La 7ème rentrée littéraire du Burkina Faso s’effectue cette année sous le signe de la lutte contre le radicalisme et l’extrémisme violent. Ouverte officiellement ce vendredi 9 novembre 2018 à Ouagadougou sur initiative de la Société des auteurs des gens de l’écrit et des savoirs (SAGES), ces hommes de lettres réfléchissent sur leur rôle dans la lutte contre le terrorisme. Cette rentrée littéraire a été l’occasion de rendre un hommage mérité à Aristide Tarnagda, Grand Prix littéraire d’Afrique Noire 2017.
A travers cette 7ème rentrée littéraire placée sur le thème « contribution de l’écrivain et de l’intellectuel à la lutte contre le radicalisme et l’extrémiste violent », les écrivains veulent apporter leur contribution dans la lutte contre ce fléau qui endeuille le Burkina Faso.
Pour le Président de la SAGES, Koba Boubacar Dao, réunir les acteurs de l’écriture autour de la question du terrorisme est une œuvre utile car « l’extrémisme violent n’est d’aucune religion, une intolérance, une intimidation et est indigne de toute ethnie. On ne peut pas écrire aujourd’hui sans tenir compte du contexte de notre environnement. Les écrivains que nous sommes avons toujours une contribution à apporter à notre société ».
Appréciant cette initiative à plus d’un titre qui réunit l’ensemble des acteurs de la chaîne du livre pour célébrer l’écriture, le représentant du ministre de la culture, Dramane Konaté a souligné que la lutte contre l’extrémisme violent passe forcément par la promotion des valeurs culturelles en tant que vertu cardinale de cohésion sociale, dont le livre est le symbole par excellence.
Pour sa part, le parrain, le ministre en charge de la Sécurité, Clément Sawadogo a félicité la SAGES pour le choix de ce sujet qui est plus que d’actualité. « C’est un grand plaisir pour moi de voir que les hommes de lettres, les écrivains de notre pays s’intéressent beaucoup à cette question préoccupante. Une société ne peut être démocratique si les idées sont extrémistes. La liberté étant de promouvoir la pensée libre de chacun et non la pensée unique », a-t-il déclaré.
Et à l’homme de lettre, Abel Nadié d’ajouter que « Lorsqu’on dit que la guerre naît des hommes, il faut que la paix aussi naisse de leur tête. Nous devons faire en sorte que l’écrit soit à la disposition de celui qui va le lire, et lorsque vous lisez le même livre ou des livres différents, vous faîtes le croisement et cela vous permet de comprendre que l’extrémisme n’a pas forcement raison».
En inscrivant la rentrée littéraire comme une activité majeure dans l’agenda du Burkina Faso et ce depuis 2012, les initiateurs souhaitent forger le contre-récit, apaiser la souffrance des populations, donner une place à la plume face à la barbarie terroriste ou au stylo face à la kalachnikov.
Un hommage mérité à Aristide Tarnagda
Cette rentrée littéraire a été aussi marquée par un hommage à l’endroit du dramaturge Aristide Tarnagda, Grand Prix littéraire d’Afrique Noire 2017 avec son œuvre Terre Rouge – Façon d’aimer.
Un moment plein d’émotion pour cet homme capturé par sa passion pour le théâtre, qui de prime abord a tenu à remercier tous ceux qui ont contribué à l’obtention de cette distinction.
« Je suis fier de cette reconnaissance de mon pays et des gens de la littérature. L’écrivain peut contribuer dans la lutte contre le terrorisme en interpellant de façon individuelle mais aussi de façon collective », a dit Aristide Tarnagda.
Et de poursuivre que l’homme de lettre peut et doit interpeller les politiques parce que le terrorisme ne doit pas être perçu simplement comme si « nous » étions totalement innocents de ce qui se passe.
Auteur d’une dizaine d’œuvres, le dramaturge Tarnagda dépeint les réalités du Burkina Faso, qui sont d’ailleurs transfrontalières. Directeur artistique des Recréatrâles depuis 2016, Aristide Tarnagda fait honneur à la littérature burkinabè avec ce Grand prix littéraire d’Afrique noire 2017 de l’Association des écrivains de langue française.
Assétou Maïga