La problématique de la qualité éditoriale des œuvres littéraires est mise à nu, sur le réseau social Facebook, « Chers éditeurs, il est crucial de perfectionner les compétences de vos comités de relecture et correction, si toutefois vous en disposez ». Cette phrase percutante de LaDika, le média du livre a agi comme un électrochoc, révélant un malaise profond dans la chaîne de production éditoriale. Lisez dans les lignes qui suivent les réactions des internautes.
Publiée sur Facebook, la phrase a réveillé une indignation silencieuse, mais largement partagée. Celle d’un lectorat excédé par la prolifération des fautes et maladresses dans les ouvrages récemment publiés. Très vite, les réactions d’internautes ont afflué, mettant à nu une réalité préoccupante dans le monde de l’édition.
Parmi les réactions, celle de Kadidia Nebié, lectrice avisée et organisatrice d’évènements littéraires, résume une frustration profondément ressentie.
« En ce moment, on rencontre plusieurs ouvrages récemment parus, truffés de fautes, avec des phrases décousues. C’est pénible la lecture. On croirait que les éditeurs ont juste publié le draft 1 que l’auteur leur a apporté, sans y poser un second regard », a commenté la promotrice de LaDika.
Et à Nabi Issa Souleymane Sawadogo de renchérir, « Souvent, tu te demandes si ton œuvre a vraiment, été éditée ».
Des remarques qui illustrent le désenchantement de nombreux lecteurs face à des productions littéraires où la rigueur linguistique semble reléguée au second plan.
Un métier très exigeant. Mais, souvent négligé.
Du côté des professionnels, la réalité est complexe. Boubacar Dao, lecteur-correcteur, livre une analyse lucide et sans concession.
« Honnêtement, je suis moi-même lecteur-correcteur. J’avoue que le métier n’est pas simple. […] Nous nous affublons souvent de ce titre sans avoir la pleine mesure du travail qui est attendu de nous », a-t-il écrit.
Pour lui, le problème réside à plusieurs niveaux notamment le manque de formation continue et de mécanismes d’auto-évaluation, l’absence ou l’incompétence de véritables comités de lecture. Il a également mentionné les conditions de travail précaires tels que les délais serrés, les paiements faibles voire inexistants et les éditeurs qui facturent mal ou pas la prestation de correction.
« La lecture-correction reste un métier difficile », a-t-il conclu, tout en appelant à une professionnalisation accrue du secteur.
Ce débat met en lumière la chaîne de responsabilités dans la production éditoriale. Il ne s’agit pas seulement de pointer les éditeurs du doigt. Mais, aussi de repenser les standards, la formation, et la reconnaissance des métiers invisibles qui garantissent la qualité d’un livre : correcteurs, réviseurs, relecteurs.
Fabrice Sandwidi