Au cours d’un déjeuner de presse organisé par Marie Stopes International, Nadine Patricia Ouédraogo, une personne handicapée vivant à Ouagadougou a livré un témoignage sur sa situation difficile. D’une enfance pas toujours rose, elle raconte le traitement qui lui était réservée de la part de sa famille. Elle est présentement la secrétaire chargée de l’organisation et d’information de l’Union nationale des Associations de Femmes et Filles handicapées du Burkina (UNAFEHB).
Nadine Patricia Ouédraogo, est victime de handicap depuis l’âge de trois ans suite à la poliomyélite. Après avoir obtenu son diplôme de CEP, Patricia Ouédraogo n’a presque pas été soutenue par sa mère qui était un peu sceptique quant à un meilleur avenir de sa fille. Tous les autres enfants ont été scolarisés et ont pu poursuivre l’école sauf elle, à cause de son handicap en plus d’être une fille.

Laissée deux ans à la maison après le CEP, elle décide de fréquenter des sœurs d’une église située au quartier Gounghin, Ouagadougou. « Là-bas, j’ai un peu appris à faire de la couture », a-t-elle expliqué.
Mais, plus le temps passe, plus sa situation ne s’améliore point et le handicap est toujours là.
« Mais présentement, ma mère regrette amèrement parce qu’elle voit les autres jeunes filles devenues des personnalités qui passent à la télé. Une fois, j’ai eu à lui dire : je ne suis pas allée à l’école. Voilà que d’autres sont à l’assemblée, des magistrats, des docteures… Et là, elle me répond : Si je savais « , souligne-t-elle.
Malgré cette dure réalité, Patricia Ouédraogo rend grâce à Dieu car elle se débrouille avec le niveau de CEP et mène de petites activités génératrices de revenus.
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Aujourd’hui, présidente d’une association de femmes handicapées, elle est consciente des nombreux défis à relever. Quand on parle de barrières dans la vie courante des personnes vivant avec un handicap, elle ne tarde pas à les évoquer.
« Je crois qu’il y a des barrières physiques, sensationnelles et l’inaccessibilité aux centres de santé… Manque de langage de signe et d’interprètes pour les femmes sourdes. Manque soutien pour nos sœurs handicapées intellectuelles », a-t-elle précisé.
Afin de changer les regards, Patricia Ouédraogo lance des recommandations contre les stéréotypes, qu’il faut prendre comme des alternatives.
« Nous suggérons qu’on forme les agents de santé sur les droits des femmes handicapés en matière de santé sexuelle et reproductive, parce que nous sommes des femmes comme les autres femmes aussi. Former le personnel en langue des signes avec une communication adaptée, langage facile. C’est là où on parle de boite à images« , a-t-elle recommandé. Même nos sœurs mal-entendants, renchérit-elle, peuvent en avoir besoin.
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Elle préconise également, d’insérer des modules de formation dans les écoles de santé surtout la santé reproductive des personnes handicapées.
Elle a profité de notre micro pour vous souhaiter joyeux Noël : « Que cette fête soit synonyme de bonheur, d’amour et de moments inoubliables avec nos proches ! Que l’esprit de Noël remplisse nos cœurs d’amour et de joie ! ».
Françoise Tougry
Abdoulaye Ouédraogo
Queenmafa.net







