« J’ai toujours un problème avec les préjugés autour des femmes artistes »,Malika la slameuse

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Elle est d’une jovialité à contaminer n’importe quel cœur endurci. Normal, elle a le vent en poupe. En peu de temps, Malika La slameuse s’est imposée comme l’une des artistes féminins les plus célèbres au Burkina Faso et qui plus, dans un genre musical tout à fait inattendu : le slam.  L’artiste distinguée récemment meilleure artiste féminin People à actu cool Awards a ouvert son cœur à la rédaction de Queen Mafa mag.

 

Queen Mafa : Pourquoi avoir choisi le slam comme forme d’expression musicale ?

 Malika la slameuse : Il y a autant de définitions de slam qu’il y a de slameurs et de spectateurs de scène slam. Le slam, c’est avant tout une bouche qui donne et des oreilles qui prennent. C’est le moyen le plus facile pour moi de partager des émotions et l’envie de jouer avec des mots. Le slam est beaucoup plus adaptable que les autres arts, en ce sens que lorsque vous mettez du slam sur du reggae ça passe. Vous mettez le slam sur du RNB les jeunes vont adorer. Vous faites du slam à l’état pur, nos grands-parents, nos parents vont adorer.  Le slam est beaucoup plus adaptable. C’est le moyen le plus facile pour moi de véhiculer un message et je me sens bien dedans.

Votre chanson « ça va les étonner » en featuring avec will be black ne cesse de tourner en boucle dans les stations télé et radio et même sur les réseaux sociaux. S’agit-il d’une histoire réellement vécue ?

Oui l’artiste s’inspire toujours de ce qu’il vit. Avant, j’étais danseuse de hip hop et Will be black également. C’est d’ailleurs dans la danse que l’on s’est connu. Au fil du temps, chacun a abandonné la danse.  Lui pour faire du rap et moi du slam. Vous remarquerez que dans la chanson, on dit qu’on « a grandi mais on n’a pas oublié » « toutes ces foules qu’on a autrefois rendues folles alliées », quand on faisait des compétitions de danse.

D’ailleurs dans le clip, c’est mon groupe de danse qui y est. Eux, ils continuent, moi j’ai quitté, mais c’était pour rendre hommage à tous ces danseurs qui continuent de prendre la danse comme un art, une passion. Donc cette chanson, c’est du vécu, et je sais que beaucoup s’y retrouvent.

Dans cette mélodie on vous retrouve dans un style un peu différent d’où est venue cette inspiration ?

Le style était un peu différent.  Comme je l’ai dit plus haut, le slam est beaucoup plus adaptable. Lorsqu’on fait du slam, généralement le public est composé de slameurs. Je l’ai dit dans un de mes textes, je ne fais pas du slam pour les slameurs, je fais le slam pour tout le monde. Il y a un public majoritaire qui se trouve dans les maquis, les boîtes de nuit que le slam n’arrive pas à atteindre. Il fallait faire du slam sur de la rythmique d’où le featuring avec will be black sur un genre qui est beaucoup joué en boîte et dans les maquis. C’est pour cela que ça a beaucoup plu. On l’a adapté au goût de la jeunesse d’aujourd’hui.

 Quels sont vos projets actuellement ?

Le premier album est sorti et a fait son cours. Nous sommes en préparation du deuxième album et cette fois-ci nous allons viser le plan international. Le premier objectif était de m’imposer en tant que femme, d’où le nom Malika la slameuse pour dire voilà au moins une fille dans le slam. Après, je me suis rendu compte que la lutte n’était pas là, qu’il fallait imposer le slam lui-même dans la culture burkinabé, voilà pourquoi le premier album a visé le plan national pour essayer d’imposer le slam. On n’est jamais satisfait mais je crois que l’objectif est atteint, l’album a rapporté des trophées : « le Kundé de la révélation en 2016 », « le Kundé du meilleur featuring avec Rose Sabine en 2017 », meilleur album slam de la FDS. Également meilleure artiste slameuse les « victoires du hip hop » et récemment meilleure artiste féminin people « Actu cool Awards ».Le deuxième album sortira en Janvier 2018.

Vous avez associé votre voix à plusieurs actions de plaidoyer notamment contre les grossesses non désirées en milieu scolaire et l’hymne à l’éducation des jeunes filles. Malika est-elle féministe ?

 

Je ne le dirai pas ouvertement, mais je pense que toute femme d’une manière ou d’une autre est féministe. On se bat, on crée des occasions pour qu’il y ait une égalité sur certains plans. Sur le plan des opportunités et des droits, que ce soit les opportunités sociales, culturelles ou économiques, qu’il y ait les mêmes faveurs du côté des femmes et des hommes. Pour moi, toutes les femmes sont féministes, chacune à sa manière.

Un message spécial pour toutes les femmes du Burkina Faso.

 J’ai toujours un problème avec les préjugés autour des femmes artistes.  Actuellement ma lutte principale est de lutter contre les préjugés autour des femmes artistes.  Au début, ce n’était pas évident, vu mon statut de femme et de musulmane. Il y avait beaucoup de non-dit et d’interdit. Il fallait lutter pour garder certaines valeurs, tout en excellant dans l’art. Dieu merci, aujourd’hui on est un exemple pour beaucoup. A toutes les femmes, je dis qu’il faut mettre dedans ce qu’on fait. Quand c’est par amour quelle que soit la difficulté, tu tiens.  Il faut aussi de la détermination et du courage surtout.

Entretien réalisé par Michel Ouattara

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