Célébrée chaque 11 octobre depuis 2012, la Journée internationale des droits de la fille met en lumière les défis persistants auxquels font face les jeunes filles à travers le monde. À l’occasion de cette journée, plusieurs Burkinabè, juristes, étudiants, et des personnes issues d’autres professions ont partagé leurs perceptions sur la place des filles dans la société et les moyens de renforcer leurs droits.
Pour Ignace de Loyola Sawadogo, juriste et consultant, cette journée « met en lumière les inégalités spécifiques que les filles subissent dans le monde entier, et encourage les actions concrètes en faveur de leur protection, de leur éducation et de leur autonomisation ».
Même son de cloche chez Sabrina Léti Ouédraogo, étudiante en sociologie. Elle estime que cette date rappelle au monde entier que les filles méritent autant de respect, d’attention et de chance que les garçons.
Si tous reconnaissent les avancées réalisées, aucun des participants n’affirme que l’égalité des chances est pleinement atteinte.
« Honnêtement, les filles n’ont pas encore les mêmes opportunités que les garçons dans notre société, même si des progrès notables ont été réalisés », note Ignace Sawadogo.
Pour Natacha Sabdano, étudiante en droit public, les filles ne bénéficient pas encore des mêmes opportunités, surtout dans certains milieux culturels.
La docteure en formation Rose Armelle Yaméogo, quant à elle, nuance. « À Ouagadougou, les filles et les garçons peuvent avoir les mêmes chances. Mais, à quelques centaines de kilomètres de la capitale, la réalité est toute autre », souligne-t-elle.
Face à cette réalité, les obstacles évoqués sont multiples. Mariages précoces, discriminations, pressions sociales, et stéréotypes persistants.
Pour Farida Ouédraogo, les filles n’ont pas encore les mêmes opportunités, et il faut d’abord mettre en pratique les lois déjà existantes.
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L’éducation, la santé et la sécurité, des droits prioritaires
La quasi-totalité des personnes interrogées identifient le droit à l’éducation comme le pilier fondamental pour l’épanouissement des filles.
« Sans une éducation de qualité, il serait illusoire de penser à l’épanouissement des filles », affirme Ignace Sawadogo.
Sabrina Ouédraogo renchérit, « Une fille instruite peut mieux se défendre, faire ses choix et contribuer activement à sa communauté et à son pays ».
Pour le médecin Rose Armelle Yaméogo, la priorité reste cependant, le droit à la santé.
« Certaines femmes n’ont pas la possibilité d’aller à l’hôpital, même lorsque les soins sont gratuits » déplore t-elle. Et d’ajouter, « La santé, c’est la vie ».
De son côté, Ophélie Konsimbo, juriste, insiste sur la sécurité comme condition préalable à toute liberté.
« Pour pouvoir exercer sa liberté, il faut d’abord être en sécurité » souligne-t-elle.
Des modèles féminins inspirants
Les figures d’inspiration citées reflètent la diversité des parcours féminins. Des modèles internationaux comme Malala Yousafzai, symbole mondial du droit à l’éducation des filles, à des modèles plus proches comme les mères et tantes de certaines participantes, ou encore Angélique Sawadogo, citée par Ignace, pour sa détermination et son sens du devoir.
Natacha Sabdano, elle, mentionne El Hadja Aminata Traoré, ancienne ministre malienne, pour son éloquence et son courage à défendre la dignité africaine.
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Changer les mentalités et agir collectivement
Tous s’accordent sur un point. Le changement doit être collectif.
Parmi les pistes évoquées figurent la sensibilisation des familles et des communautés, le renforcement des lois protectrices, et la valorisation des modèles féminins burkinabè.
« Il faut dialoguer, expliquer, et impliquer tout le monde, y compris les hommes », souligne Dr Yaméogo.
Ignace Sawadogo ajoute que créer des modèles positifs et renforcer la protection juridique des filles sont essentiels.
Malgré les défis, les messages adressés aux filles du monde entier se veulent porteurs d’espoir et de confiance.
« Croyez en votre valeur, en vos rêves et en votre voix !», encourage Ignace Sawadogo.
Sabrina Ouédraogo appelle à la détermination.
« Ne laissez personne vous faire sentir inférieure ! Vous avez de la valeur, du talent et vous pouvez accomplir de grandes choses », lance-t-elle.
Quant à Ophélie Konsimbo, elle conclut d’une phrase pleine de sérénité, « Osez ! Ayez peur ! Foncez quand même !», exhorte-t-elle.
À travers ces témoignages, une conviction se dégage. Le Burkina Faso a fait des pas importants pour la promotion des droits des filles. Mais, il y a encore du chemin à faire.
L’éducation, la santé, la sécurité et la sensibilisation demeurent les clés d’une égalité réelle et durable.
En ce 11 octobre, les voix recueillies rappellent que la lutte pour les droits des filles n’est pas une célébration ponctuelle. Mais, un engagement quotidien pour un futur plus juste et équitable.
Fabrice Sandwidi/Queenmafa.net