L’écrivain burkinabè Alexis Yaméogo, alias Clément Zongo vient de publier sa première œuvre romanesque, « Moah le fils de la folle » aux éditions Céprodif. La cérémonie de dédicace a eu lieu ce samedi 02 février 2019 au Cenasa à Ouagadougou, en présence des parents, amis et hommes de lettres. Au-delà de la fiction, le jeune auteur interpelle la société contemporaine sur la marginalisation des malades mentaux.
Tout est parti d’une scène qui s’est déroulée au marché de ‘’Katre Yaré’’ dans la ville de Ouagadougou : un enfant qui refuse d’aller dans les bras de sa mère, une malade mentale. Clément Zongo présent sur les lieux ne peut qu’être choqué de l’attitude de cet enfant qui pourtant, avait l’habitude de se coller à sa mère comme l’œil à sa prunelle. De là, va naître un questionnement qui va pousser Clément Zongo à se servir de sa plume et de son encrier deux semaines plus tard, pour que naisse aujourd’hui le roman, ‘’Moah le fils de la folle’’.
Dans un style poignant, l’écrivain dépeint la société « gombolaise » à travers le petit Moah et sa mère. Moah, un innocent de cinq ans collé comme un vêtement à sa mère, une malade mentale. Ils se nourrissaient des miettes de leur mendicité ou en fouillant en même temps que les porcs et les chiens errants les poubelles des bourgeois. Mais Moah se battra jusqu’au bout.
Une œuvre présentée avec admiration par le Pr Yves Dakuo qui affirme sans complaisance que c’est un écrivain aux armes bien affûtées au regard du message qu’il livre et son engagement à corriger les tares de la société. « La présence des acteurs littéraires participent à la légitimation du jeune auteur qui veut alerter la conscience humaine face aux dérives de la société », a-t-il indiqué.
Quant à l’auteur Zongo, c’est une fiction ajoutée à la réalité. « J’ai complété le destin de cet enfant dans une sorte de fiction et il accède au fauteuil présidentiel à la fin. C’est ma façon d’interpeler les gens à ne pas marginaliser ces personnes qui sont des malades mentales. Ces femmes folles agressées qui tombent enceintes de personnes saines comme vous et moi. C’est vraiment une métaphore sociale », s’est exprimé le journaliste écrivain.
Conseiller des affaires culturelles, Journaliste chroniqueur à Radio Pulsar et au quotidien d’État Sidwaya, Clément Zongo dit être sensible à la souffrance d’autrui et affirme avoir écrit ce roman dans la douleur sans sommeil. ‘’Moah le fils de la folle’’ est une œuvre de 210 pages et subdivisée en 34 chapitres a remporté le premier prix du Grand Prix national des arts et des lettres (GPNAL) de la 19 e édition de la semaine nationale de la culture. Le roman est disponible dans les librairies et aux Éditions Sidwaya au prix de 5000FCFA. Clément Zongo a également à son actif un recueil de nouvelles.
Maiga Assetou