fin ?
Nous devons être en alerte sur ce que nous mangeons et faire du sport. Nous devons faire de notre santé mentale, une priorité. Si on ne va pas bien dans la tête, peu importe le menu que la nutritionniste ou le diététicien le plus expérimenté pourra nous servir, il y aura toujours un manque à gagner.
Le bien-être, ce n’est pas une question de blanc. Mais, le niveau de développement auquel le burkinabè est en train de faire face, demande d’avoir une alimentation saine et équilibrée et d’être en parfaite harmonie avec soi-même.
Entretien réalisé par Françoise Tougry/Queenmafa
