Esther Boschung: la source vitale des enfants en situation de handicap à Ziniaré

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Elle s’appelle Esther Boschung, une Suissesse qui vit au Burkina depuis dix ans. En déposant ses valises sur cette terre du Burkina, Esther s’est donnée pour mission d’être au service des enfants en situation de handicap. Basée à Ziniaré, l’association Paas Neere qu’elle dirige, veut redonner plus de vie aux personnes démunies. Rencontre avec une  humaniste dans l’âme.

Queen Mafa : L’association Paas Neere dont vous êtes la directrice, quel sens revêt-elle ?

Esther Boschung : L’association Paas Neere signifie ‘’ajouter du meilleur. Prendre un enfant par la main et l’amener vers demain’’. Le centre a ouvert ses portes en 2006 au Burkina et en Suisse, l’association a été créée en 2009. Le centre a été reconnu comme ONG au Burkina en 2010. Nous suivons le parcours de 65 enfants. Ils ne sont pas tous avec nous au niveau de l’association, il y a certains qui sont dans les familles, mais les plus handicapés vivent au centre. Nous sommes une grande famille et les pensionnaires sont totalement pris en charge. Ils mangent, ils dorment, ils jouent, nous faisons des sorties, des courses d’école, etc. C’est la grande famille Paas Neere.

Pourquoi avoir choisi de vous intéresser personnellement aux enfants en situation de handicap ?

En Suisse déjà, je travaillais dans le milieu des personnes handicapées et la première fois que je suis venue pour faire du bénévolat ici au Burkina, c’était dans ce centre Paas Neere. Je ne suis pas la fondatrice, c’est un Burkinabè qui en est l’initiateur. C’est du côté de la Suisse que je suis la fondatrice. Aussi, j’ai remarqué ce besoin, cette envie de découvrir, cette envie d’apprendre et c’est ce qui m’a motivé à venir au Burkina et finalement j’y suis restée. Je me suis dite que je pouvais être utile à quelqu’un. Je suis la directrice du centre mais j’essaie maintenant depuis une année de déléguer, parce que il y a quand même des gens qui sont là avec moi depuis le début. J’aimerais un peu me retirer aujourd’hui.

Que faites-vous concrètement pour ces personnes en situation de handicap ?

Nous les préparons pour entrer à l’école publique et nous les suivons pendant le parcours scolaire pour qu’ils soient vraiment intégrer dans la société. L’association Paas Neere veut ajouter du meilleur auprès des personnes handicapées, jeunes handicapés ou adultes handicapés. Nous leur procurons si besoin y est de moyens de locomotion par des tricycles ou motos adaptées, des prothèses, nous leur prenons en charge médicalement (rééducation et appareillage, soins). Aux enfants qui sont en brousse, nous leur offrons la possibilité de venir à Ziniaré et ils bénéficient d’un suivi tout au long du parcours scolaire. Un foyer pour filles et enfants handicapés a vu le jour en 2010. L’association prend en charge les formations professionnelles (formation de filles handicapées en recyclage des sachets plastiques, couture, tissage, brevet d’étude etc.) C’est très important pour nous que ces enfants soient intégrés dans la société.

Quelle appréciation faites-vous alors de leur insertion sociale ?

Ça se passe bien. On a rencontré parfois des difficultés au niveau des enseignants parce qu’ils ont un peu peur de la différence, quand on voit un enfant qui a une prothèse de jambe, on se demande si on va pouvoir le gérer, mais l’enfant déjà même est conscient de sa situation et sait comment la gérer. J’essaie de rassurer les enseignants et en général ça se passe bien.

Vous avez laissé votre famille pour être au chevet des handicapés au Burkina, quel peut être l’intérêt d’un tel choix ?

C’est un choix de vie. J’ai deux grands enfants et je suis deux fois grand-maman. Eux, sont en Suisse et moi ici, mais c’est un choix de vie. Je pense que quel que soit la couleur de la peau, il n’y a pas de différence entre les êtres humains. C’est le cœur qui compte. Je me sens bien au Burkina et je vais y rester aussi longtemps que ma santé me le permet et si les Burkinabè veulent bien me garder.

Assétou Maïga
assetou.maiga@www.queenmafa.net

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