Le domaine agroalimentaire regorge beaucoup d’atouts : révélation de potentiel, opportunités d’affaires, réalisation de projets et ambitions. C’est ce qui résume le parcours de Estelle Nikièma. Auparavant cadre de banque pendant 12 ans, sa passion pour la transformation agroalimentaire a fini par prendre le dessus. Aujourd’hui, elle est la promotrice de Kimorial industrie. Du 28 novembre au 5 décembre 2025, elle participe à la 13e édition des Journées agroalimentaires (JAAL) qui se tiennent sur le site du SIAO.
Que signifie Kimorial ?
C’est une unité de transformation agroalimentaire. Nous transformons les jus locaux en jus naturels et les fruits de notre ferme. Nous transformons aussi les produits laitiers notamment le lait frais et le yaourt à base de lait frais de vache.
En plus de tout ça, nous faisons des gâteaux au four à base de farine de blé du Faso, nous faisons de la purée de piment avec les produits maraîchers de notre ferme et du miel brut.

Depuis le premier jour jusqu’à aujourd’hui, comment se passe l’exposition ?
Ça se passe très bien. Les journées agroalimentaires sont des moments de partage, de rencontres d’affaires et d’opportunités. Ça se passe vraiment très bien.
Qu’est-ce qui vous a motivée à vous lancer dans la transformation agroalimentaire ?
La transformation des produits locaux est une passion pour moi parce que depuis 2002, j’ai commencé à faire des gâteaux au four quand j’avais fini mes études.
Après cela, je me suis lancée dans le domaine professionnel. J’ai travaillé en banque pendant 12 ans. Mais, au final, ma passion m’a rattrapée. J’ai dû quitter mon emploi pour relancer mes activités de produits agro-alimentaires.
En plus des gâteaux, j’ai ajouté les jus, le piment, le yaourt, le lait.
On a commencé la transformation à la maison.
Dans votre enfance, quelque chose vous prédisposait-il à l’entrepreneuriat dans le domaine agroalimentaire ?
Je ne dirais pas que quand j’étais enfant, il y avait déjà ça. Mais, en fait, chez nous à la maison, on aimait surtout les jus naturels nous-mêmes. Soit moi ou les enfants ! Quand on avait des fruits, on faisait les jus naturels pour boire. On achetait rarement des jus dehors.
Donc, on a commencé la transformation à la maison. Les gâteaux, on les faisait nous-mêmes au lieu d’aller acheter. C’est peut-être ça qui m’a lancée, petit-à-petit dans la transformation agroalimentaire. La ferme aidant, on a des produits et pour une plus-value, il faut les transformer. Ça m’a facilité la tâche, celle de pouvoir transformer ces produits.
Notre ferme se trouve dans la commune rurale de Pabré située à une trentaine de km de Ouagadougou, dans le village de Goupana.

En dehors des Journées agroalimentaires (JAAL), avez-vous déjà participé à des foires ou des salons?
Oui. En dehors des JAAL, on a participé à des salons tels que le SARA en Côte d’Ivoire, le SIAO, les foires à Pabré… et d’autres salons.
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On sait que l’entrepreneuriat est bien. Mais, le problème d’industrialisation et de financement se pose souvent. Comment faites-vous pour vous en sortir?
Dans le domaine de la transformation agroalimentaire, quand on veut arriver à l’industrialisation, il faut vraiment un accompagnement. Sinon, ce n’est pas facile. J’ai eu la chance de conpétir lors des JAAL passées et j’ai pu bénéficier de l’accompagnement du Fonds burkinabè de Développement économique et social (FBDES). et de l’accompagnement de mon époux pour pouvoir mettre en place, une chaîne de transformation semi-industrielle pour les jus et les gâteaux.

Chaque transformateur.ice apporte une plus-value à ses produits
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En tant que participante aux JAAL, qu’est-ce qui vous a marquée ?
Ce qui m’a marquée à cette 13e édition, ce sont les emballages des produits que nous voyons.
Par rapport aux JAAL passées, on se rend compte que chaque transformateur, chaque transformatrice apporte une plus-value à ses produits.
L’emballage est très important pour leurs produits. Donc, je suis vraiment contente et agréablement surprise de voir des produits très bien emballés.
Étant des produits qui viennent du Burkina, cela veut dire que dans le futur, nous pourrons exporter nos produits à l’international et dans la sous-région sans nous soucier de la qualité de l’emballage ou même de la qualité des produits.
Vu les efforts que les gens font pour fournir de bons produits et vu aussi la motivation du Président du Faso, chacun y met du sien pour donner le meilleur de lui-même dans la consommation des produits locaux.

Quelles sont vos ambitions ?
Quand on est entrepreneur, des perspectives ne manquent pas. On a l’ambition d’aller de l’avant. On se projette dans trois ans, dans 5 ans… ne plus être au même niveau. Mais, à un niveau supérieur. Comme perspectives, on vient d’aménager à Tampouy pour l’unité industrielle.
Dans notre ferme bio de 20 hectares à Goupama, on espère pouvoir nous déployer sur ce site. Là-bas, on sera plus favorisé en termes d’espaces et on pourra ajouter d’autres chaînes de transformation.
Pour réussir dans l’entrepreneuriat, la vision compte.
Quel message avez-vous à l’endroit de toutes ces femmes et jeunes filles qui hésitent encore à se lancer dans l’entrepreneuriat?
Ce que je peux leur dire, il faut qu’elles aient d’abord, une vision. Il faut qu’elles sachent vraiment ce qu’elles veulent faire parce que pour réussir dans l’entrepreneuriat, la vision compte.
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Il y a la passion et la persévérance qui vont avec. En fait , il y a beaucoup de défis. Mais, la passion et persévérance nous permettent de tenir et d’espérer grandir. Il faut aussi qu’elles sachent qu’on n’a pas besoin de commencer grand pour être grand demain. Elles n’ont qu’à commencer avec de petits équipements à la maison. Pour mon cas, fallait que je montre que ce que je sais faire avant que je ne puisse être accompagnée.
Ce qu’elles ont comme projet, qu’elles le fassent bien, qu’elles aient confiance en elles et le reste viendra.
Entretien réalisé par Françoise Tougry







