Comment se prépare la fête chez certaines vendeuses de condiments ? Pour répondre à cette question, nous nous sommes rendues, ce mardi 23 décembre 2025, au marché de la cité An 2, à Ouagadougou. Chaque femme espère le mieux.
7h00. Dès le parking, les embouteillages parlent déjà. Il y a six parkings. Deux en face de l’avenue Bassawarga, un au nord en face du nouveau goudron, deux à l’est et un autre au sud du marché. Malgré tout, compliqué de garer son engin ! Les parkers sont débordés. A peine garés, des adolescents se ruent sur les clients majoritairement des femmes et ces derniers négocient pour apporter un coup de main au transport des marchandises ou des condiments qui vont être achetés. On les appelle « pogtés ». C’est-à-dire, porter les charges sur le dos ou avec des pousse-pousse (de petits chariots). C’est ainsi qu’ils rendent service aux femmes qui viennent faire les achats.
Dans les couloirs, difficile de se frayer un passage tant les étals débordent ! On entend partout : « tanti, viens voir ! Il y a carottes, y a gombo frais… Vous voulez quoi ? Venez Voir : Je vais arranger ! ».
Aimables, elles s’approchent des clientes et retirent leurs sacs pour les accompagner dans le bon choix de ce qu’elles veulent. Les unes refusent, préférant se promener et voir ce qui leur convient avant d’effectuer tout achat. D’autres acceptent tout simplement et choisissent sur place, ce qu’elles désirent.
A chaque carré, se mêlent brouhaha, variété de condiments et senteurs d’épices. Des oignons, des choux, des courgettes, de l’ail, du persil, du céleri, des tomates, des concombres, des feuilles en passant par la potasse, le sel, l’huile, les boîtes de conserves et bien d’autres, en fonction des besoins, on sert les clients en sachets, par tas, par kilo, au détail, par sac ou en gros. Il y a tout ce qu’il faut pour une bonne cuisine. Mais, le hic, c’est au niveau des prix.
Selon Sali, nom d’emprunt, les condiments sont un peu chers. « Espérons que d’ici demain, ça ira mieux », lance cette cliente.
En cette matinée, les femmes (clientes comme vendeuses) sont très occupées plus que les jours ordinaires. Difficile de leur arracher un mot surtout qu’il s’agit de la presse !
Après plusieurs tentatives vaines, nous nous sommes converties en clientes. et nous avons payé des poivrons C’est cela qui nous a facilités le travail. Puis, nous avons expliqué à dame Adja Nemayangda que nous sommes journalistes et que nous voulons savoir comment se porte le marché. Elle accepte parler, à une condition.
« Pas de photos de moi ! Votre affaire de Tik Tok et de facebook-là, je ne connais rien là-dedans », dit-elle en riant.
Ayant pour commerce principal, les poivrons, elle évolue dans ce domaine depuis de nombreuses années. Elle nous présente des poivrons.

Elle poursuit : « Le marché n’est pas du tout reluisant surtout que nous sommes à l’intérieur. Quand les gens viennent, ils restent dehors et paient ce qu’ils veuillent là-bas. Donc, ce sont celles de dehors qui gagnent plus que nous. Les gens qui viennent acheter chez nous, c’est la plupart de temps, nos fidèles clientes qui sont dans la restauration ou qui revendent dans les petits marchés ». Elle invite les autorités à se pencher sur cet aspect pour que tout le monde puisse en tirer profit.
C’est le même son de cloche chez Zalissa Kawessa Regtoumda, commerçante dans ce marché depuis plus de 20 ans.
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Noël dans le même esprit

Selon elle, cette année, le marché est morose par rapport à l’année passée.
« Mais, nous ne décourageons pas pour autant car nous avons le soutien du Président Ibrahim Traoré et la grâce d’être en bonne santé. La santé nous permet d’être sur nos deux pieds et de vaquer sainement à nos occupations. Si la situation du pays continue à s’améliorer, nous sommes convaincus que nos commerces aussi vont prospérer », déclare-t-elle.
Zalissa relève que les cultivateurs, les agriculteurs et les maraîchers ont fourni des efforts considérables dans leurs productions et cela a permis de ne plus parcourir de longues distances ou de voyager dans des localités très éloignées pour se ravitailler en condiments.
« Les trois tas de carottes sont à 500 fcfa, le tas de concombres à 500 fcfa. Pour le haricot vert, nous prenons chez les fournisseurs à 400 francs le kg et nous revendons à 450f », précise-t-elle.
Musulmane, Zalissa a tenu à souhaiter une fois de plus, joyeuse fête aux fidèles catholiques et d’ajouter : « Nos bénédictions accompagnent tout le monde. Que dieu bénisse nos enfants et qu’il continue d’élever le président du Faso et son gouvernement !».
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En quittant les lieux, un jeune « Pogté » qui a fait le tour marché avec nous a soulevé nos effets jusqu’au parking où nous avons déboursé 100 fcfa comme d’habitude. A lui, nous avons donné 500 francs. En général, il ne fixe pas de tarifs. Leur service est laissé à l’appréciation de tout un chacun.
Pressées de rentrer, certaines femmes grognent parce que le fait de faire sortir les motos prend du temps. Pendant ce temps, les trois hommes qui travaillent ici, s’activent aussi à faire sortir les motos avec soin pour éviter les égratignures ou autre mouvement qui pourrait engendrer des préjudices. Ce qui leur prend un peu de temps. Les plus patientes sont compréhensibles et les encourage à bien faire leur travail.
Pour celles qui ont beaucoup de charges, ils les aident à attacher sur leur motos ou leur montrent comment faire pour que les affaires ne tombent pas en cours de route. Encore moins, perturber la circulation!
A 9h30, nous quittons les lieux, remerciant nos deux commerçantes, le jeune « pogté » et les parkers.
Françoise Tougry/Queenmafa.net








