Crise sécuritaire: Le réseau YANDUANMA invite les burkinabè à l’acceptation de l’autre dans la différence

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Depuis quelques années on assiste à une dégradation continue de la situation sécuritaire au Burkina Faso. A cela s’ajoute une recrudescence des conflits communautaires. Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, les Médiatrices pour la Paix et la Réconciliation du Réseau YANDUANMA, invitent les burkinabè à la tolérance et à l’apaisement des cœur.

Cher-e-s compatriotes,

Cela fait exactement Sept (7) ans que notre pays subissait ses premières attaques terroristes. Depuis, nous assistons avec amertume à la dégradation continue de la situation sécuritaire de notre beau pays, autrefois réputé pour son hospitalité et sa stabilité sociale.  

A cette crise sécuritaire, sont en train de se greffer deux autres plus pernicieuses potentielles ou avérées si nous n’y prenons garde. Il s’agit des conflits communautaires sur fond de stigmatisation ethnique et malheureusement des ressentiments ou relents à caractère religieux porteurs des germes de confrontation entre adeptes de confessions différentes.

En effet, si le terrorisme est un facteur exogène d’instabilité en raison de son caractère transfrontalier et même mondial, la survenue des deux autres crises, résulte de notre incapacité collective et/ou individuelle, soit à prévenir les conditions objectives de leur éclosion, soit à actionner nos mécanismes endogènes de règlement des conflits  pour les apaiser ou les éradiquer.     

En effet, après avoir pris le temps d’analyser les messages haineux, d’appels au meurtre sur des paisibles citoyens, de stigmatisation de certaines communautés et les discours de certains leaders d’opinion qui circulent sur les réseaux sociaux, nous sommes très inquiètes en tant que femmes, mères de famille et éducatrices, et nous sentons interpellées en tant que citoyennes et patriotes.    

 Nous tenons à rappeler ici que la liberté d’expression et d’opinion est un droit fondamental pour tout citoyen et toute citoyenne. Il est reconnu et consacré autant par les accords internationaux auxquels notre pays est partie que par notre loi fondamentale en son article 8. Mieux, l’exercice effectif et la jouissance saine de ces droits  sont assurés au Burkina Faso par le Conseil Supérieur de la Communication (CSC) et le Ministère en charge des libertés publiques, comme c’est le cas dans la plupart des pays à travers le monde notamment avec l’avènement des nouveaux supports de communication.

Dans ces conditions et dans un climat sécuritaire délétère où l’existence de notre pays en tant qu’entité territoriale est menacée, les réseaux sociaux nous offrent d’énormes opportunités de rapprochement et d’union sacrée autour des valeurs de tolérance, de paix, et surtout de dialogue pour la recherche de solutions consensuelles pour abattre l’ennemi commun qu’est le terrorisme. Malheureusement leur usage abusif et anarchique donne à notre pays, la triste image d’un pays exposé à toutes sortes de violences et de dérives, d’instrumentalisation des communautés à des fins inavouées, bref, un pays dont les enfants s’affrontent et s’entredéchirent.

Ce tableau lugubre n’honore pas notre pays. Au demeurent, nous n’avons pas le droit, au nom de la jouissance de notre droit à la liberté d’expression et d’opinion, de brûler ce pays paisible que nous ont légué nos devanciers au prix d’une lutte acharnée contre le colonisateur, de sacrifices héroïques dont celui de leur vie.

C’est au regard de toutes ces considérations que nous, membres de Réseau YANDUANMA, Médiatrices pour la Paix et la Réconciliation,

– ayant pour vision :» « Un Burkina Faso paisible où ses filles et fils sont réconcilié-e-s, qui garantit le bien-être intégral des populations actuelles, tout en préservant les intérêts des générations futures » ; 

et pour Son objectif général : « contribuer à promouvoir la paix, la réconciliation, le vivre ensemble et l’équité sociale au Burkina Faso » ;

– convaincues par ailleurs que la violence et la vengeance n’ont jamais réussi qu’à exacerber les  problèmes au lieu de les résoudre ;

– Condamnons avec la dernière énergie les propos et messages de haine, de violence et de stigmatisation véhiculés par les réseaux sociaux ;  

– Marquons notre attachement aux valeurs de solidarité, de fraternité, et de tolérance, de cohésion sociale et du vivre-ensemble;

– Appelons ;

  • Nos frères et sœurs burkinabè à la sagesse, à la tolérance et à l’acceptation de l’autre dans sa différence ;
  • Les leaders d’opinions (coutumiers, religieux, sociaux…..) à sensibiliser leurs communautés et  bases respectives  à la retenue et à la proscription des propos porteurs de germe de la violence, de la division et de l’exclusion ;
  • Les parents et l’ensemble des éducateurs à assumer avec responsabilité leur rôle d’éducateurs à la citoyenneté de leurs enfants et des jeunes générations ;
  • L’État et ses instituions à responsabiliser les différents réseaux sociaux et à réguler la communication au public relativement aux  messages de haine, de stigmatisation, d’appel au meurtre, etc. 

                          Ouagadougou le 18 janvier 2023

             Anne KONATE / KONDE

  Présidente

Ancienne ministre, ancienne ambassadeure

Officier de l’Ordre National

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