Ministre de la femme et de la promotion du genre jusqu’à l’insurrection populaire, Dr Nestorine Sangaré est certainement l’une des figures ayant marquées le dernier gouvernement de Blaise Compaoré. Engagée pour l’épanouissement de la femme, elle poursuit son combat aujourd’hui dans la société civile à travers le Centre de Recherche et d’Intervention en Genre et Développement (CRIGED) qu’elle a fondé depuis 2006.
Que devient Nestorine Sangaré après son passage dans le gouvernement ?
J’ai repris la direction exécutive du Centre de Recherche et d’Intervention en Genre et Développement (CRIGED) depuis fin février 2 018. Je suis présentement à la Direction générale de l’Agence nationale de Valorisation des Résultats de la Recherche et des Innovations (DG/ANVAR). Ayant fait une thèse de doctorat sur les facteurs d’échec des transferts de technologies en 2000 au Canada, les responsables du ministère ont pensé que mon profil peut être utile dans le cadre de la révision de la Stratégie nationale de valorisation des résultats de la recherche et des innovations et à son opérationnalisation.
J’ai compris la complexité des actions politique et gouvernementale, parce que de l’extérieur on les juge sans bien comprendre
Que retenez-vous de votre passage dans le gouvernement ?
C’était une très belle expérience. J’ai appris de l’intérieur les réalités de la dure leçon de la gestion des affaires politiques, administratives et sociales. J’ai compris la complexité des actions politique et gouvernementale, parce que de l’extérieur on les juge sans bien comprendre. J’ai appris aussi la difficile gestion des hommes.
Cette expérience vous rend-elle plus indulgente ou plus critique envers le gouvernement actuel ?
Je suis plus indulgente, mais je suis aussi toujours critique parce que l’action politique est une continuité et dans notre contexte, on a toujours l’impression qu’on tourne en rond. Personnellement, c’est une situation qui me fait de la peine car, plus on élabore et on met en œuvre des politiques et programmes, plus les problèmes semblent nombreux et l’insatisfaction des citoyens demeure constante. Au ministère de la femme, il fallait souvent faire des miracles avec très peu de ressources humaines et financières.
Je veux pouvoir avoir la liberté d’expression tout le temps pour critiquer et donner mon opinion quand il le faut, sans me sentir limitée par ma fonction
Êtes-vous prête à entrer à nouveau dans un gouvernement ?
Je dirai a priori non à cause de tout ce que mon expérience de ministre novice passée m’a coûté sur le plan professionnel, économique, social et familial. Dans une position gouvernementale, il faut réapprendre à parler, à agir, à vivre ; c’est très contraignant et parfois frustrant. Je veux pouvoir avoir la liberté d’expression tout le temps pour critiquer et donner mon opinion quand il le faut, sans me sentir limitée par ma fonction. En considérant mon parcours professionnel, je pense que je m’épanouis plus dans des positions techniques
Il y a certainement des actions que vous auriez souhaité réaliser ou achever. Lesquelles ?
Oui bien sûr ! A un certain niveau, j’ai un goût d’inachevé et même sur certains projets, un sentiment d’échec. J’ai travaillé très dur et je voulais voir les résultats en termes d’autonomisation et d’amélioration des conditions de vie des femmes et des filles.
Hier ministre, aujourd’hui chanteuse, parlez-nous de cette vocation ?
J’ai pu enfin faire ce que j’aime. Je rêvais vraiment de faire un album car je chante depuis longtemps. Il n’y a pas de chronologie entre différentes occupations. Je chante depuis mon enfance parce que je veux louer Dieu pour tous ces bienfaits dans ma vie. Je chantais les dimanches à l’église même quand j’étais au gouvernement.
Que faites-vous de vos temps libres ?
Je n’en ai pas beaucoup, mais quand j’en ai, j’écoute la musique et je fais la cuisine pour la famille.
Deux défauts ?
Je suis retardataire et je fais confiance facilement aux gens.
Deux qualités ?
Selon ce qu’on me dit, je suis généreuse et toujours optimiste.
Assétou MAIGA