La Communauté d’action pour la promotion de la santé sexuelle et reproductive au Burkina Faso (CAPSSR-BF) a lancé officiellement le projet ‘’Ensemble pour un avortement légal, sécurisé, sans stigmatisation au Burkina dans la région du Centre’’, ce mercredi 31 mai 2018 à Ouagadougou. C’est un projet de plaidoyer pour vulgariser les textes juridiques et améliorer les procédures pour un accès à un avortement légal et sécurisé au profit des femmes.
Le taux de grossesses non désirées et des avortements clandestins va croissant au Burkina Faso, mettant en péril la vie de milliers de jeunes filles et de femmes. La CAPSSR-BF ambitionne donc de construire une société dans laquelle les femmes jouissent équitablement de leur droit. D’où le sens fondé de ce projet lancé officiellement selon la présidente de la CAPSSR-BF, Mariam Nonguierma, qui au moyen de plaidoyers veut rendre effectif les avortements prévus par la loi et sans stigmatisation. « Il y a quatre conditions qui donnent droit à un avortement légal et ce projet est là pour faire un plaidoyer auprès des parlementaires, des autorités politiques et des leaders coutumiers et religieux pour que cela soit réel. Il s’agit de cas de grossesse incestueuse, de grossesse issue de viol, dans le cas où la vie de la mère est en danger et si l’enfant n’est pas compatible avec une vie normale (malformation) », a-t-elle signifié. A l’entendre, le délai pour avorter est de 10 à 12 semaines de grossesse.

En abondant dans le même sens, la coordonnatrice de la CAPSSR-BF, Awa Yanogo dira que ce projet veut une harmonisation des textes relatifs à la santé de la reproduction pour parvenir à un avortement sécurisé. « Notre objectif est d’améliorer les procédures parce qu’il y a des femmes qui répondent à ces critères mais, compte tenu de la lourdeur de ces procédures, le temps qu’on met pour statuer ne les profite pas toujours. Soit, elles ne peuvent plus avorter parce que le délai est dépassé soit, elles ont déjà accouché. Dès lors, ces mesures ne sont plus efficaces et certaines optent de jeter l’enfant», s’est-elle exprimée.
Il s’agira au cours de ces trois ans d’exécution du projet de mener des activités, entre autres la formation d’officiers de police judiciaire, des responsables de districts etc. Des rencontres sont également prévues avec les parlementaires, les leaders coutumiers et religieux et avec certains ministères concernés par la question. Sept villes du Burkina seront touchées par ce projet y compris Ouagadougou. Il s’agit de Bobo Dioulasso, de Gaoua, de Koudougou, de Ouahigouya, de Manga et de Tenkodogo.
Une campagne est prévue se tenir dans toutes ces localités pour informer et sensibiliser les populations sur les inconvénients des avortements clandestins et vulgariser en même temps les textes juridiques qui existent en matière d’avortement légal.

L’article 387 ayant déjà été adopté au niveau de l’Assemblée Nationale, il est question maintenant selon les initiateurs de ce projet de limiter les stigmatisations à l’endroit des victimes par le plaidoyer. L’avortement sécurisé dont il est question justement au sens de Mariam Nonguierma, est un avortement qui est fait dans des conditions médicales sans risque pour la femme, dans un milieu propre qui écarte tout décès lié à l’hémorragie ou à l’infection.
C’est un projet qui vise va-t-elle rappeler à assoupir les textes, les procédures administratives et judiciaires, pour que le délai de leur application ne soit pas pénalisante pour ces filles ou ces femmes. Et pour que celles-ci ne soient plus jamais marginalisées et rejetées par la société.
Assétou MAIGA