Étudiante en master en droit des affaires internationales à l’Université Aube Nouvelle de Bobo-Dioulasso, Salimata Nah Traoré a épaté plus d’un à travers ses questions pertinentes au président français.
« Certaines questions me sont chères et pour lesquelles la responsabilité de la France ne fait aucun doute. Profitant donc de la plateforme qui nous est offerte, sans protocole diplomatique, je souhaite votre éclairage : allez-vous accepter de déclassifier les archives françaises sur le dossier Thomas Sankara ?
Nous avions d’ailleurs, sans trop y croire, il faut l’avouer, espérer voir dans vos valises, le frère cadet de notre ancien président (Ndlr : Blaise Compaoré). Allez-vous au moins, nous l’envoyer par Air France ? Enfin, si vous en avez l’occasion, ne manquez pas de dire à nos autorités que la confiance des populations se mérite..»
C’est pour ces brillantes questions que Salimata Nah Traoré a été applaudie à l’amphithéâtre qui a accueilli le discours d’Emmanuel Macron, le président français en visite au Burkina. Très à l’aise, à profiter de cette tribune pour apprendre au président de la République française quelques expressions très en vogue au Faso, comme la république « mouta mouta » (symbolise la mal gouvernance, la corruption et médiocrité) à l’opposé d’une république « touma touma » (expression moaga qui signifie travail).
A la fin de la rencontre, la jeune femme s’est dit satisfaite de la vision de Macron pour l’Afrique. Cependant, elle reste méfiante : « Ces réponses m’ont satisfaite mais en partie, parce une chose est de poser des questions, d’avoir des réponses et une autre est de voir la concrétisation de ces réponses. Par rapport au dossier Sankara, Il a annoncé l’ouverture des archives, nous y tenons en tant que jeunesse burkinabè et espérons cela sera fait. Sur le dossier François Compaoré, c’est vrai qu’il a évoqué l’indépendance de la justice mais il reste tout de même l’exécutif et nous espérons qu’il sera extradé, » a-t-elle expliqué.
Lauréate du championnat national de débat et d’art oratoire en 2015, Salimata Nah Traoré a remporté le prix du championnat international de débat francophone 2017 à Beyrouth au Liban. « L’art oratoire et moi, c’est une longue histoire d’amour », nous expliquait-elle il y a quelques mois.
Lala Kaboré /Dera