Le gouvernement du Burkina Faso a décidé de la gratuité des soins de santé au des enfants de 0 à 5 ans et des femmes enceintes. Cette décision est déjà en vigueur depuis le 2 avril dernier. Sur la question, Seydou Drabo doctorant en anthropologie de la santé est très sceptique quant à la mise en œuvre concrète de cette volonté gouvernementale.
Le gouvernement du Burkina Faso a décidé de la gratuité des soins de santé au des enfants de 0 à 5 ans et des femmes enceintes. Cette décision est déjà en vigueur depuis le 2 avril dernier. Sur la question, Seydou Drabo doctorant en anthropologie de la santé est très sceptique quant à la mise en œuvre concrète de cette volonté gouvernementale.
De prime abord le chercheur avoue que toute action de gratuité entreprise dans un pays comme le Burkina Faso où la majorité de la population est pauvre est la bienvenue. Pour lui, faciliter l’accès à la santé est une très bonne initiative prise par les nouvelles autorités. C’est pourquoi la décision de la gratuité des soins de santé qui vient à peine de débuter est saluée de part et d’autre. « Le principe du système de santé c’est de permettre aux pauvres d’accéder aux soins, notamment les couches vulnérables qui sont les femmes et les enfants», explique-t-il. Cependant, notre chercheur émet beaucoup de doutes sur la réussite d’une telle politique : « Je suis très sceptique par rapport à la faisabilité de cette décision gouvernementale. Ça ressemble plutôt à une mesure populiste des autorités actuelles pour encore berner nos populations ». En effet, il explique sa position en se référant aux actions similaires qui ont été posées de par le passé, quand bien même il y a eu un changement à la tête de l’Etat.
« Avant cela, il y a eu la politique de l’exemption pour les pauvres. Cela n’a apporté aucun résultat probant en matière de soutien des populations dans la quête de leur santé. Après, il y a eu la politique des subventions où l’accouchement était subventionné à 3600F CFA dans les grands centres de santé et 900 FCFA en milieu rural. La césarienne à 11000 FCFA. Mais, sur le terrain nous n’avons constaté que des échecs », confie l’anthropologue. Les raisons de ces échecs ne sont pas imputables aux populations qui honoraient toujours leur engagement, poursuit-il, mais à l’autorité parce que le système de santé n’arrivait pas à répondre aux besoins. Les kits étaient, la plupart du temps manquants. Et, en ce moment les populations se trouvaient dans l’obligation d’acheter les produits sans accompagnement. « Lorsque vous vous trouvez dans un système de santé qui est très faible, quelque que soit la politique qui sera adoptée rien ne va marcher », admet le scientifique et d’ajouter « On a dit gratuité de la césarienne. Souvent après l’opération, il y a des femmes qui se trouvent confrontées à d’autres difficultés, en ce moment elles sont transférées dans des unités de soin ne faisant pas partie du service de la maternité. Et là c’est la désillusion», fait-il observer.
Le gouvernement a mis l’accent sur l’accès à la santé et non sur l’offre
Selon ce dernier, plusieurs incompréhensions sont liées à cette action de l’État qui devrait d’ailleurs dans la pratique, soulager plus d’uns. Poursuivant sa critique, notre interlocuteur indique que le gouvernement a mis l’accent sur l’accès à la santé et non sur l’offre. « L’agent de santé a besoin d’un minimum. Il faut également des motivations incitatives à leur endroit car ils feront davantage face à un nombre croissant de patients. », Soutient le doctorant. Pour lui, quand on parle de la santé maternelle, ce n’est pas seulement des décisions politiques qui peuvent résoudre le problème. Mais plutôt un regard pluridisciplinaire et une concertation de tous les acteurs à la base devrait être fait avant l’application effective de cette politique. Aussi, selon l’anthropologue, les autorités devraient communiquer énormément sur la question avant sa mise en œuvre effective. Et, de conclure dans un esprit pessimiste que nonobstant la volonté du gouvernement d’alléger les charges des populations, la politique de la gratuité des soins de santé telle que amorcée, est vouée à l’échec.
Ismaël Lompo