Mécontente des propos tenus par le ministre de la Sécurité intérieure Simon Compaoré, l’union des chauffeurs routiers du Burkina (UCRB) observe un arrêt de travail illimité depuis, hier mercredi 9 aout 2017.Constat à la gare de l’Est à Ouagadougou, ce jeudi 10 août 2017.
Des cars immobilisés, des chauffeurs en vadrouille, de nombreux passagers ne sachant pas à quel saint se vouer, tel est le constat que l’on pouvait faire, dans l’enceinte de la gare de l’Est, sis à Dassasgho. Assis sur un banc, sur une natte ou simplement sur leur valise, les voyageurs sont en attente d’un car qui va leur permettre d’effectuer leur voyage.
Un bidon d’eau en main, l’air fatigué, un passager, assis sur un banc ne souhaite qu’un dénouement heureux de la situation « Je devrais prendre la route tôt ce matin pour le Bénin mais je n’ai pas pu le faire à cause de la grève. Cela va beaucoup jouer sur mes affaires. J’invite les autorités à se mettre autour d’une table afin de décanter la situation », a-t-il conseillé.
Même son de cloche du côté de son voisin qui va également au Pays de Mathieu Kerekou « Même si les autorités sont en position de force ils doivent contrôler leur manière de parler afin de nous éviter ce genre de situation » dénonce-t-il.
Les faits remontent en début Aout. Une vidéo publiée sur les réseaux sociaux montre des hommes de tenue en train de bastonner des individus qui seraient des chauffeurs routiers. Pour cause, ces derniers auraient refusé de payer la taxe UEMOA lors d’un contrôle à Cinkassé.
Très remontée ces actes de violences sur leurs membres, la réaction de l’UCRB ne s’est pas fait attendre. Une grève de 48h a été observée du 3 et 4 aout dernier.
Alors que tout semblait rentrer dans l’ordre après un accord tripartite avec le gouvernement, des propos de Simon Compaoré à Tenkodogo, rapportés par le quotidien d’État Sidwaya viennent à nouveau mettre les transporteurs routiers en colère.
« Vous n’avez rien à vous reproché, ni vous, ni la gendarmerie. Jusqu’à demain, l’autorité de l’état va s’affirmer. Vous avez notre soutien. Personne ne sera arrêté parce que vous ne méritez pas d’être arrêtés. Si on doit vous embastiller, c’est moi d’abord et vous ensuite », aurait déclaré Simon Compaoré à ses troupes.
Ce discours, qui aux yeux des chauffeurs ressemble plutôt à des « félicitations » pour avoir usé de la violence sur leurs membres, fâche à nouveau l’UCRB. Ainsi, un nouvel arrêt de travail est observé depuis ce mercredi 9 août 2017 sur toute l’étendue du territoire.
De son coté, Hamidou Dicko, chef de Gare de son état regrette les conséquences de cette grève mais souligne sa nécessité . «C’est malheureux de voir tous ces gens qui n’ont pas pu bouger, mais ce n’est pas notre faute. Nous avons énormément perdu mais on ne peut pas faire des omelettes sans casser les œufs. Nous avons perdu hier et aujourd’hui. Si la situation reste telle nous sommes prêts à perdre de nouveau », prévient –il.
Selon Issa Oubda, chauffeur à la gare de l’Est, le dialogue doit être privilégié. « Je demande aux autorités de trouver un terrain d’entente avec les chauffeurs pour arrêter cette grève. Elles doivent inviter les chauffeurs et les gendarmes à s’entendre car ils sont tous là pour nous », a- t-il invité.
En plus d’une paralysie du secteur du transport, cette grève risque d’occasionner d’une pénurie de carburant au niveau des stations.
Lala Kaboré /Dera
Madeleine Kienou