Lors de la conférence inaugurale marquant les 10 ans des Sotigui, consacrée au thème sensible du harcèlement sexuel dans le cinéma et animée par la réalisatrice Apolline Traoré, l’acteur et comédien Abdoulaye Komboudri, connu sous le nom de Fils de l’Homme dans la série Vis-à-vis, a livré un témoignage fort et rare sur les dérives qu’il a personnellement vécues dans sa carrière.
D’entrée de jeu, l’acteur a rappelé que le cinéma est « un métier noble ». Mais, il exige vigilance et lucidité surtout, pour ceux et celles qui souhaitent s’y lancer. Selon lui, beaucoup rejoignent ce milieu parce qu’ils veulent être vus sur les écrans, alors que la profession requiert discipline, éthique et respect.
Une expérience vécue lors d’un tournage en Côte d’Ivoire
Il a fait la rencontre d’une actrice, déjà admiratrice de son travail à l’écran avec qui, il a dû partager plusieurs scènes importantes. Très vite, a-t-il expliqué, la jeune comédienne s’est rapprochée de lui. D’abord, sous prétexte de demander des conseils professionnels.
Ce rapprochement, d’abord léger, s’est ensuite intensifié. « Au début, c’était pendant les pauses de la journée. Après, c’était les soirs. Après le dîner, on était toujours ensemble », a-t-il témoigné.
L’acteur a affirmé qu’il ne voyait aucun inconvénient à cela, privilégiant le travail et la complicité professionnelle, nécessaires au jeu d’acteur. Mais, la situation a fini par évoluer vers une proximité qu’il ne souhaitait pas encourager. L’actrice lui a même demandé, de l’inviter au Burkina Faso.
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Un basculement aux conséquences professionnelles
Par la suite, la situation s’est détériorée lorsque l’actrice a formulé une déclaration plus ouverte lors d’une sortie entre collègues. Apolline Traoré, qui animait la rencontre a répondu à Fils de l’homme en ces mots : « Jusque-là, il n’y a pas de problème. C’est de la drague ». Apolline a voulu faire comprendre qu’à première vue, on ne peut pas déjà penser à un harcèlement étant donné que d’autres le verront comme un acte ordinaire. En effet, selon la réalisatrice, tomber amoureux lors d’un tournage sont des choses qui peuvent arriver.
Cependant, les acteurs ne doivent pas laisser leurs sentiments prendre le dessus sur le professionnalisme de peur que cela n’affecte le bon déroulement du tournage. Après la fin dudit tournage, ils sont libres de vivre leur histoire d’amour.

Mais, pour Abdoulaye Komboudri, il y avait bel et bien un problème car ce qui apparaissait au début comme une complicité professionnelle a pris une autre tournure. Il a dit à l’actrice : « Je comprends ta démarche. Mais, je ne pourrai pas ».
Ce refus a entraîné alors, une tension immédiate sur le plateau. L’harmonie professionnelle a disparu puisqu’ils ne partageaient plus la même table, ce n’était plus la même ambiance. « On ne mangeait plus ensemble. On me voyait maintenant causer avec une autre actrice alors que c’est avec l’autre qu’on me voyait auparavant. Quand ça devient comme ça, c’est compliqué », a-t-il raconté.
Selon lui, cette situation a directement affecté le jeu de sa partenaire, et par ricochet sa propre performance. « Ça flanche un peu, le jeu. À un moment donné, c’est ta carrière qui est en jeu », a soutenu l’acteur.
Un appel à protéger les acteur.ices
À travers son témoignage, Abdoulaye Komboudri met en lumière une réalité encore peu évoquée. Les situations de harcèlement ou de pression émotionnelle peuvent également toucher les hommes dans le milieu artistique.
Il appelle à une prise de conscience générale et à la mise en place, de cadres de travail plus sains pour préserver l’intégrité, la performance et la carrière des artistes.
Fabrice Sandwidi/Queenmafa.net








