Toujours en face de l’écran d’ordinateur, nos yeux souffrent et peuvent en être sérieusement affectés. Comment minimiser alors les effets de l’écran sur cet organe sensible qu’est l’œil ? A l’occasion de la journée mondiale de la vue célébrée chaque 12 octobre, l’ophtalmologiste Dr Yolande Tapsoba de la clinique ophtalmologique ‘’La Providence’’ donne des conseils.
Queen Mafa: Nous sommes de plus en plus en contact avec l’ordinateur, quels risques nos yeux courent-ils ?
Dr Yolande Tapsoba: Travailler sur un ordinateur tout le temps nous expose à certains désagréments notamment la sécheresse oculaire mais aussi la fatigue visuelle. Quand on est sur un ordinateur, on est tellement concentré qu’on ne cligne pas très souvent les yeux. Du coup les larmes sèches et après, on a des yeux deviennent un peu secs et commencent à picoter et à larmoyer.
L’ordinateur peut aussi révéler un problème de vision préexistant que la personne ne connaissait pas. Ma vision est floue quand je lis le texte d’une certaine police. Là, lorsqu’on reçoit la personne en consultation, on se rend compte qu’en réalité, elle ne voit pas très bien. Parfois, sur l’ordinateur on ne se rend pas compte qu’on ne voit pas bien parce que l’ordinateur est à une distance assez réduite par rapport aux yeux.
Quels types de lunettes sont-t-ils recommandés pour supporter la luminosité de l’ordinateur ?
Ce qu’on recommande en général, ce sont des verres protecteurs avec des antireflets surtout pour l’ordinateur. Les antireflets vont atténuer la luminosité de l’écran et permettent de moins fatiguer les yeux. Les yeux sont des muscles qui se fatiguent et il faut penser à les reposer de temps en temps.
Nécessitent-elles une prescription médicale ?
Oui. Sur prescription médicale pour avoir les différentes options possibles parce qu’il y a plusieurs types d’antireflets. Vous avez des antireflets spéciaux pour ceux qui travaillent essentiellement sur les ordinateurs. Vous avez des antireflets pour ceux qui ne supportent pas du tout la lumière, et il y a des antireflets classiques que vous verrez sur la plupart des verres correcteurs. Sans consultation, on vous donnera des verres neutres sans aucune correction avec des antireflets.
Que pensez-vous des lunettes portées habituellement pour se protéger de la poussière ou du soleil ?
Pour les verres solaires, il n’y a pas de problème. Seulement on a constaté que des gens achètent des verres au bord de la route qui sont parfois un peu corrigés, c’est-à-dire des verres correcteurs, mais eux même ne s’en rendent pas compte.
Comme on a l’habitude de contrôler systématiquement les verres que les patients amènent, on se rend compte que ce ne sont pas des verres simples, ils sont quand même parfois nocifs pour ces personnes.
Aussi, ce ne sont pas tous les verres qu’on trouve au bord de la voie qui sont traités avec des antireflets. La plupart d’ailleurs ne l’est pas, parce qu’ils viennent d’Europe et là-bas, ils n’ont pas beaucoup de soleil et prennent d’autres mesures parce qu’ils ont des écrans protégés.
Y a-t-il une durée recommandée par jour pour être en contact avec l’ordinateur ?
Il n’y a pas de durée par jour pour être face à l’ordinateur mais, il faut penser à prendre des pauses. Quand on travaille pendant deux heures de temps, on peut prendre 5 à 10 minutes de pause, où on n’est plus face à l’écran, on laisse nos yeux se reposer et on reprend.
Quelles sont les astuces pour protéger efficacement nos yeux contre les effets de l’ordinateur ?
L’astuce déjà c’est d’avoir son écran placé d’une certaine façon par rapport à ses yeux. Les gens aiment bien avoir leur écran tout droit devant leurs yeux, mais il faut le pencher tout juste un peu vers l’arrière. Cela diminue la luminosité naturellement, sinon l’œil est agressé et se fatigue beaucoup plus vite. L’autre astuce, c’est d’avoir des verres protecteurs, c’est l’idéal.
En dehors de l’ordinateur, y a t-il d’autres facteurs de risques pour nos yeux ?
La poussière, la fumée, la pollution sont des éléments qui agissent fortement sur les yeux. Un autre facteur de risque est qu’on aime bien se saluer, se serrer la main, et après on se gratte l’œil sans même penser à se désinfecter les mains ou les laver. Du coup, on peut s’attraper une conjonctivite facilement.
Aussi, un facteur de risque qui est indépendant de la volonté de la personne, est lié aux facteurs de risques familiaux. On peut avoir des affections oculaires dans la famille qui sont transmises de génération en génération. A l’occasion par exemple d’une consultation de routine, on peut détecter cette maladie.
Quelles sont les maladies les plus fréquentes en ophtalmologie au Burkina ?
Dans ma pratique de tous les jours, on a les conjonctivites. Elles peuvent être bactériennes et se transmettent par les mains sales. C’est une allergie parfois liée à la personne, à l’alimentation ou à la poussière.
On a le glaucome qui est une maladie très sérieuse pour ne pas dire grave. C’est une maladie qui ne fait pas en général mal aux yeux, qui donne parfois des maux de tête, qui ne disparaissent pas après la prise d’antalgiques. Elle peut rendre aveugle si la prise en charge n’est pas précoce. En consultation on la recherche systématiquement lorsqu’on reçoit un patient.
La cataracte est une maladie très fréquente surtout dans les provinces. Avant, on la retrouvait chez les personnes d’un certain âge, mais de plus en plus, de jeunes font cette maladie.
On a le ptérygion, c’est une membrane qui pousse à cause des intempéries à savoir le soleil, la poussière, le climat sec.
Leur prise en charge est-elle effective ?
Pour ce qui est du glaucome, c’est essentiellement par la médication. Des collyres que la personne doit mettre dans ses yeux tous les jours sans arrêt parce qu’on ne guérit pas de cette maladie parce qu’elle est génétique. On le traite avec des anti glaucomateux.
Pour la conjonctivite, c’est un traitement anti allergique pour les conjonctivites allergiques, des antibiotiques pour les conjonctivites bactériennes. Quant à la cataracte, son traitement est purement chirurgical.
Le ptérygion se traite chirurgicalement aussi mais, il y a plusieurs stades. Quand c’est tout petit, on préfère attendre, on fait un traitement pour éviter que les yeux rougissent parce que les personnes qui ont cette pathologie ont tout le temps les yeux rouges, c’est d’autant plus embêtant quand c’est une femme parce qu’il y a l’esthétique qui joue.
Parfois, il n’évolue pas mais, chez d’autres personnes il peut évoluer jusqu’à faire baisser la vue. En ce moment, on leur propose la chirurgie pour enlever cette membrane qui pousse.

Assétou MAIGA