Déplacés de Sirgadji dans le Soum : « Quand on n’a rien, on ne trie pas. On prend tout ce qu’on donne »

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Face aux attaques dont ils ont été témoins et victimes, l’ultime recours était de fuir leur village. Arrivés à Ouagadougou le 08 juin 2019, ces ressortissants de Silgadji, localité située à 60 km de Djibo, sont logés sur divers sites. A Panzani, quelques-uns ont accepté de raconter leur situation.

Sur le site de Panzani, ils sont au nombre de 253 dont 147 enfants et 47 femmes.  Des hommes, des enfants, des femmes enceintes, des nouvelles mamans, des personnes âgées, tous ont pris quelques bagages et sont partis de chez eux. Des vêtements étalés sur les murs, des plats et des marmites posées çà et là, de l’eau de lessive qui se mélange aux flaques d’eau de pluie et des personnes assises par petits groupes, tel est le spectacle qui s’offrait à nous dès notre arrivée sur le site. « On ne décide pas de tout quitter, de fuir avec sa famille et surtout avec des petits enfants comme ça sauf si on a plus le choix » explique Sidiki Sawadogo. « Quand on vient tuer ton voisin, à moins d’un kilomètre de chez toi, tu sais que le suivant c’est toi. On a préféré partir avec nos familles pour ne pas mourir » renchérit Oumarou Sawadogo.

A la question de savoir pourquoi ils n’ont pas choisi des villes plus proches de Silgadji, Sidiki Sawadogo répond : « nous n’avons personne dans ces villes. Ici à Ouagadougou, on a de la famille mais elles ne peuvent pas tous nous accueillir. »

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Ces réfugiés éprouvent quelques difficultés

Ils ont quitté leur village pour sauver leurs vies

Depuis leur arrivée, ils reçoivent les repas dans des kits deux fois par jour et une citerne d’eau tous les deux jours. Il y’ a une infirmerie proche du site où ils reçoivent des soins gratuitement. Nous leur demandons ce dont ils ont le plus besoin.  « Quand on n’a rien, on ne trie pas. On prend tout ce qu’on donne. On est venu avec peu de choses donc s’il y a des bonnes volontés qui peuvent nous aider, nous on prend tout » nous répond Mariétou Ouédraogo.

 « Dans notre hâte de partir, peu de femmes ont pu emporter leurs ustensiles de cuisine. C’est donc les marmites de la cantine de l’école que nous utilisons. Là aussi, on n’a pas du bois pour chauffer l’eau. Il y a des femmes qui viennent d’accoucher et elles ont besoin d’utiliser l’eau chaude mais il n’y a pas de bois de chauffe. On manque de nattes et lorsqu’il pleut, nous sommes dehors parce qu’il n’y a pas assez de place dans les salles pour nous tous. Cela nous expose à des maladies surtout les bébés »,  déplore Mariétou Ouédraogo.

A Silgadji comme dans certains villages de la province du Soum, il ne reste que quelques personnes. Les déplacés du site de Panzani espèrent que la paix revienne au Soum afin qu’ils puissent repartir. « Ce qu’on souhaite, c’est qu’on nous donne un endroit où rester en attendant que la paix revienne au Soum pour que nous puissions rentrer chez nous. » explique Sidiki Sawadogo. « Les salles de classes ne sont pas suffisantes. Il y en a 07 en tout pour nous tous et nous les louons à 12.500 francs le mois», poursuit-il.

A la recherche d’un travail

« On vient d’arriver mais on cherche du travail. Même si tout de suite, quelqu’un nous donne du boulot, nous sommes prêts parce qu’il faut qu’on trouve un moyen de réinscrire les enfants à l’école. Nos enfants ne vont plus à l’école depuis 2016. Les enseignants ont fui parce que des gens venaient les menacer avec des armes » conclut Oumarou Sawadogo.

Le 13 juin 2019, des agents du service social de Signonghin seraient venus leur proposer de les ramener dans les camps de réfugiés de Barsalogho et de Foubé. Une offre que ces déplacés ont déclinée.

                                                                                       Faridah DICKO

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