Intronisé en septembre 2017, Tengsoba Poulmawendé a organisé son Nabasga ou la fête traditionnelle le 11 Février dernier. Étaient présents à cette fête, ressortissants de Ziniaré, parents, amis et connaissances. Défenseur des coutumes, il dirige désormais la localité de Bogodogo.
Tengsoba ou chef de terre est une appellation en langue nationale mooré. A Bogodogo, dans le plateau central, cela se transmet de génération en génération selon le droit d’aînesse. C’est-à-dire que le règne revient à celui qui est le plus âgé immédiatement après le précédent chef de terre. Pas forcément de la même famille biologique, mais originaire de ce même village. En prélude à la fête, dans la matinée du dimanche 11 Février, tous les habitants du village et tous les invités qui sont arrivés très tôt avant les salutations, mangent obligatoirement du tô de mil accompagné de sauce haricot ou sésame. C’est ainsi, le jour de Nabasga.
Un destin prémonitoire

Dès son enfance, il rêvait d’être enrôlé dans l’armée française. A 18 ans, il s’est inscrit. Cependant, l’âge requis était de 21 ans. De ce fait, il n’a pas été retenu. Déçu, il rentre à Ouagadougou. Avec beaucoup de chance, il décroche un emploi. Des années plus tard, il se marie et fonde une famille. Quand vient le temps du repos, il prend sa retraite. Loin d’imaginer ce que lui réserve l’avenir, cet homme sera désigné parmi tant d’autres pour une mission inattendue. Celle d’être sacré Tengsoba Poulmawendé de Bogodogo. « Parce que Dieu l’a voulu ainsi. Né ici, grandir ailleurs pour y revenir une soixante d’années plus tard et devenir chef de terre, c’est une promesse divine». Déclare t-il !

Il succède à Tengsoba Raogo. Avant lui, les deux personnes qui ont été choisies ont renoncé. Et aujourd’hui, ils sont tous deux très souffrants. Il convient de souligner que selon la coutume, il est formellement interdit de désobéir au choix porté sur sa personne au risque de subir la colère des ancêtres. Tengsoba a opté pour deuxième nom Buud youbl ka toukd zit yé. En d’autres termes, on ne fait pas porter le canari familial à une personne mal intentionnée car un de ces jours, il la laissera tomber et il n’y aura plus que des morceaux à ramasser. Le nom suivant est Katr san kiss guiguemdé, bi a bow a wékeedga. Ce qui veut dire, si l’hyène déteste le lion, qu’il se cherche un endroit où aller car en brousse, ils se croiseront forcément.
Hommes, femmes et enfants, jeunes et vieillards , tous sont venus féliciter Tengsoba Poulmawendé et manifester la solidarité à son égard.
« Je suis très heureux, et je me sens honoré. Je demande la bénédiction divine pour réussir cette mission. Je remercie également tous ceux qui m’ont et encouragé et soutenu de quelque manière que ce soit ». Conclut-il !
NB : Les noms de guerre sont transcrits phonologiquement.
. Françoise TOUGRY (Stagiaire)