La commune de Bagaré contaminée par « une épidémie de grossesse » en milieu scolaire

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C’est plus d’une trentaine de jeunes filles, toutes des élèves du 1er cycle qui ont contracté une grossesse pendant cette année scolaire 2018 dans la commune rurale de Bagaré dans la province du Passoré. Cette révélation a été faite par des agents de santé au cours de la campagne de communication « 100 jours pour convaincre les cibles de la santé de la reproduction et la planification familiale ».

La promotion de la planification familiale dans le Passoré semble ne pas encore donner satisfaction. Bagaré situé à 45 km de Yako, chef-lieu de la province du Passoré, à l’image de plusieurs communes de ladite province, est confrontée à une « épidémie de grossesse » en milieu scolaire. En témoigne le nombre d’élèves qui ont contracté une grossesse en une année (Plus de 30 en 2018).  « C’est triste mais c’est face à cette réalité que nous sommes confrontés », lance  la sage femme de la maternité de la commune, Safiatou Ouédraogo.

Parmi ces filles qui ont été atteintes par cette « épidémie », figure Akimata Saba, élève en classe de 3ème. Agée de 21 ans, elle vient juste de réussir à son examen, le BEPC. Mais, c’est un succès qu’Akimata n’aura pas le temps de jubiler comme le feront ses amies car elle est occupée à prendre soin de son nouveau bébé qui a vu le jour il y’a à peine une semaine. (L’enfant est né le 22 juin 2018).

Safiatou Ouédraogo, sage-femme

Déjà, en classe de 3ème, Akimata est mère de deux enfants. Le premier est âgé de 5 ans qu’elle a eu à l’âge de 16 ans. Pourquoi faire des enfants en étant très jeune alors qu’il existe des méthodes contraceptives disponibles pour tous ? A cette question, la jeune fille répond sans élever la voix qu’elle ignore l’existence de ces méthodes tant bien que les agents de santé ne lassent point d’en faire la promotion.

« On ne nous parle de ces méthodes ici », dit-elle tout doucement. Et de poursuivre qu’avec la naissance de son enfant, elle a été informée de la planification familiale au centre de santé. « Maintenant je vais utiliser les méthodes qui vont m’aider à espacer les naissances », rassure-t-elle.

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La sexualité, un sujet à tabou à Bagaré

Comme Akimata, elles sont nombreuses, les jeunes filles qui ignorent encore ce qu’est la planification familiale. De ce fait, elles tombent dans le piège de la sexualité précoce. « A Bagaré, parler de sexualité est un tabou », informe la sage-femme, Safiatou Ouédraogo. Et d’ajouter que «  les femmes qui viennent nous consulter pour bénéficier des méthodes PF, le font dans toute la clandestinité possible ».

Pourquoi se cachent-t-elle pour utiliser une méthode qui protège ? Safiatou Ouédraogo explique cela par le fait que les hommes (les époux) sont encore réfractaires à la pratique.

Une des conséquences de l’accroissement des grossesses au niveau des élèves se justifie, selon la maïeuticienne par le fait que dans la localité, l’on ne parle pas de la sexualité aux jeunes filles. « Le fait de ne pas leur parler de la sexualité, cette année c’est une trentaine de filles qui sont tombées enceintes. Elles sont de la classe de 6ème à la 3ème. Si rien n’est fait la situation sera davantage déplorable les année à venir», regrette-t-elle.

Les propos de la sage femme sont corroborés par le 1er adjoint au maire de la commune de Bagaré, Jacob Guibila. Pour lui, le taux élevé des grossesses en milieu scolaire dans sa commune se justifie par le fait que la sexualité se discute moins dans les  salles de classe et les foyers. Du coup, dit-il, les enfants sont enclins à faire des choses peu catholiques qui engendrent des conséquences regrettables.

1er adjoint au maire de la commune de Bagaré, Jacob Guibila.

L’adjoint au maire, bien que déplorant la situation, fait savoir que  la mairie s’est inscrit dans une dynamique d’accompagnement des structures sanitaires en vue de juguler le phénomène. « Nous sensibilisons la population à adopter la planification familiale, gage de bien être pour tous », confie Jacob Guibila.

La venue de la campagne de communication dans sa localité est selon le maire adjoint une opportunité que la municipalité de Bagaré salue à sa juste et qu’elle entende saisir pour davantage pour sensibiliser les femmes, les jeunes filles et surtout les hommes à adopter les méthodes contraceptives.

                                                                                                                      Issa KARAMBIRI

                                                                                   Crédit photo : UNFPA/ Désiré. O

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