La Fondation KIMI a participé au Sommet mondial des Leaders sur le Cancer du 30 septembre au 1er octobre et au Congrès Mondial sur le Cancer, du 02 au 04 octobre 2018 en Malaisie. « Traitement pour tous contre le cancer », c’est le thème de cette rencontre de haut niveau, à laquelle a pris part le gynécologue obstétricien, Pr Charlemagne Ouédraogo. De retour au Burkina, il nous décline la situation du cancer au plan mondial.
Vous revenez d’un sommet mondial des Leaders sur le cancer en Malaisie, parlez –nous des grandes lignes de cette rencontre ?
C’est un sommet classique parce qu’il se réunit régulièrement en marge du Congrès de l’Union Internationale de lutte Contre le Cancer (UICC). Ce sommet des leaders a réuni tous les grands acteurs de la lutte contre le cancer dans le monde, que ce soit à l’échelle institutionnelle, à l’échelle de système de santé ou à l’échelle individuelle des chercheurs. Tout le monde était au rendez-vous pour faire le point de la situation, de l’ampleur du problème du cancer dans le monde. C’était la première grande étape de cette rencontre. Ensuite, il s’agissait de comment est-ce que nous devons nous engager de façon solidaire à l’échelle mondiale pour lutter contre le cancer. C’est ainsi que ce sommet a partagé l’initiative « traitement pour tous contre le cancer », afin que beaucoup de pays puissent participer à cette campagne internationale afin que les différents pays puissent capter le dividende de ceci et s’inscrire dans un processus qui leur permet d’accélérer leurs stratégies pour lutter contre le cancer. Il était également question de discuter de la recherche et de voir l’état d’avancement de la recherche en matière de lutte contre le cancer. Il y a eu aussi la question de stratégies de plaidoyer pour qu’on puisse mobiliser beaucoup de ressources financières afin de lutter efficacement contre le cancer.
le pire est à venir si nous ne sommes pas bien organisés pour apporter une riposte conséquente à cette maladie.
En quoi le cancer est-il une préoccupation au niveau mondial ?
Lorsqu’on a présenté l’épidémiologie du cancer, on a vu que dans les 20 prochaines années ce qui va faire mal aux populations c’est le cancer, en raison de la multiplicité des facteurs de risques, de certains nouveaux facteurs de risque qui apparaissent et d’autres qui prennent de l’ampleur comme la cigarette. Quand on regarde un peu la répartition dans les pays, dans les continents, on se rend compte qu’au niveau du continent africain, il y aura de nombreux cancers malheureusement, les dispositifs de prise en charge n’étant pas très étoffés, ce qui fait que la mortalité par cancer sera encore plus importante dans les pays africains que dans les pays européens. C’est déjà beaucoup mais le pire est à venir si nous ne sommes pas bien organisés pour apporter une riposte conséquente à cette maladie.
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Quel est l’intérêt pour le Burkina de participer à ce sommet ?
Cela permet de se mettre à jour sur le plan de l’information. L’information pour diagnostiquer et soigner le cancer, l’information pour mieux organiser un plaidoyer afin d’attirer un intérêt particulier pour beaucoup d’organisations et de pays pour accompagner le Burkina et aussi marquer notre engagement à participer à cette initiative mondiale « traitement pour tous ». Aussi, il s’agit de voir comment nous pouvons nous engager pour participer à la campagne d’élimination du cancer du col de l’utérus. Le Burkina a été représenté et nous sommes revenus avec un certain nombre de carnets d’adresses et d’informations nouvelles qui vont nous permettre de capitaliser tout cela pour améliorer notre contribution dans la lutte contre le cancer au Burkina. La Fondation KIMI est membre de l’Union internationale de lutte contre le cancer, donc elle est tenue de participer aux différentes rencontres annuelles. Tout ce que nous captons comme dividende, nous le mettons au service du Burkina Faso à travers le ministère de la santé mais aussi à travers les infrastructures sanitaires et de recherche.
Nous savons que la Fondation KIMI est leader en matière de lutte contre le cancer, que va-t-elle alors envisager comme actions après avoir participé à ce sommet ?
Après ce sommet, nous retenons deux éléments essentiels sur lesquels nous devons travailler : il s’agit de l’adhésion aux deux types de campagnes : la campagne pour l’élimination du cancer du col de l’utérus qui est un problème au Burkina et la participation à la campagne « traitement pour tous contre le cancer ». Cette campagne pour l’accès du traitement pour tous comporte quatre piliers : la collecte de l’information à travers la mise en place de registre du cancer pour savoir quel est le type de cancer que nous avons et quel est son ampleur. Le 2e pilier c’est l’accès au dépistage, au diagnostic et au traitement des lésions précancéreuses que nous allons rencontrer. Le 3e pilier, ce sera les soins palliatifs. Le 4e pilier c’est le respect du calendrier thérapeutique. Chaque pays selon son niveau de développement peut décider de prendre un ou deux piliers et en faire sa locomotive. Déjà, on peut se féliciter au Burkina par ce que le gouvernement depuis deux ans a considéré que le cancer était un problème et a décidé à travers une mesure nationale d’offrir le dépistage et la prise en charge des légions précancéreuses du col de l’utérus gratuitement à toutes les femmes.
Est-ce que le plateau technique est bien fourni au Burkina en matière de traitement du cancer ?
Nous avons des compétences pour diagnostiquer et opérer le cancer, nous avons des compétences pour explorer le cancer, nous avons des compétences pour donner le traitement au cancer, notamment la chimiothérapie, nous avons des compétences en radiothérapie, mais malheureusement nous n’avons pas encore des infrastructures de radiothérapie. C’est un chantier qui est en cours à l’hôpital de Tengandogo et aussi il y a un projet de construire une unité de radiothérapie au CHU de Bogodogo et peut être que d’ici un an, nous pourrons soigner le 1er patient à travers la radiothérapie au Burkina.
Peut-on dire que le Burkina est outillé à présent en matière de lutte contre le cancer après cette rencontre ?
Le Burkina n’attendait pas cette rencontre pour s’outiller. Le Burkina avait déjà pris conscience de l’ampleur du problème et a développé un certain nombre d’initiatives pour s’outiller et s’armer pour lutter contre le cancer. Ces différentes rencontres ne font que nous donner encore des leçons et de la technologie pour améliorer nos stratégies non seulement d’offre de soins mais aussi de plaidoyer pour mobiliser beaucoup de ressources et beaucoup d’intérêts autour de notre combat contre le cancer.
Entretien réalisé par Assétou Maïga