Certains hommes se plaignent du fait que leurs femmes se laissent aller, ne s’habillent plus bien, ne se maquillent plus, ne soignent pas leur apparence physique, soit elles ont des kilos de trop… Parfois-même, elles changent carrément de style vestimentaire. Du fait, que ces femmes ne prennent pas soin d’elles, ils choisissent de ne plus s’afficher avec leurs conjointes ou épouses en public considérant qu’elles ne sont pas présentables. Au pire des cas, ils pourraient envisager le divorce. Prendre soin de soi, regards croisés dans le miroir des femmes !
Dès le réveil, son premier réflexe, c’est animer la page Facebook de son entreprise, suivi de la prière quotidienne. Ensuite, elle apprête les enfants, les dépose à l’école et les ramène au cours de la journée. Puis, elle passe à la publication des menus du jour pour d’éventuelles commandes. Après cette étape vient la phase cuisine des mets du restaurant suivie de la gestion des livraisons. On n’oublie pas le groupe de tontine qu’elle gère. C’est à peine si elle mange. Jusqu’à 20h, elle est au four et au moulin. A partir de 20h30, ses collaborateurs rentrent chez eux. Place à présent à la supervision des devoirs avec les enfants, etc. Tel est le quotidien de Nadège Kaboré, chef d’entreprise, communicatrice, maman tontine, mère et femme au foyer. Ainsi, sous ces différentes casquettes, Nadège Kaboré avoue, trouver malqré tout, du temps pour elle, même si elle ne se maquille pas régulièrement. Des journées marathons comme celles-là, c’est la réalité que vivent de nombreuses femmes à l’image de Nadège Kaboré.
Alors dans ce contexte, quel sens peut revêtir l’expression « prendre soin de soi » chez une femme ?
Selon Yvonne Ouattara, psychothérapeute, prendre soin de soi consiste à assurer un bon équilibre mental, physique et émotionnel, sachant que chacun de ces aspects est important. Ce qui demande d’être attentif aux différents besoins fondamentaux qui sont ceux de tous les êtres humains. C’est-à-dire les besoins physiologiques, de sécurité, d’appartenance, d’estime et de transcendance.
A l’écouter, en fonction des attentes de la société dans laquelle elles vivent, les femmes mettent l’accent sur un des besoins fondamentaux au détriment des autres.
Quand on parle de prendre soin de soi, on a tendance à penser à l’apparence, aux vêtements, à la coiffure, etc. Mais, cela ne suffit pas car il est important d’avoir une bonne santé et les soins que l’on peut porter à l’apparence en fonction des pressions peuvent nuire à notre santé (peaux décolorées, chaussures inadaptées, etc.).« Bien entendu, tenir compte de son apparence contribue à renforcer la confiance en soi et améliore le regard que les autres posent sur nous. L’Autre se fait une opinion sur nous, en fonction de ce que nous donnons à voir », clarifie Yvonne Ouattara.
La sociologue Roukétou Kaboré Ouédraogo épouse parfaitement l’avis de la psychothérapeute. Elle indique que prendre soin de soi est synonyme d’avoir un bon état d’esprit alliant la famille, le travail et la société elle-même. C’est-à-dire se distraire, être positive face à une situation difficile, s’aimer soi-même, bien s’habiller, se faire plaisir à travers sorties et promenades.
« Il est important de pouvoir maintenir ce bon état d’esprit. Cette attitude permet d’avoir la confiance en soi, de se valoriser, d’être épanouie, d’avoir le courage d’affronter la réalité, de reconnaître ses faiblesses et de travailler à les minimiser », souligne l’assistante de projet à la fondation « Be Neere for a cause » qui œuvre pour le bien-être des femmes et des enfants.
Roukétou Kaboré Ouédraogo pense qu’il est nécessaire pour les femmes de travailler. Mais, elles doivent surtout prendre soin d’elles pour éviter le stress qui empoisonne les relations avec la famille (avec le conjoint, les enfants) et les relations au travail.
Le reflet d’un mal-être intérieur
« Prendre soin de soi en tant que femme, c’est avant tout, veiller à son bien-être physique et mental et travailler à le préserver », voici la définition de Bibata Nébié Ouédraogo, magistrat.
Une femme « bien dans sa peau », extériorise ce bien-être soit par la bonne humeur, l’énergie positive qu’elle dégage ou l’enthousiasme qu’elle a, à égayer sa vie et celle des autres.
Sans efforts particuliers et sans artifices, une telle femme prend plaisir à soigner son apparence. Elle vit pleinement et ses faits et gestes, traduisent ce bien-être, sans effort particulier. La belle apparence d’une femme est le reflet de son bien-être intérieur.
L’analyse de Bibata Nébié démontre que, lorsqu’une femme manifeste un certain désamour pour son apparence, cela peut être un indicateur ou encore le reflet d’un mal-être intérieur dont elle n’a souvent pas conscience. De même, les kilos de trop sont généralement nuisibles à la santé physique et met souvent à mal, l’estime de soi.
« Dit gentiment, le fait d’attirer l’attention de son épouse sur le fait qu’elle a tendance à se négliger, est une interpellation qui peut contribuer à la prise de conscience que la situation actuelle mérite une réaction de sa part », fait-elle remarquer.
Elle détaille en affirmant que la réaction de la femme ne doit cependant pas, se focaliser sur le besoin de plaire. Autrement, cette réaction sera artificielle et ne durera pas.
La réaction d’une femme qui a pris conscience de son mal-être ou de ce que les kilos en plus peuvent nuire à sa santé physique doit être guidée par le besoin de retrouver l’harmonie intérieure et extérieure.
Une harmonie mise souvent, à rude épreuve pour plusieurs raisons. « Quand les femmes se laissent aller, je pense que c’est lorsqu’un homme manifeste un désintérêt envers elle. Il y a également le désespoir. Souvent aussi, les enfants prennent beaucoup leur temps et elles n’arrivent pas à se faire belle et prendre soin d’elles », déplore Thierry Sawadogo, Journaliste Reporter d’Images (JRI) à Burkina Info.
Les femmes dans cette situation, estime le magistrat Bibata Nébié, gagneront à faire une évaluation de leur vie pour détecter toutes les sources de stress et d’épuisement et les éliminer. Si elles n’y arrivent pas seules, il est toujours utile de demander de l’aide. Dès que l’envie de vivre ou l’enthousiasme est retrouvé, ajoute-elle, le reste va de soi et l’apparence sera le reflet du bonheur intérieur.
Thierry Sawadogo insiste sur le caractère inéluctable de ce bien-être intérieur. Il mentionne qu’il est important pour une femme de prendre soin d’elle car il y va de sa santé, de sa capacité à toujours faire effet sur son homme et à être appréciée par d’autres personnes. « Ça me fait beaucoup plaisir. Mais, je suis un peu jaloux car je sais qu’avec cela, elle fera l’objet de beaucoup de regards. Et tout compte fait, j’adore la voir coquette », confie-t-il.
Une probable raison de divorce
Selon les dires du magistrat Bibata Nébié, pour obtenir un divorce, il faut que la raison invoquée soit constitutive d’une violation des obligations que le mariage met à la charge des époux, qui revêt une certaine gravité.
La loi parle généralement d’adultère, d’excès, de sévices ou injures graves. Il est vrai que le concept d’«excès » est un fourre-tout. Mais, pour le cas particulier où l’aspect négligé d’une épouse révèle un besoin d’aide, il est plus pertinent de lui apporter cette aide que d’en ajouter à sa situation difficile avec une action en divorce. « Dans tous les cas, aux yeux de la loi, les époux se doivent mutuellement secours et assistance ! Donc, si un homme constate que sa jolie femme, si coquette et pleine de vie, a tendance à devenir l’ombre d’elle-même, il faut se poser des questions sur comment l’aider ou comment la soulager », recommande-t-elle.
Lire aussi ; Vie de couple : Comment rester toujours coquette pour son homme ?
La psychothérapeute Yvonne Ouattara, elle, d’ores et déjà, suggère aux femmes de savoir déléguer, de ne pas se mettre tout sur le dos comme des « wonder woman », qui ont des triples journées (travail, maison, social). « Il est nécessaire aussi de se réserver des moments de détente pour soi toute seule, pour se ressourcer et se reposer. Il faut aussi apprendre à dire non et considérer le temps passé à s’occuper de soi et à se reposer comme important et même sacré », insiste-t-elle.
Françoise Tougry
