Soumaïla Ouédraogo, cordonnier burkinabè exerce son métier depuis plus de décennies. Son métier, il l’a appris sur le tas. L’expertise artisanale de Soumaïla Ouédraogo lui a permis d’avoir une certaine notoriété. queenmafa.net lui a rendu visite dans son atelier situé dans le quartier Tanghin, à Ouagadougou.
Surnommé Docteur des chaussures, il s’appelle Ouédraogo Soumaïla à l’état civil. Son travail consiste à recevoir dans son modeste atelier alimenté par une plaque solaire, des chaussures nouvelles ou anciennes, de diagnostiquer les défauts ou les problèmes, de démonter et de trouver la formule convenable afin de leur donner à la fois, une belle apparence et une longue vie.

Âgé de 48 ans, Soumaïla Ouédraogo a commencé la cordonnerie en 1987 quand il était au primaire, à l’école Tanghin Taambila. C’était précisément pendant les vacances. Il n’a pas pu poursuivre son éducation scolaire car ses parents n’avaient pas les moyens de payer sa scolarité. « J’avais un niveau acceptable. J’ai jamais repris de classe », a-t-il mentionné.
« C’est leur encaissement qui m’a attiré »
Soumaïla côtoyait des amis qui faisaient le cirage. Chaque soir, ces derniers revenaient avec une recette journalière non négligeable qui l’a impressionné. « Leur encaissement, c’est ça qui m’a attiré », a-t-il clarifié.

« Un homme pétri d’expériences »
Sans hésiter, il s’embarque dans cette aventure. Pour gagner sa vie, il arpentait les rues, partout où il avait accès. « Je me promenais pour faire le cirage », a-t-il noté. De ses débuts jusqu’à ce jour, Soumaïla se donne à cœur joie à sa cordonnerie et ne s’attarde pas sur l’autocongratulation. « C’est les clients qui constatent que mon travail est bon et admirent mon travail », a-t-il lancé. Dès qu’il reçoit une chaussure, il s’applique, fait très bien le travail pour satisfaire la personne.
Ce ne sont pas les tapis, la mousse, le plastique, les ciseaux, la colle, les pointes, les pinceaux, les pinces, l’éponge, la boîte de cirage, le produit lustrant et le couteau qui font la particularité de Soumaïla Ouédraogo. C’est surtout son savoir-faire. Avec 35 ans d’expériences dans le cirage et 22 ans dans la réparation, ce quadragénaire s’est familiarisé avec les outils de la cordonnerie. Il sait ce qu’il faut à chaque chaussure, le nouveau format qu’il doit lui donner, les matières adaptées et où les trouver. Alors tant qu’elles sont disponibles, il en achète pour que le travail se passe bien. Il en fait parfois des provisions pour ne pas en manquer.

Soumaïla le cordonnier affirme que dans ce métier, les problèmes ne manquent pas. Mais, ayant l’expérience, il arrive à les gérer tout simplement. Parfois, le rendez-vous peut ne pas être respecté parce que les chaussures ne sont pas pareilles et le temps de la réparation peut dépasser ce qu’on avait prévu. « Y a des rendez- vous qu’on fausse. Y a des chaussures fatiguées », a-t-il précisé.
Pour le client qui n’a pas réalisé que ses chaussures étaient usées avant de les confier à Soumaïla, en les récupérant, il peut ne pas être satisfait et remettre en cause les compétences du cordonnier. Conscient de la valeur de l’honnêteté, Soumaïla dialogue toujours à cœur ouvert avec ceux qui viennent vers lui. « Je leur dis clairement en quoi consiste le problème. Je dis toujours la vérité aux clients », a-t-il déclaré.

Le spécialiste des chaussures a également mentionné un aspect très important de son métier. Certains clients viennent laisser leurs chaussures pendant longtemps sans donner signe de vie. Rares sont ceux qui s’en souviennent encore. D’autres, pour une raison ou une autre ne réagissent plus. Ainsi, au-delà de 02 ans, Soumaïla s’en débarrasse pour ne pas s’encombrer étant donné que son atelier est déjà étroit. « Si tu donnes une paire et que tu fais une année, tu viens pas chercher, ça veut dire que même si c’était chez toi à la maison, tu ne comptes pas sur ça », a-t-il déclaré.

Afin de renforcer ses capacités techniques et professionnelles, Soumaïla compte acquérir du matériel plus rapide et plus performant que ce qu’il utilise présentement. Ce dont il aura besoin, ce sont entre autres, une bobine à semelles, des machines à coudre, une maison avec un bon emplacement et facile d’accès, de l’électricité. « Si j’ai l’opportunité, je vais bien m’organiser. Depuis que je fais ce boulot, je m’en sors. Je ne regrette pas », a conclu Docteur des chaussures.
Françoise Tougry