Société

Amour et sexualité : 150 participants outillés pour aborder ces sujets tabous avec maturité et ouverture d’esprit

Le Conseil général des Universités de Ouagadougou (CG-UO) a organisé une activité dénommée « Boussole sociale », ce dimanche 3 décembre 2023. Cette première édition met en lumière des...

Violences basées sur le Genre : Des filles désormais outillés pour le combat

La psychologue Andrinette Yvonne Ouattara, a tenu une séance de formation sur les Violences basées sur le Genre...

Concours de slam sur les VBG : Nafissatou Bélèm remporte le trophée

Dans le cadre des 16 jours d’activisme sur les Violences basées sur le Genre (VBG), célébrés du 25...

Maroc : Samira Sitail, ambassadeur auprès de la république française

Mme Samira Sitail, que Sa Majesté le Roi Mohammed VI a nommée Ambassadeur auprès de la République française,...

Échanges avec les confidentes des survivantes de VBG : des moments d’intenses émotions

Dans l’optique de briser le silence autour des Violences basées sur le Genre (VBG), deux associations féminines Agiles...

Il violait des mineures en échange de biscuits

Malgré les peines parfois lourdes, les cas de viol sur mineurs ne se font pas rares .  Cette affaire de viol dans un des quartiers  de Ouagadougou vient nous  en donner la preuve. 


Malgré les peines parfois lourdes, les cas de viol sur mineurs ne se font pas rares .  Cette affaire de viol dans un des quartiers  de Ouagadougou vient nous  en donner la preuve. 

IK est de nationalité étrangère, et âgé de 51 ans. Cordonnier de son état, le viol  de jeunes filles mineures semblait  être   un de ses   passes temps favoris. Son mode opératoire est assez simple. I.K.  avait  pour habitude d’envoyer les petites  filles à la boutique pour l’achat de la cigarette, de sucre, du café etc. A leur retour, il leur disait de le rejoindre dans la chambre .Une fois entrée, il leur donnait des bonbons et des biscuits dans le but d’abuser d’elle.

Appelé à la barre ce mardi 12 février 2016, le présumé violeur de mineur n’a pas nié les faits. Il souligne  cependant être dépassé par ce qui s’est passé. Il explique ne point comprendre ses actes.La jeune fille, elle âgée de 13 ans a fait savoir que le même acte s’est passé  cinq fois dans la chambre de  I.K. il lui remettait soit  des bonbons, biscuit ou une pièce de 100 francs.

Le géniteur de la victime, lui,  explique que I.K. n’est pas à son premier forfait. Ils auraient maintes fois entrainé  des jeunes filles  mineures  dans sa chambre pour le même acte. Il se réjouit cependant  du fait  que  les résultats des examens  du sida ainsi que celui de  l’hépatite B de son enfant  ont été négatifs car le violeur ne s’est jamais protégé lors de ses actes selon la jeune fille.

Le tribunal de grande instance de Ouagadougou a requit 6 mois de prison ferme pour  I.K.et une amande de 30 francs CFA comme amende pour la victime .Il est aussi indiqué qu’après avoir purgé sa peine, I.K doit quitter  le Burkina Faso pour une période de 5ans

I.K aurait 2 enfants du même âge que sa victime  qui vivent dans son pays d’origine.

Tienfola

Le matelas à problèmes !

Les histoires autour des foyers polygamiques sont souvent affolantes. Un matelas s’est vu être à l’origine d’une mésentente dans un foyer polygame dans un village au sahel.


Les histoires autour des foyers polygamiques sont souvent affolantes. Un matelas s’est vu être à l’origine d’une mésentente dans un foyer polygame dans un village au sahel.

L’affaire se passe dans un   petit village dans le tréfonds du Burkina Faso plus précisément dans la région du Sahel. Dame A. qui a grandit dans ce village n’avait jamais eu la chance de connaitre l’effet  que cela fait de se coucher sur un matelas mousseux.

L’un de ses rêves les plus ardents était de dormir  sur un matelas. Même son mariage avec son bigame d’époux ne lui a permis de réaliser ce rêve.

Ainsi donc grâce au programme Haute Intensité de Main d’œuvre (HIMO), elle réussit à acheter son matelas tant désiré avec sa première paie, soit 35000F CFA. Seulement, c’est cet objet  qui a failli faire basculer son foyer.

En effet, son mari reçoit chacune de ses trois épouses à tour de rôle dans sa propre case. Dame A qui espérait être la seule femme à dormir  sur ce matelas dans sa case a reçu cet ultimatum. Soit, elle dépose le matelas dans la case de son mari pour que ses autres coépouses en profitent comme si c’est un bien du mari, soit elle ramasse ses bagages et retourne chez ses parents avec son matelas, ou  elle ramène le matelas chez le vendeur. Le problème est  qu’elle ne pourra dormir sur son  matelas que deux jours dans la semaine si elle respectait les ordres de son mari.

Une médiation entre les sages  est alors organisée. A l’issue de la rencontre Dame A est contraint  de rester dans son foyer tout en laissant le matelas dans la case de son mari comme il l’a demandé. La pauvre ! Et si vous étiez à sa place ?

Tienfola

 

Dame S, son ami et les 25 millions

« Dans la main d’un ami, il faut déposer sa confiance » disait une citation. Dame S. semblait l’avoir bien comprise,  raison pour laquelle elle avait une   confiance totale  en son promotionnaire et ami K. de sorte à lui confier son pactole. Malheureusement cette confiance sera la cause de sa mésaventure avec ce dernier.


« Dans la main d’un ami, il faut déposer sa confiance » disait une citation. Dame S. semblait l’avoir bien comprise,  raison pour laquelle elle avait une   confiance totale  en son promotionnaire et ami K. de sorte à lui confier son pactole. Malheureusement cette confiance sera la cause de sa mésaventure avec ce dernier.

Dame S. et K. sont des amis d’enfance. Ils ont cheminé ensemble de l’école primaire au lycée. Aujourd’hui, Dame S. vit à l’étranger  mais les liens sacrés d’amitié sont maintenu grâce aux nouvelles techniques de l’information et de la communication. Mariée à un européen Dame S. travaille depuis quelques  années au pays de son époux.

Ayant compris que  lorsque l’on vit à l’étranger, il faut toujours chercher à investir dans son   pays natal Dame S. achète une parcelle à Ouagadougou pendant ses vacances. Elle ouvre par la suite  un  compte dans une banque de la place et y place  une grande somme d’argent. N’étant pas sur place à Ouagadougou pour la construction de sa parcelle, elle signe une procuration au nom de son «  ami » K. qui devrait superviser  les travaux.

  Dame S. retourne en Europe, loin de s’imaginer une telle suite des événements. Son  ami  S,  a commencé à retirer de l’argent dans le compte de dame S. Il construit une petite maison dans la parcelle de celle-ci  et prend des photos d’une luxueuse villa   pour envoyer à son amie.

Pendant ce temps, il refait  la maison de son géniteur, octroie des financements à ses sœurs et s’achète une luxueuse voiture.

Une fois au Burkina, Dame S. retrouve une maisonnette sur sa parcelle et se rends compte que  près de 25 millions qui a été retirés dans son compte.

Elle se rend à la gendarmerie et on lui fait savoir qu’il fallait se référer à la justice.

Obligée repartir en Europe pour  fin de congés, Dame S. décide de laisser S. avec sa conscience. Comme s’il en avait une !!

Tienfola.

A la découverte de savon D Leyi à base de beurre de karité

Cette semaine, nous allons à la découverte de savons à base de beurre de karité, produits par les femmes de l’association Yiri Loua pour le Développement(AYLD). Selon la présidente, madame Tuina Marie Noëlle, cette association compte plus de 60 membres évoluant dans plusieurs domaines. Mais sa principale activité est la fabrication du savon, depuis 2007. La structure de production de l’association, dénommée T Distribution Cosmétique D Leyi fabrique trois types de savon de toilette à base produits locaux naturels :


Cette semaine, nous allons à la découverte de savons à base de beurre de karité, produits par les femmes de l’association Yiri Loua pour le Développement(AYLD). Selon la présidente, madame Tuina Marie Noëlle, cette association compte plus de 60 membres évoluant dans plusieurs domaines. Mais sa principale activité est la fabrication du savon, depuis 2007. La structure de production de l’association, dénommée T Distribution Cosmétique D Leyi fabrique trois types de savon de toilette à base produits locaux naturels :


Le savon anti-boutons à base beurre de karité, huile de coco, argile vert et des extraits naturels. Il combat les boutons et acnés juvéniles et élimine les sébums du visage.
Le SAVON anti -tâche composé de beurre de karité, huile de coco, argile rouge et essence naturelles éclaircissantes. Il vise à éliminer les points noirs, les cicatrices et vergetures.
Le SAVON Exfoliant Gommant également à base beurre de karité et huile de coco, Cire d’abeilles pour nettoyer les impuretés et restaurer le tissu épidermique abimé
Les produits de Mme Tuina sont disponibles dans les pharmacies suivantes : de l’amitié, Noom Wendé , Jober ,Goulmou à Ouagadougou ; Hereso et Nazounki à Bobo-Dioulasso ;nord à Ouahigouya
Ou au besoin, contacter Mme TUINA : 70 24 54 36 /78 35 27 76

Diplôme d’abord, mari ensuite, risque aussi

Grossesse ou maternité tardive. Un phénomène dont on parle moins lorsqu’on évoque la santé de la reproduction. Pourtant, elles sont de plus en plus nombreuses, ces femmes burkinabè à faire leur premier enfant après 30 ans. Allongement de la durée des études, mariage tardif ou tout simplement désir d’attendre le bon moment, les raisons sont multiples. Seulement, tout comme les grossesses précoces, les conséquences  de la maternité tardive peuvent aussi être désastreuses pour la santé de la mère.


Grossesse ou maternité tardive. Un phénomène dont on parle moins lorsqu’on évoque la santé de la reproduction. Pourtant, elles sont de plus en plus nombreuses, ces femmes burkinabè à faire leur premier enfant après 30 ans. Allongement de la durée des études, mariage tardif ou tout simplement désir d’attendre le bon moment, les raisons sont multiples. Seulement, tout comme les grossesses précoces, les conséquences  de la maternité tardive peuvent aussi être désastreuses pour la santé de la mère.

Les cas de grossesses tardives seront de plus en plus fréquents au Burkina,  notamment dans les centres urbains. Devenues plus ambitieuses et mieux encadrées par les parents qui désirent également une bonne position sociale pour leurs filles, les femmes font de longues études. Et pour mieux se concentrer sur les études, beaucoup  de parents conseillent à leurs filles d’attendre de finir leurs études  avant de se marier et avoir un enfant. C’est le cas de Martine (un nom d’emprunt),  une mère divorcée ayant requis l’anonymat, persuadée que foyer, enfant et études ne font pas bon ménage. « Mon mari a tout fait pour que je ne réussisse pas mes études. Après 5 ans de maltraitance, il m’a mise à la porte avec mes enfants alors qu’il m’avait promis ciel et terre », explique-t-elle. Aujourd’hui caissière dans une entreprise privée, Martine, qui s’occupe seule de ses filles,  est catégorique : « jamais je n’accepterai que mes filles subissent le même sort que moi. Diplôme d’abord, Mari ensuite. » Et d’ajouter que le premier mari d’une femme est son boulot. « Voilà que je n’ai plus de mari. Si je n’avais pas un boulot, comment allais-je survenir aux besoins de mes enfants ? », s’interroge-t-elle.

 Les récentes études sur la natalité et la fécondité montrent, en effet, un vieillissement du calendrier de la fécondité. L’analyse des données du Recensement Général de la Population de 2006 par  l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD) montre clairement une relation de type négatif entre la fécondité et le niveau d’instruction.  Il ressort que l’âge moyen auquel les femmes ont leur premier enfant augmente avec le niveau d’instruction,  soit  19,3 ans chez les non- instruites, 19,9 ans chez celles du niveau primaire, 23,8 ans chez les femmes ayant au moins le niveau secondaire et 33,4 ans chez celles ayant un niveau supérieur.

Mariam, elle,  est titulaire d’une maîtrise en droit obtenu aux prix d’énormes sacrifices et de privation. La jeune dame qui vit toujours chez ses parents à 31 ans, affirme qu’à l’époque, elle ne voulait même pas entendre parler de garçon avant la fin de ses études. Pourtant, ce ne sont pas les prétendants qui ont manqué, bien au contraire ! « Il y a eu beaucoup d’hommes qui se sont présentés à mes parents ; mais je n’étais pas intéressée en ce moment. Maintenant, cela fait 6 ans que j’ai fini mes études et je ne suis ni magistrat, ni épouse ni mère ».

Après  37 ans, une grossesse, c’est comme la loterie

Pour les spécialistes de la santé, cette arrivée tardive dans la maternité des femmes peut comporter de lourdes conséquences. Selon le Professeur Charlemagne Ouédraogo, gynécologue obstétricien à l’hôpital Yalgado Ouédraogo, à un âge avancé,  il devient non seulement très difficile de concevoir un enfant, mais aussi trop risqué de prendre une grossesse. S.O,  jeune femme mariée il y a deux ans, en sait quelque chose. A 38, elle est toujours dans l’attente de son premier enfant. Tous les traitements qu’elle a suivi sont jusqu’à présent restés sans succès. « J’ai voulu attendre de trouver du travail et me marier avant de penser à faire un enfant, mais je regrette  ce choix présentement », confie-t-elle, tout en écrasant une grosse larme venant de son œil droit, avec son pagne.

Pour le professeur, c’est une situation qui ne devrait pas surprendre. « On ne fait pas d’enfant quand on a envie de le faire, mais on le fait quand l’organisme  en est encore capable», explique t-il. Loi de la nature oblige, la chance de concevoir démunie considérablement avec l’âge. « Chaque femme naît avec une quantité d’ovocyte et chaque mois, avec le cycle menstruel, ça disparaît jusqu’à épuisement. C’est  comme un grenier ; il est plein au moment des récoltes et vous en consommer  jusqu’à ce que ça finisse », a-t-il ajouté. Pour lui, l’idéal est qu’à  37 ans, une femme doit avoir fini d’accoucher car après cela, une grossesse c’est comme la loterie, un coup de chance donc.

Il arrive même souvent que la période critique survienne  plutôt que d’habitude, comme c’est le cas d’une patiente du professeur, qui n’était plus féconde à l’âge de 25 ans. Cette dernière, ne pouvant plus faire d’enfants par elle-même, devra recourir à une fécondation in vitro grâce à un don d’ovocyte.

Foyer, maternité et études ne font pas bon ménage

Quant à celles qui réussissent à enfanter après 37 ans révolus, cela n’est pas sans danger pour la santé de la mère. « La médecine n’a pas encore trouvé de solution aux problèmes de complication dus aux retards de maternité, c’est pourquoi, nous disons qu’une femme, à 40 ans,  ne doit plus être en train de chercher une grossesse. Une femme qui a déjà un enfant et qui vient après 40 ans pour chercher un autre, les vrais médecins ne l’accompagnent pas parce que cela peut provoquer des complications et même la mort. Ce que les agents de santé peuvent faire,  c’est de lui donner de la contraception et rien d’autres. Au cas où la femmen’a pas encore un enfant, on lui explique quand même les risques ».

 C’est pourquoi, insiste le Pr Charlemagne Ouédraogo, il est conseillé aux femmes de trouver le juste milieu en conciliant la maternité et les longues études, c’est-à-dire débuter la maternité au plus tard à 25 ans et terminer au plus tard à 37 ans. Au cas contraire, elles devront assumer leur choix et ne pas courir à 40 ans  derrière les spécialistes ou les tradi-praticiens pour avoir un enfant. Le marteau et l’enclume donc car dans le contexte actuel du Burkina, très peu de femmes conçoivent encore une vie sans mariage, encore moins sans enfant. Conscient de cela, Mariam a changé de priorité : «Ce qui me préoccupe maintenant,   c’est d’avoir un enfant. Le mari et le boulot viendront ensuite car je sais que les hommes n’aiment pas se marier aux filles qui sont avancées en âge ».

Issiaka Drabo

Lala Kaboré/Derra

Justice pour tous : faut-il ignorer les paysans parce qu’ils ne brûlent pas ?

« Plus rien ne sera comme avant », c’est le slogan le plus populaire au pays des hommes intègres, depuis la chute de Blaise Compaoré. Cela pour traduire la volonté des gouvernants comme des gouvernés à rompre avec certaines pratiques qui ont gangréné le pays sous le régime déchu, dont la corruption, la gabegie et surtout l’injustice. Dans ce combat pour un Burkina nouveau, un aspect fondamental, notamment la justice alimentaire, semble être omis. Or selon les spécialistes, cette question pourrait être la prochaine source de confrontation si rien n’est fait…


« Plus rien ne sera comme avant », c’est le slogan le plus populaire au pays des hommes intègres, depuis la chute de Blaise Compaoré.Cela pour traduire la volonté des gouvernants comme des gouvernés à rompre avec certaines pratiques qui ont gangréné le pays sous le régime déchu, dont la corruption, la gabegie et surtout l’injustice. Dans ce combat pour un Burkina nouveau, un aspect fondamental, notamment la justice alimentaire, semble être omis. Or selon les spécialistes, cette question pourrait être la prochaine source de confrontation si rien n’est fait…

Consacré par l’article 25 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, le droit à alimentation est un préalable lorsqu’on veut parler de développement. C’est en réalité, la première condition, que tout gouvernement soucieux de préserver la paix dans un pays, doit réunir. Les émeutes de la faim de 2008 en sont la preuve. C’est ainsi que des observateurs avisés de la scène politique burkinabè estiment que la lutte contre la modification de l’article 37 et le sénat qui a conduit à la chute de Blaise Compaoré n’est en réalité que la partie visible de l’iceberg. Sont de ceux-là, Mahamadou Zongo, Enseignant chercheur à l’Université de Ouagadougou. Pour ce dernier, la justice véritable commence lorsque les conditions pour que chaque burkinabè ait le minimum requis pour vivre dans la dignité sont réunies.

La première condition est de régler définitivement la question de l’accaparement des terres parce qu’elle pose un véritable problème de justice et d’équité. En effet, selon l’«Étude sur l’accaparement des terres à grande échelle au Burkina Faso: acteurs, mécanismes et implications pour l’agriculture familiale et la sécurité alimentaire »parue en 2013, commanditée par Inter Pares et COPAGEN, des individus possèdent à eux-seuls 200, 300 et même 1000 hectares. Dans un pays où il y a très peu de ressources, c’est tout simplement inadmissible. L’ampleur du phénomène est telle qu’on assiste de plus en plus à un nombre croissant de paysans sans terre. On estime que 100 hectares de terres accaparées équivalent à 10 familles dépouillées. Dans le Ziro un seul individu à lui seul possède 800 hectares soit l’équivalent de 10 villages.

Ces paysans dépouillés de leur terre, parce qu’ils n’ont pas la possibilité de casser et de brûler dans les rues de Ouagadougou pour se faire entendre, subissent la dictature des nouveaux riches. La question est de savoir jusqu’à quand cela peut-il perdurer ? Au regard du constat sur le terrain, Mahamadou Zongo affirment que la prochaine confrontation au Burkina viendra du foncier si dès maintenant, l’État ne prend pas des mesures qui conviennent. Par exemple, ces titres fonciers acquis parfois de façon douteuse devraient être audités en vue de corriger certains abus. D’autres mesures comme la mise en œuvre effective de la loi 034 sur le foncier, le paiement de taxe en cas de non exploitations des terres achetées, l’orientation des investisseurs dans les zones déjà aménagées à cet effet, pourraient permettre d’arrêter l’hémorragie si toutefois, il y avait la volonté politique. Le hic est que ceux-là même qui sont censés corriger cette injustice font partie des accapareurs. Il suffit de jeter un coup d’œil sur la publication des biens des membres du gouvernement de la transition, à commencer par les premiers responsables, pour comprendre la délicatesse de la situation.

Ensuite, la recherche d’une véritable justice sociale au Burkina passe par la protection l’agriculture familiale. Cependant, le constat amer que l’on fait est que depuis plusieurs années, le politique à tout donner aux agrobusinesmen et très peu aux agriculteurs familiaux. Dans le cadre de la Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition (NASSAN), le gouvernement a attribué selon le Conseil des ministres du 15 octobre 2014, plus de 1440 ha de terre à quatre (04) sociétés nationales privées signataires pour des investissements ciblés dans la zone du pôle de croissance de Bagré en échange d’une contribution initiale annoncée par les membres du G8 d’un montant global de 319,9 milliards de francs CFA. Les investisseurs privés ont eu droit à des hectares de terres aménagées et à des reformes en vue de faciliter le climat des affaires dont des exonérations fiscales. Pourtant, souligne Marc Gansoré, le secrétaire général du Conseil de gestion de la Confédération paysanne du Faso, les paysans qui sont les vrais investisseurs dans l’agriculture, puisqu’ils vivent de cela, manquent d’encadrement nécessaires et de moyens de productions adéquates pour vivre de leur métier. Conséquence, a noté Souleymane Ouédraogo, chercheur à l’INERA et ex-Directeur général de la promotion de l’économie rurale (DGPER), 75% des paysans sont paradoxalement touchés par la faim. De ce fait, investir dans l’agriculture familiale, est non seulement une question de justice sociale mais aussi de sécurité alimentaire.

« Seul le paysan peut révolutionner l’agriculture parce qu’il vit de cela »

En effet, toutes les études montrent que jusqu’à présent, l’agriculture familiale demeure la première source d’emploi et le premier fournisseur de produits alimentaires au niveau mondial. Au Burkina Faso, malgré toute l’attention dont les investisseurs privés et les agrobusinessmen bénéficient, leur contribution à la production céréalière reste très peu perceptible. Les études réalisées par le Groupe de Recherche et d’Action sur le Foncier (GRAF), ont permis de comprendre que les rendements des agrobusinessmen n’étaient pas aussi satisfaisants, comparativement aux paysans qui occupent de petites superficies. La plupart du temps, ils finissent par jeter l’éponge. Toute chose qui fait dire au Dr Mahamadou Zongo que « L’agriculture n’est pas une activité de dimanche » pour dire que cela demande des qualifications et une connaissance du domaine. C’est pourquoi, soutient-il, seul le paysan peut révolutionner l’agriculture parce qu’il vit de cela.

Aussi dans un ouvrage collectif publié en 2014, les chercheurs du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), ont souligné que la lutte contre la pauvreté passe par un investissement conséquent dans l’agriculture familiale notamment en favorisant l’accès des paysans aux crédits et aux intrants.

Une autre point important à prendre en compte, est l’amélioration des conditions de vie des femmes. On ne peut pas effectivement parler de justice si l’autre moitié du ciel, principalement la femme rurale,croupit dans la misère alors qu’elle supporte plus de 60% de charges de travaux agricoles. En septembre dernier, à travers une campagne dénommée « Les femmes rurales, pour un Burkina sans faim », interpellaient les candidats aux élections pour qu’ils intègrent dans leur agenda, amélioration de leur condition de travail, à travers l’accès à la terre, au crédit, à l’encadrement, aux matériels de transformation. Sur les 14 candidats à la présidentielle, seulement deux ont daigné prendre part à la cérémonie solennelle de signature d’engagements des partis politiques. Beaucoup ont préféré se faire représenter. S’ils n’étaient pas de mauvaise foi, on devrait pouvoir retrouver dans leur programme politique quelques-unes des « dix mesures pour bâtir un Burkina sans faim » du manifeste des femmes rurales. Leur cri de cœur sera-t-il entendu par le politique ? En tous les cas, les femmes ont prévenu, elles sauront se défendre en temps opportun.

Enfin, il y a la question de l’accès des petits producteurs aux marchés. Or actuellement ce qui se dessine n’est guère reluisant. L’Accord de partenariat économique( APE), oblige les pays d’Afrique de l’Ouest dont le Burkina FASO à ouvrir ses marchés aux exportations européennes. Une grave menace plane sur l’agriculture familiale, la souveraineté alimentaire et la survie des petites unités de transformation locale, dans la mesure où il leur sera très difficile de faire concurrence avec les grandes industries européennes. Dans un contexte de libéralisation des échanges il revient aux autorités de protéger les plus vulnérables à travers des politiques agricoles efficaces en faveur des petits producteurs. En clair, promouvoir la justice alimentaire est du ressort de l’Etat. Car si les uns mangent et les autres regardent, il est certain que des révolutions naîtront toujours, comme le disait le président THomas Sankara.

Fatouma Sophie Ouattara

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