La 13e édition des Journées agroalimentaires (JAAL) a ouvert ses portes, le 28 novembre dernier au pavillon Soleil levant, sur le site du SIAO. Le clap de lancement a été donné par le ministre de l’Économie, des Finances et de la Prospective Aboubacar Nacanabo qui a procédé à la visite des stands. Suivant le mouvement, nous avons été séduits par M’Zindo. Vous vous demandez ce que c’est. Allons donc, à la découverte d’un produit local qui fait des merveilles !
Un stand décoré, des produits emballés et exposés sur une table, des exposants… ! Rien de spécial ! Mais, c’est surtout le nom et la présentation de l’emballage qui nous a charmées. Curieuses, nous nous sommes approchées afin d’en savoir plus sur ce produit que nous voyons pour la première fois. Sur les emballages, il est écrit M’Zindo. Étant moaga, nous avons compris que ça signifie sauce. Cependant, ce qui est surprenant, c’est que, de plus près, nous voyons que ce n’est pas une sauce liquide comme on a l’habitude de voir. Mais, plutôt une sauce à l’aspect sec! Alors, comment est-ce possible?
Selon la promotrice Kiswensida Marie-Madeleine Pouya, M’Zindo est un produit de Faso Kom Sayan, une entreprise qui évolue dans la production, la transformation et la commercialisation des produits maraîchers et piscicoles.
Effectivement, M’Zindo veut dire ma sauce, en langue nationale mooré. M’Zindo est née de la volonté d’aider les femmes dans le ménage.
« Elles prennent du temps dans la préparation et la recherche des repas pour la famille. Cela alourdit leur temps de travail journalier et constitue également une charge mentale dans la famille. C’est ce qui nous a amenés à créer M’Zindo pour soulager la femme, pour donner du temps à la femme de s’occuper d’elle-même, de mieux s’occuper de sa famille, de ses enfants et de leur éducation », clarifie Marie-Madeleine.
Un produit aux nombreux bienfaits
En dehors des valeurs nutritives que regorge M’Zindo, c’est un produit naturel issu du champ à la table. Une sauce rapide africaine développée à partir de cinq variétés (amarantes, épinards, légumes, Rialé et aubergines).
Marie-Madeleine prend alors, un échantillon et nous explique le processus de préparation : « Vous prenez une casserole, vous mettez un peu d’eau et vous attendez que ça chauffe. Ensuite, vous renversez M’Zindo. Vous avez juste besoin de 15 minutes de temps-chrono pour avoir une sauce prête ».
Ses explications accrochent et un-à-un, les passants s’arrêtent pour s’informer. Avec ses collaborateur.ices, chacun a un rôle bien précis et c’est avec soin, qu’ils s’adressent aux clients. Sans hésiter, ils en achètent des paquets sur place.
Lire aussi Journées agroalimentaires (JAAL) : Les femmes maintiennent le cap sur la promotion du consommons local
Une chaîne de production dynamique, inclusive et fiable
La production et la transformation se font principalement sur le site de Faso Kom Sayan qui se trouve dans la commune de Saaba, plus précisément dans le village de Komkaga. La production est assurée par une quarantaine de femmes en prestation journalière. Ces femmes sont composées des femmes hôtes du village et des personnes déplacées internes qui sont juste à 300 mètres du site. Ce travail leur permet d’avoir aussi des revenus quotidiens pour s’occuper de leurs familles.
Ainsi, la production de légumes, la mise en pépinière, le suivi et autre procédure jusqu’à la récolte et la transformation se font sur le site de Faso Kom Sayan.
« Nous avons aussi la production de poisson que nous transformons dans les sauces. Ce qui nous manque pour le moment, c’est la viande », lance-t-elle.
Dans le premier plateau, nous avons la sauce de feuilles d’amarante cuite à 15 mn. Elle est un peu juteuse. Dans le deuxième plateau, la sauce amarante est cuite à plus de 15mn si vous la voulez onctueuse. Dans le troisième plateau, on a la sauce légumes.
Une passion, un avenir commun
Selon Marie-Madeleine, tout a commencé par une passion de découvrir, de rechercher et de trouver comment soulager la femme, elle-même en tant que femme, comment soulager la charge mentale dans la cuisine…
C’est fort de cet objectif qu’elle s’est lancée dans ce projet sur fonds propres avec l’acquisition d’un terrain. Puis, elle débute avec de petites productions sur commandes.
« Nous avons vu que ça intéressait beaucoup de gens et c’est dans ce sens que nous avons voulu agrandir. Pour le moment, nous faisons partie de la Fédération des Industries agroalimentaires du Burkina Faso, FIAB », justifie-t-elle.
La FIAB a plusieurs, partenaires tels que le Fonds burkinabè de Développement économique et social qui accompagne les entreprises à travers des microcrédits ou des crédits pour leur permettre de se lancer et d’avancer.
L’exportation, une opportunité de commercialisation à grande échelle
Depuis que M’Zindo est lancée, ce produit fait sensations. D’une personne à une autre, d’une consommation familiale à une autre. Chaque personne qui a utilisé cette sauce passe l’information autour d’elle. Le retour est sans surprise.
« On a proposé à des amis, à des collègues qui ont expérimenté et ils ont confirmé, gagner du temps dans la recherche et la préparation des repas. Nous avons commencé à exporter aux États-Unis, aux Sénégal, etc. pour des clients et nos proches qui sont à l’étranger », développe-t-elle.
Lire aussi SAFER 2025 : Le Premier ministre appelle à valoriser le savoir-faire de nos mamans du milieu rural
Une innovation dans vos assiettes
Marie-Madeleine et son équipe ont organisé une séance de dégustation, ce dimanche 30 novembre.
A 14h, nous sommes déjà là. Un ordinateur placé à côté montre comment il faut préparer. Occasion pour l’équipe de mettre en avant leur expertise, leur savoir-faire et de faire connaître leurs produits auprès d’un public plus large.
La dégustation favorise également une meilleure compréhension du processus de production et de transformation. En outre, elle offre ainsi une expérience mémorable et renforce le lien avec la clientèle.
Dans une ambiance conviviale, les sauces amarantes, légumes et Rialé sont servies aux invités et aux passants tout en échangeant avec eux sur leurs impressions et leur ressenti par rapport aux différentes saveurs. Chaque repas est accompagné d’un bidon d’eau minérale pour étancher la soif.
Alidou Sawadogo, promoteur éducatif est invité à la dégustation, une idée qu’il trouve géniale. Il affirme que c’est la première fois qu’il voit ce genre de recettes et conservées dans de meilleures conditions. Après avoir consommé ces sauces, il confirme que ces produits sont une innovation.
« Le goût est bon et vraiment particulier. C’est une innovation. J’ai vraiment apprécié. J’ai pris tous les trois échantillons pour aller tester. Nous félicitons la promotrice et l’encourageons à aller dans le même sens en ajoutant d’autres menus. Bravo ! », précise-t-il.
Alidou Sawadogo envisage déjà comment une collaboration pourrait naître de cette initiative dans le but d’associer M’Zindo au menu de ses élèves pour qu’ils puissent en goûter.
Sarata Bostal a, elle aussi, aimé les mets et projette en acheter pour ses enfants qui sont à l’étranger.
« C’est vraiment très bon surtout Rialé et tu sens que c’est naturel. Aujourd’hui, j’ai juste pris deux paquets Rialé et les petits conditionnements de sauce feuilles. Mais, demain, je viendrais pendre encore », apprécie-t-elle.
Assiette en main et cuillère à la bouche, Alphonse Gandema déguste Rialé, un menu traditionnel, qui permet d’assaisonner les plats.
« Ça se laisse manger. C’est appétissant et nourrissant. C’est une initiative qui va contribuer à améliorer nos repas et permettre de réduire les violences conjugales car le temps que les femmes prennent pour cuisiner est souvent, source de conflits dans les foyers. Bon vent à la promotrice et qu’elle puisse aller de l’avant ! Vivement que de telles initiatives perdurent ! », souligne-t-il.
Selon Linda Pouya, M’Zindo est une innovation qui profite à tout le monde. Il y a tout ce qu’il faut dans le paquet, les légumes et la viande, etc.
« La cuisson est très rapide. En 15 mn, tu as déjà ta sauce. Pour quelqu’un qui est pressé, qui rentre à la maison tout fatigué, franchement, ça lui est très bénéfique. En plus, le goût est très bon », félicite-t-elle.
En l’espace de deux heures, le stock s’est épuisé. A 16h, moment où nous quittions les lieux, l’équipe a enregistré de nombreuses commandes.
Françoise Tougry/Queenmafa.net
