L’Institut de recherche en sciences de la santé du Burkina Faso (IRSS) a procédé à la libération des moustiques mâles génétiquement modifiés dans le village de Bana situé à quelques kilomètres de Bobo Dioulasso. Cette opération est intervenue le lundi 1er juillet 2019.
La libération de moustique génétiquement modifié mâle stérile auto-limitatif est une première du genre en Afrique. Cette opération fait partie d’un projet financé par l’initiative Target Malaria, un consortium de recherche dirigé par l’Imperial Collège de Londres.
Selon le projet Target Malaria, la libération de ces moustiques approuvée par l’Agence Nationale de Biosécurité du Burkina Faso ne vise pas à réduire dans l’immédiat l’incidence du paludisme. Cette opération permettra de recueillir d’importantes données pour faire avancer la recherche.
L’initiative de Target Malaria au Burkina Faso ne cible que les espèces majeures identifiées dans la transmission et la propagation du paludisme qui sont Anopheles gambiae, Anopheles coluzzi et Anopheles arabiensis.
« Notre objectif à ce niveau de la recherche n’est pas d’éliminer de la surface de la terre ces espèces de moustiques vecteurs du paludisme : nous ne sommes même pas encore à cette étape » tient à préciser Dr Diabaté Abdoulaye, entomologiste médical senior et chercheur à l’IRSS à Bobo Dioulasso.
Pour les ONG de défense de l’environnement qui s’opposent depuis plusieurs années aux recherches et expérimentations sur les OGM dans le pays, cette décision est contraire à toute forme d’éthique.
Les explications scientifiques avancées par l’IRSS ne sont pas de nature à convaincre selon Ali Tapsoba porte-parole du Collectif Citoyen pour l’agro-écologie.
« Nous considérons l’expérience de Target Malaria comme du terrorisme scientifique en ce sens que des publications scientifiques montrent que les moustiques génétiquement modifiés peuvent engendrer des maladies et créer des résistances par rapport aux traitements du paludisme qui existe déjà ».
Pour le Collectif Citoyen pour l’agro-écologie réunissant plusieurs ONG, les « manipulations génétiques sont encore du domaine des sciences incertaines » ayant probablement « des résultats incertains et imprévisible » a alerté M. Tapsoba.
Les ONG dénoncent le manque de transparence entourant ce premier lâché de moustiques OGM et entendent continuer leur mobilisation afin que le Burkina Faso ne soit plus un pays d’expérimentation des OGM.
Source: BBC