Arice Siapi est réalisatrice, productrice et scénariste camerounaise. Grande passionnée du cinéma africain, elle voit le Burkina comme une terre d’opportunités et bien ancrée dans le domaine cinématographique, où elle vient se ressourcer régulièrement. Dans cet entretien, elle montre la nécessité de booster le secteur du cinéma.
Queen Mafa : qui est Arice Siapi et pourquoi êtes-vous au Burkina?
Arice Siapi: Je suis camerounaise, réalisatrice, productrice et scénariste. Je dirige aussi un festival de cinéma dans la partie nord du pays. J’ai fait mon premier film en 2003, un court métrage de 20 minutes, un film muet accompagné de musique. J’ai fait ce film pour le présenter à un festival dans mon pays en 2004. J’ai compris entre temps qu’il faut arriver à présenter un film à un festival pour commencer à avoir un chemin. Ce film a attiré l’attention d’étrangers et je suis allée en Belgique pour me former où j’ai pu réaliser un film. De formation en formation, j’ai pu faire mon chemin ainsi.
Par la suite, j’ai pu faire une formation de productrice. J’ai fait une série de 26 épisodes de 26 minutes, 4 films de fictions, 3 documentaires qui ont marché à l’international, j’ai fait beaucoup de films à l’institutionnel, en gros j’ai réalisé une quarantaine films.
J’ai eu des prix sur des projets surtout, mais qui n’ont malheureusement pas encore vu le jour, par faute de financement. J’ai eu le 2e prix documentaire au Discop Africa en Afrique du Sud en 2014 et le premier prix documentaire au Discop Abidjan en 2016.
Je suis venue depuis un mois pour une formation son chez monsieur Gaston Kaboré, puis à un festival en Afrique de l’ouest, et aux Journées cinématographiques de la femme africaine (JCFA). Je suis là pour apprendre en matière de cinéma et je fais régulièrement de longs séjours.
Quelle lecture faites-vous de l’engagement des femmes dans le cinéma africain à l’heure du numérique ?
Nous n’avons jamais tourné avec l’analogique. Nous ne connaissons que le numérique mais j’imagine que ça n’a pas été facile avec l’analogique, parce que ce n’est pas simple déjà avec le numérique.
Quant à l’engagement des femmes dans le cinéma, il faut dire que le cinéma a toujours été perçu comme une chose d’homme. Ici au Burkina, on se rend compte que les femmes mêmes sont plus impliquées dans le cinéma qu’au Cameroun. Nous femmes, avons un défi à relever pour nous affirmer et pour nous positionner dans ce business du cinéma. C’est un métier qui doit nourrir son homme, ce qui n’est pas le cas pour le moment. La femme a l’obligation de ne plus venir dans le cinéma en tant que actrice seulement, mais en tant femme d’affaires. La vie des artistes est assez précaire à cause du manque de structuration du métier.
Quel regard avez-vous du secteur cinématographique aujourd’hui ?
Il est important que le cinéma soit un métier structuré, à part entière de telle sorte que les acteurs du cinéma soient plus autonomes. Les États doivent prendre ce problème à bras le corps pour garantir une bonne fin à toutes ces personnes qui embrassent le domaine. Les Etats doivent pouvoir garantir les productions des films africains. Ce sont d’autres personnes qui viennent produire nos films sur notre territoire pour nous les revendre. Il faut que nos États nous sécurisent nos marchés en finançant nos productions et en nous accompagnant dans la distribution et dans les subventions.
Parlez-nous de votre festival qui se tient au Cameroun ?
Le festival est né depuis 2009. C’est le festival mixte du Cameroun qui est un festival non compétitif, qui se passe au nord du pays , qui accueille tous les formats, tous les genres (fictions, documentaires, séries, courts et longs métrages etc.) , tous les pays, africains, européens, etc. On choisit les films à travers des appels à projet et on choisi ceux qui peuvent mieux aller avec le public, c’est-à-dire des thématiques légères qui puissent parler au public. Je viens ici pour avoir de la matière pour nourrir mon festival. Le Fespaco est le plus ancien de nos festivals.
Assétou Maiga