Construit de 1905 à 1954 et long de 1260 Km, le chemin de fer Côte d’Ivoire-Burkina Faso, notamment sa gestion, est considérée comme un dossier très sensible à cause de sa complexité et de ses dimensions multiples. Le samedi 27 avril 2019 à Ouagadougou, le consortium Burkina 2050 avec à sa tête le Dr Nestorine Sangaré/Compaoré et le syndicat des retraités du chemin de fer, ont animé une conférence de presse. Il a été question des tractations visant la modification de la Convention de concession révisée qui prolonge la gestion du chemin de fer par SITARAIL pour 30 ans.
Pour le Dr Nestorine Sangaré/Compaoré, première responsable du consortium Burkina 2050, le concessionnaire a régulièrement évoqué un problème de rentabilité de l’exploitation du chemin de fer pour ne pas payer aux États, ce qu’il leur doit en matière de droit d’usage et redevance. Pourtant, il ne compte pas donner le contrat à une autre entreprise.

Au lieu donc que les États mettent en application les clauses de déchéances pour fautes graves et de rupture prévue dans la convention, en juillet 2009, continue la première responsable du consortium, c’est SITARAIL, une entreprise de droit ivoirien détenue à majorité par le groupe Bolloré, dont le siège est à Abidjan, qui propose un document intitulé « Vision pour l’avenir », pour demander la renégociation de la convention après avoir exploité le réseau ferroviaire de 1995 à 2009. Mais un comité de relecture de la convention initiale mis en place par arrêté interministériel a jugé que le document soumis par l’entreprise est insuffisant parce qu’il ne propose pas une stratégie de développement ferroviaire.
D’une convention initiale d’affermage de 15 ans qui a été prorogée de 20 ans, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire ont signé avec SITARAIL, une convention de concession révisée à très long terme (30 ans) qui est entrée en vigueur le 1er Janvier 2019.
En effet, le Burkina Faso a signé la Convention de concession révisée (CCR) en juillet 2017 avec la Direction générale de SITARAIL. Reçus en audience par le Premier Ministre (PM) burkinabè le 1er mars 2019, les ministres ivoirien et burkinabè des transports annonçaient le lancement des travaux du Burkina Faso avant la fin du premier trimestre de l’année en cours. Mais contre toute attente, révèle Nestorine Sangaré, la date de lancement prévue à mi-avril de cette année a été reportée sine die.
Les informations recueillies indiquent que « SITARAIL a décidé de remettre en cause l’entrée en vigueur de la CCR en invoquant des questions qui n’ont pas été abordées lors des négociations. Il réclame de nouvelles concessions aux deux États comme condition pour l’entrée en vigueur de la CCR. Au niveau du Burkina Faso, il se plaint du fait que le pays ait entrepris les études pour la construction du chemin de fer Ghana-Burkina en mentionnant le transport de minerais sur ce tronçon. Il s’inquiète du fait que cette éventualité risque de remettre en cause l’équilibre financier de son investissement promis pour la réhabilitation du chemin de fer».
Depuis lors, poursuit Mme Sangaré, SITARAIL s’est engagé dans une remarque de la négociation sans fin qui a marqué la mise en œuvre de la convention initiale. « Plusieurs observateurs voient des indices qui montrent qu’il veut se retirer de la CCR en faisant porter le tort aux Etats afin d’obtenir des dédommagements », a-t-elle expliqué avant d’apporter des analyses critiques à la situation qui prévaut actuellement dans cette CCR.
Les recommandations formulées par Consortium Burkina 2050 dans le cadre de la CCR
Après ces analyses critiques, Consortium Burkina 2050 a formulé des recommandations qui pourront aider le Burkina Faso à mieux profiter de la gestion du chemin de fer sur son territoire. Cette institution demande qu’il soit mis en place une équipe permanente compétente et pluridisciplinaire de négociateurs burkinabè parce que, regrette Nestorine Sangaré, « nous n’avons pas de négociateurs au Burkina Faso. Les Burkinabè sont complexés autour de la table de négociation ».
Consortium Burkina 2050 a aussi demandé qu’il soit mis fin à la Convention avec SITARAIL puis engager les poursuites pour la mauvaise exécution de la convention initiale, évaluer la situation actuelle du patrimoine ferroviaire et rapatrier les équipements envoyés en Côte d’Ivoire et au Niger.
Aminata GANSONRE