La première édition du Salon international des Métiers Manuels du Fil et des Aiguilles de Ouagadougou (SIMMFA-O) a officiellement ouvert ses portes, ce vendredi 5 décembre 2025 au siège du FESPACO. Organisé par l’Association ARFIFA, cet événement inédit met en lumière les métiers du fil et de l’aiguille, longtemps restés dans l’ombre malgré leur importance économique, culturelle et sociale.
Placée sous le thème « Autonomisation et résilience des femmes par la promotion et le développement des métiers manuels du fil et des aiguilles », la cérémonie d’ouverture a rassemblé autorités, partenaires, artisanes, élèves et professionnels du secteur. L’objectif est de permettre aux élèves, visiteurs et jeunes créatrices de toucher concrètement aux techniques et d’envisager une professionnalisation.
Dans son allocution, la promotrice du salon, Rosine Kibora a d’abord, rendu hommage à Aïssata Neya Diallo, artisane passionnée décédée quelques jours avant l’événement, avant d’appeler à une minute de silence en sa mémoire et celle de toutes les créatrices disparues.

Par la suite, elle a évoqué la nécessité urgente de reconnaître la valeur réelle des métiers du fil. « Nos créatrices ne sont pas en marge. Elles sont au cœur d’une économie, au cœur d’une tradition, au cœur d’un avenir que nous voulons plus juste et audacieux », a-t-elle lancé.

Toutefois, Rosine Kibora a dénoncé les difficultés d’accès aux matières premières, telles que le fil, les tissus, les outils. cela freine le travail des artisanes. « Ce qui leur manque, ce ne sont ni les idées, ni la volonté. Ce sont les matières d’œuvre, essentielles », a-t-elle expliqué. Et d’ajouter, « Nous ne demandons pas des faveurs, nous demandons la justice ».
Par conséquent, elle a lancé un appel ferme aux institutions et partenaires pour la mise en place de mécanismes d’approvisionnement accessibles, la création de circuits locaux de production, et un cadre national de protection et de valorisation des métiers.

Quant à la marraine de cette première édition, Jeanne Marie Christine Tani Ilboudo, elle a livré une allocution profondément marquée par son histoire personnelle. Ayant appris le crochet et le tricot auprès de sa mère, elle a rappelé l’importance des métiers du fil dans la transmission intergénérationnelle.
« Les métiers du fil et des aiguilles sont une école de rigueur, d’expression personnelle et de dignité. Ils sont un langage artistique transmis de mère en fille », a-t-elle souligné.
Profitant de l’occasion, elle a salué le travail d’ARFIFA qui, selon elle, ne se contente pas d’organiser un salon. Mais, bâtit un espace de transmission et d’opportunités.
Aux jeunes filles présentes, elle a adressé un message inspirant.
« Ce que vous voyez ici n’est pas seulement un salon, c’est un héritage qui vous tend la main… Ces métiers peuvent devenir un métier, une entreprise, un moyen d’indépendance », a noté la marraine.
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Une initiative en phase avec la stratégie nationale
Représentant le ministre en charge de l’Enseignement secondaire, de la Formation professionnelle et technique, Boureima Nabaloum a salué un événement « parfaitement aligné » avec la vision gouvernementale.
« Le Président du Faso a instruit que chaque élève puisse apprendre un métier », a-t-il souligné. Et d’argumenter, « ce salon est une activité extrêmement pertinente puisqu’il permet aux élèves de toucher du doigt les outils, les techniques et les produits issus du travail manuel ». Par la même occasion, il a rappelé que l’initiative s’inscrit dans une dynamique nationale visant à familiariser les jeunes aux métiers pratiques et à renforcer la formation professionnelle.

Interrogée à l’issue de la cérémonie, Rosine Kibora est revenue sur les motivations ayant conduit à la création du SIMMFA-O. « Ces métiers sont invisibles, parfois même méprisés. Et pourtant, combien de femmes ont nourri leurs familles grâce à la broderie, au tricot, au perlage ? Il fallait faire quelque chose pour que ces métiers sortent de l’ombre », a-t-elle fait entendre.
Elle a également expliqué que ce salon constitue pour les artisanes une opportunité de visibilité, de formation, mais aussi d’accès au marché, une problématique récurrente.
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Prévu sur trois jours, le salon offre un vaste programme comprenant la visite des stands, des panels animés par des experts du ministère de l’Action humanitaire et de la Solidarité nationale, ainsi que par des praticiennes expérimentées, des ateliers pratiques dédiés au tricot à la machine, au crochet, au macramé, au perlage et à d’autres techniques manuelles. Et pour couronner le tout, un concours destiné à encourager l’excellence, l’innovation et la créativité a été lancé.
À travers ce salon, l’Association ARFIFA ambitionne contribuer à la dynamique de production et de consommation locales, en renforçant la place des métiers manuels dans l’économie nationale.
Cette première édition du SIMMFA-O s’ouvre ainsi comme un acte de reconnaissance, de transmission et d’engagement, visant à redonner toute sa place au génie créatif féminin au Burkina Faso.
Fabrice Sandwidi/Queenmafa.net







