Dans le cadre d’un panel organisé par l’association Femmes TIC Burkina, le mercredi 19 novembre 2025 à Ouagadougou, l’informaticien et chargé d’études à la Commission de l’Informatique et de Liberté (CIL), El Hadj Ya Acoub Kassamba Diaby, a donné une communication sur le thème “ Les enjeux liés à la collecte massive des données à caractère personnel “. Au cours du panel, les participants ont posé des questions sur la collecte et la vente des données. il a apporté des réponses à ces préoccupations.
Quelles sont les différents types de collectes de données qui existent ?
Il y a trois types de collecte de données. Il s’agit des collectes volontaires, indirectes et croisements. Il faut dire que par seconde dans le monde, nous publions 29 000 gigaoctets de données. Oui, 29 000 gigaoctets de données par seconde dans le monde. Vous imaginez donc la masse de données que nous diffusons quand même. Cela signifie que sans données, il n’y a pas d’Intelligence Artificielle (IA).
« La plateforme a eu le temps d’enregistrer mon style ».
Pourquoi collecter les données ?
Sans données, pas d’IA et les machines ne peuvent pas également apprendre. Vous avez les E-learning, l’automatisation des machines. Il faut que les machines aient assez de données, pour pouvoir les comparer et fonctionner. C’est aussi simple que ça. Donc, sans données, pas d’apprentissage algorithmique ! C’est la première raison. L’autre raison est la reconnaissance des utilisateurs. Chaque plateforme et chaque Intelligence Artificielle travaille à reconnaître son utilisateur.
Par exemple : Je suis Mr Kassamba, je suis de telle administration et j’ai l’habitude de poser des questions en lien avec, par exemple, les questions de protection de données à caractère personnel, et lorsque je viens sur la plate-forme, ladite plateforme dit déjà “Il est là “ parce que la plateforme a eu le temps d’enregistrer mes habitudes.
La plateforme a également eu le temps d’enregistrer mon style. Du coup, la plateforme dit, il est là et il va certainement me poser des questions en lien avec la protection des données à caractère personnel.
Vous avez aussi, la personnalisation du service. La plateforme peut anticiper pour nous. Je pose une question, par exemple, sur la plateforme et elle me répond. Puis, la plateforme me demande encore si je veux une réponse détaillée ou une réponse sous forme de présentation. Si vous avez l’habitude de demander en détail, vous aurez naturellement les détails qui viendront en première position.
Il y a aussi l’amélioration des services. Quand vous mettez des données, l’Intelligence Artificielle s’améliore. Par exemple, si un professeur de Mathématiques finit de composer son sujet et demande que l’intelligence Artificielle améliore le sujet, et que cette plateforme n’est pas sécurisée, le sujet de ce professeur pourra être une proposition pour quelqu’un d’autre. Simplement parce qu’il vient d’introduire le sujet dans une intelligence artificielle. Ce n’est pas pour lui seulement maintenant. C’est pour la masse. Cela dit, lorsque quelqu’un d’autre va poser une question en lien avec la matière, l’IA a la possibilité de donner ce sujet en guise de réponse.
Donc, je rejoins le Mr de la transition digitale qui disait que nos documents administratifs que nous produisons et mettons sur les plateformes d’Intelligence Artificielle pour nous aider à les corriger. Il faut faire beaucoup attention avec ça parce que cela n’aide pas forcément le pays.
Vous avez également ce qu’on n’a pas l’habitude de vous dire qui est la vente des données.
« Retenez juste une chose!. Il n’y a jamais de gratuité sur internet ».
Qu’est-ce que la vente des données ?
Vous avez beaucoup d’étudiants présents ici et il y a beaucoup de femmes alors qu’on sait que c’est les femmes qui aiment cadeaux. C’est une façon d’ironiser. Quand c’est gratuit, retenez juste une chose!. C’est vous le produit. Il n’y a jamais de gratuité sur internet. Le gratuit, c’est vous le produit. Je vous explique.
Vous avez des entreprises qui payent extrêmement cher pour avoir des données désagrégées, des données pertinentes sur des populations, des utilisateurs.
Par exemple, si une entreprise veut s’installer au Burkina Faso avec pour objectif de vendre des téléphones portables, et que la population du Burkina va sur les plateformes numériques pour acheter les téléphones, ladite entreprise n’a plus besoin d’envoyer des gens pour venir faire des enquêtes.
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A travers juste les promoteurs de ces plateformes, l’entreprise demande qu’elle veut avoir une idée sur les burkinabè qui ont la possibilité de payer tel ou tel téléphone avec un montant supérieur ou égal à 100 mille fcfa, par exemple. C’est une information qui coûte chère. Mais, ils ne donnent plus d’argent à l’ Institut national de la Statistique et de la Démographie (INSD) pour mener des enquêtes.
Figurez-vous que, lorsque vous êtes sur une machine, le temps que vous passez sur un article est enregistré ! Lorsque vous visionnez des films, des vidéos, des tutos, le temps que vous passez sur ces vidéos est enregistré quelque part. Même lorsque vous partez sur une plateforme, la vitesse de frappe de votre clavier est enregistrée par la plateforme.
Ce que vous effacez quand vous mettez un mot où une phrase, si vous revenez en faisant contrôle z, en effaçant, c’est archivé et enregistré quelque part. Ça compte et ça va servir.
Donc, en un mot, voici comment les plateformes arrivent à vendre nos données.
Abdoulaye Ouédraogo/Queenmafa.net








