Évènement historique. Les étalons dames se sont qualifiées pour la première fois à une finale de la CAN . Quelle ne fut pas notre joie, notre fierté de voir nos filles, hisser le drapeau national à un tel niveau. Un symbole fort pour dire à toutes les petites filles et jeunes filles du Burkina : « Yes we can » . Oui! Nous pouvons aller aussi loin que nos rêves le permettent pour peu qu’on nous en donne les moyens.
Malheureusement, derrière cette réussite des Étalons dames se cache une dure réalité : le manque de considération pour les femmes et l’iniquité dans le monde du travail.
Prenons d’abord le cas de cette affaire de prime de Match! Comment expliquer que depuis leur qualification en octobre 2021 pour la CAN Féminine Maroc 2022, soit plus de 8 mois après, les footballeuses burkinabè n’aient toujours pas perçu leur prime de qualification si ce n’est que parce qu’elles sont des femmes?
A ce que l’on sache, le ministère du sport a servi les primes des Étalons aussitôt après leur qualification en 2021. Il en a été de même pour les Étalons locaux. Même les Étalons cadets qui viennent de rentrer du tournoi de l’UFOA B ne sont pas en reste.
Non content de cela on propose aux dames la modique somme de 300 000 f comme prime pour une telle qualification historique. Alors que la prime de match des Étalons s’élevait à 2 millions en cas de victoire, celle des dames a été fixée 500 000F . Du coup, elles n’auront droit qu’à la moitié de cette somme après deux défaites et un match nul.
En plus de ce traitement discriminatoire , il y a le manque de préparation des filles. Alors que les équipes féminines qu’elles doivent affronter ont pu voyager pour se mesurer aux autres, elles, ont dû se préparer avec des hommes sur place .
Même si les dames ont mouillé le maillot et livré de beaux matchs pour cette première expérience dans une CAN, il ne fallait pas être spécialiste pour voir que les conditions de préparation physique ont porté un coup à leur performance .
Dire que la fédération a pu faire partir une quarantaine de personnes pour supporter les dames alors qu’elles n’avaient droit qu’à une bouteille de jus pour 6 personnes.
Enfin, il faut dire que la communication autour de la participation des Étalons dames laisse à désirer. En dehors de quelques publications sur Facebook, rien dans la rue ne montre que le Burkina Faso participe à une compétition de ce niveau. Pour les matchs d’ouverture, la télévision nationale s’est juste contentée d’une retransmission en directe ni plus ni moins. Même sans sponsors, une émission avec des analystes avant et après match aurait donné plus de solennité à cet évènement.
Pourtant, l’émancipation de la femme passe aussi par le sport et le développement du sport féminin implique non seulement sa professionnalisation, mais aussi sa médiatisation.
C’est à se demander où sont passés tous ces entrepreneurs ou entreprises qui promettent des centaines millions aux Étalons lors de la CAN 2021. Même si comparaison n’est pas raison, si tous ces chercheurs de nom, mettaient ne serait-ce que le dixième de ce qu’ils sont prêts à donner aux Étalons, à la disposition du staff des Étalons dames, elles pourraient faire des merveilles et pourquoi pas donner au Burkina Faso, le titre de champion d’Afrique que les hommes n’ont pas encore réussi à lui donner.
Le piège qui a conduit les Étalons dames à cette situation est de n’avoir pas su négocier , au préalable, des primes pour cette compétition, comptant sur la bonne foi de la fédération.
Une grosse erreur que bon nombre de femmes commettent. Ainsi, pour le même travail, les femmes ont toujours été sous-payées.
Il est temps que cela change. En tant que femmes, nous devons tirer des leçons de cette affaire qui va au-delà même du sport. Nous avons de la valeur. Il nous faut donc apprendre à dire non quand ça ne nous convient pas et cela à tous les niveaux. En clair, nous devons exiger tout simplement du respect .