Il n’est pas rare d’entendre certaines personnes qualifier certains métiers de “métier d’homme” ou de “métier de femme”. Qu’en est-il exactement au Burkina Faso ou il est question de plus en plus de promouvoir l”égalité des sexes et l’accès de tous à un emploi décent? Cette question a fait l’objet d’un débat le mercredi 27 mars dernier , à Ouagadougou dans le cadre du maquis des science organisé chaque mois par l’Institut de recherche et de développement (IRD),en partenariat avec l’Association des journalistes et Communicateurs scientifiques du Burkina (AJCS/Bf).
Pour la sociologue Lydia ROUAMBA, il n’y a pas de métier exclusivement réservé aux femmes ou aux hommes.”Il n’ y pas de métier qu’un homme peut exercer et qu’une faire ne peut faire et vice-versa”, a t-elle déclaré avec assurance avant de souligner qu’il est temps de dépasser les représentations liées au genre dans le monde du travail. Lydia ROUAMBA, n’est pas passé par milles mots pour avouer qu’il faut aller à une déconstruction des stéréotypes par des actions fortes dans les lieux de socialisation telle que les familles et les écoles. Cette déconstruction des rôles socioprofessionnels ou rôle de sexe est un élément incontournable pour que les femmes puissent s’investir dans des activités dites traditionnellement masculines et vice versa. « Quand on travaille au niveau des lieux de socialisation et qu’on a une volonté politique affichée pour changer les choses et transformer les mentalités, on parvient à renverser la tendance » a déclaré la sociologue.

“Il faut éviter d’éduquer les garçons pour commander et les filles pour servir”
Selon, la secrétaire permanente du CONAP GENRE, Assétou Sawadogo/Kaboré, il faut pour cela prôner une éducation non différenciée entre les garçons et les filles et aussi l’intégration des curricula de genre dans le système éducatif burkinabè, pour espérer voir des avancées significatives sur ces questions. Assétou Sawadogo/Kaboré a également indiqué que, déjà, le gouvernement du Burkina Faso travaille à briser les stéréotypes liés au genre dans le domaine du travail par l’octroi massif et discriminatoire de bourses d’études aux filles dans des filières dites masculines. “Il faut éviter d’éduquer les garçons pour commander et les filles pour servir”, a t-elle lancé.
Même si le plus souvent la femme est amenée à exercer plusieurs activités à la fois, Lydia ROUMBA conseille à celles-ci de s’assumer aussi bien pour leur responsabilité professionnelle que pour leurs obligations familiales. “Les femmes doivent trouver des astuces pour concilier les différentes responsabilités qui s’imposent à elles. il revient à chaque femme de faire des options et de les assumer pour arriver à relever les défis.” C”est pourquoi, elle a exhorté les jeunes femmes qui ont déjà entamé leurs études universitaires à les poursuivre et à s’y donner corps et âme quelque soient les préjugés.
“Ce n’est pas une obligation pour la femme de faire le ménage si elle n’a pas le temps”

Associer l’image de la femme à la seule activité de faire le ménage est selon, Dr Lydia ROUAMBA, une violence psychologique contre la femme. De son point de vue, ce n’est pas une obligation pour la femme de faire le ménage, mais elle doit veiller à ce que le ménage soit fait.
Les échanges ont permis de découvrir les difficultés liées au genre dans le monde du travail à travers le parcours d’une femme garagiste, Fleur Tapsoba et du maïeuticien d’État, Antoine Kaboré. Fleur Tapsoba a dû faire face à de nombreux obstacles, notamment les réticences de certaines proches et les moqueries de certaines femmes. Aujourd’hui, installée à son propre compte, Fleur la mécanicienne est fière du chemin parcouru et invite les filles à lui emboiter le pas sans se soucier des on dit.
Quant à Antoine Kaboré, maïeuticien d’État ou “ accoucheur”, lui non plus n’est pas à l’abri des préjugés.S’il lui est souvent arrivé d’être mal vu par certains hommes, il avoue que la tendance est à la baisse. Mieux, certaines femmes préfèrent même se faire suivre par un homme pendant leur accouchement.
Mary Sorgho