Cette année le 8 mars a été célébré autrement au Burkina Faso. En lieu et place de la parade, les femmes ont eu droit à un dialogue direct avec le président du Faso. Ce grand rendez-vous entre le Président Roch Marc Christian Kaboré et les femmes du Faso a abouti à des conclusions satisfaisantes et des engagements prometteurs en vue d’un réel épanouissement des femmes dans tous les secteurs.
Le face à face entre le Président Kaboré et les femmes du Burkina, ce 8 mars 2018 s’est reposé sur un dialogue franc et direct. Initiée dans l’objectif de permettre aux femmes de décliner leurs préoccupations majeures au Président du Faso, cette rencontre au sortir des échanges, a donné lieu de se réjouir et de lendemains meilleurs se tissent à l’horizon, selon la coordonnatrice régionale des femmes du Sud-Ouest, Solange Somé.
Par la voix de leurs représentantes, les femmes des différentes régions du Burkina se sont exprimées sur leurs besoins primaires, sous une oreille attentive de Roch Marc Christian Kaboré.
Il est ressorti comme priorités en matière d’autonomisation économique, l’attribution de parcelles aux femmes à Samandeni ; la réhabilitation des maisons de la femme et la construction de nouvelles maisons dans les communes rurales ; la mise à la disposition des femmes de nouvelles technologies appropriées dans le domaine de la transformation des produits locaux, de l’élevage, de l’agriculture, du tissage ; la décentralisation des lieux de réception des dossiers du programme d’autonomisation économique des jeunes et des femmes et la révision à la hausse de l’enveloppe allouée à ce programme en augmentant le nombre de bénéficiaires ; le bitumage de la route Dédougou –Solenso et de la nationale 17 ; le désenclavement des zones rurales par la construction de pistes rurales.
En outre, elles ont demandé la création des unités de transformation des produits maraîchers à base d’énergie solaire ; l’implantation de forages dans les villages reculés ; la vulgarisation de l’énergie solaire et des technologies de valorisation ; la prise de mesures de protection des produits locaux face à l’invasion des marchés étrangers, des micro-crédits adaptés aux femmes.
Quant aux priorités dans le domaine social et de l’éducation, les femmes ont mentionné un renforcement de la communication auprès des femmes, des hommes, des partis politiques, des leaders d’opinion, les autorités coutumières et religieuses sur les opportunités disponibles pour les femmes et concernant les pratiques néfastes dont sont victimes les femmes, l’allocation de moyens matériels, financiers et techniques au profit des acteurs associatifs et des services déconcentrés de l’État, en vue de lutter contre l’exclusion sociale des femmes, la mise au sein des maisons de la femme des vivres à un prix social destinés exclusivement aux femmes.
Par ailleurs, elle ont plaidé pour le renforcement de la qualité de l’éducation de base dans les familles et l’intégration de l’éducation civique dans les établissements d’enseignement ; le renforcement des structures d’encadrement de la petite enfance au sein des services et établissements pour permettre aux femmes de travailler de façon sereine ; la dynamisation de l’alphabétisation au profit des femmes avec des mesures d’accompagnement nécessaires ; la formation des jeunes filles non scolarisées dans les métiers professionnels et la mise en place d’un dispositif pour l’inscription et le maintien des filles à l’école.
Sur le plan politique, l’autre moitié du ciel a sollicité le soutien financier des candidatures féminines aux élections et a revendiqué l’application effective de la loi sur le quota genre.
Dans le domaine sanitaire, les femmes ont plaidé pour le renforcement des équipements des centres médicales avec antennes chirurgicale (CMA) ; le renforcement des équipements en imagerie médicale, la poursuite de la gratuité des soins au profit des femmes enceintes et des enfants de moins de 5 ans avec l’organisation chaque année de visites médicales au profit des femmes et des dispositifs de prise en charge pour le cancer et les fistules obstétricales.
En sus, les femmes ont demandé la séparation du ministère de la femme et du genre et de celui de l’action sociale et de la solidarité nationale et l’augmentation du budget alloué au ministère en charge de la femme pour permettre une meilleure prise en compte de la question de la femme.
Après le tour des régions, les femmes entrepreneures et opératrices économiques élues à la chambre consulaire du Burkina Faso ont porté aussi leurs doléances à l’endroit du Chef de l’État. Il s’agit de réviser les textes conçus pour faciliter l’entreprenariat féminin ; de faciliter l’accès aux crédits pour les opératrices et l’investissement du gouvernement dans l’accompagnement des structures d’entreprenariat féminin.
‘’ Il faut que nous les hommes et tout le peuple reconnaissions vos actions’’
En prenant la parole, le Président du Faso a salué d’entrée l’engagement des femmes du Burkina. C’est le lieu pour lui de reconnaître l’action des femmes pour la paix et le développement dans un contexte surtout difficile, que traverse le Burkina. En reconnaissant que l’éducation de la femme est la base de toute chose, il est d’avis que la promotion des droits de la femme est nécessaire dans tous les domaines de la vie et des textes sont en relecture en la matière.
Le FAARF sera rattaché au ministère en charge de la femme
Dans le souci de renforcer l’autonomisation économique des femmes, le Président Kaboré a noté la nécessité de restructurer le Fonds d’appui aux activités rémunératrices des femmes (FAARF) et de le rattaché au ministère de la femme au plan technique. Quant aux technologies, il est nécessaire selon le Président de faire un état des lieux et d’octroyer aux femmes des technologies qui leur seront utiles. La possibilité de doter les femmes d’énergie solaire est aussi envisageable.
La mise en place de marchés dans les communes au profit des femmes est également prévue.
25 à 30% des terres seront octroyés aux femmes et il sera de même pour Samandeni, a précisé Roch Marc Kaboré.
Quant aux maisons de la femme, étant une préoccupation commune des régions, il a pris l’engagement de soutenir la construction des maisons de la femme et pour couronner le tout, le président du Faso a promis une augmentation du budget du ministère de la femme.
L’application de la loi sur le quota genre
Roch Marc Kaboré a reconnu à sa juste valeur la recommandation sur l’application effective de la loi sur le quota et a promis d’en tenir compte. Le quota de 30% n’est point respecté et la loi mérite d’être révisée dans le fond, pour qu’au prochain remaniement, il y ait au moins 30% de femmes dans le gouvernement, à laissé entendre le Président.
Par rapport à la question sanitaire, il prévoit le relèvement des plateaux techniques et prend l’engagement que toutes les communes seront dotées d’une ambulance.
Le Président Kaboré a fait savoir qu’il y a une nécessité de mutualiser les efforts et une synergie entre le ministère en charge de la femme, de la santé, de l’économie, de l’éducation, parce que la question de la femme est transversale. Il a promis des séances de rencontres régulières avec les femmes pour le faire le point de tous les engagements pris.
Cette célébration du 8 mars a été marquée par l’investiture des parrains régionaux, la décoration d’acteurs qui se sont illustrés pour la cause de la femme. Il faut noter que la première dame Sika Kaboré a été portée au rang d’Officier de l’Ordre National.
Assétou Maiga