Cancer: « Nous demandons la subvention des médicaments » , Rosalie Ziba, Présidente de l’AFAAC

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 2e cause de mortalité dans le monde selon l’organisation mondiale de la santé, le cancer est aujourd’hui un problème de santé publique. Bien de femmes en souffrent et fondent l’espoir de guérir définitivement. Échange avec Rosalie Ziba/Zongo, Présidente de l’Association des femmes atteintes et affectées par le cancer (AFAAC).

Parlez-nous de l’AFAAC ?

Rosalie Ziba/Zongo : L’Association des femmes atteintes et affectées par le cancer (AFAAC) est née suite à l’idée de deux malades atteintes sur proposition d’un attaché de santé. Il m’a approché pour que nous essayions de créer l’association avec sa femme, et elle existe depuis 2014. Elle comptait plus de 50 membres mais l’association est réduite à cause des décès que nous avons eus en son sein. Nous sommes présentement à 14 décès. Nous sommes au moins 96% de malades et 8% de personnes affectées. Il y a le cancer du sein et le cancer du col de l’utérus.

Octobre, c’est le mois de lutte contre le cancer, qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Ça représente beaucoup pour nous, ça nous permet de nous rencontrer, de discuter et aussi de faire des séances de sensibilisation et nous faire entendre de nos autorités. Nous faisons des séances de dépistage avec l’accompagnement de spécialistes.

Avoir le cancer, ce n’est pas une mince affaire. Ça demande beaucoup de moyens et la douleur est insoutenable

Comment les personnes atteintes vivent-elles avec le cancer ?

C’est vraiment très difficile. Avoir le cancer, ce n’est pas une mince affaire. Ça demande beaucoup de moyens et la douleur est insoutenable. Pour une personne atteinte du cancer, il faut d’abord des examens de laboratoire qui coûtent excessivement chers, après les examens de laboratoire, il faut souvent faire une intervention et elle va de 375 mille à 600 mille selon les cliniques. Vous voyez que ce n’est pas facile, il faut aussi faire la chimio thérapie après cette intervention, la chimio va de 3 à 6 doses selon le degré de la maladie. Pour le premier degré on peut aller à une chimio de 3 à 5 doses et des fois une seule chimio fait plus de 200 mille et 200mille pour six doses, c’est fait plus d’un million. Ces malades souffrent et on a souvent à faire à des malades qui n’ont aucun moyen. Nous en tant qu’association, ce qu’on peut faire, c’est d’essayer de les accompagner par des demandes d’aides. Si nous arrivons à les avoir, nous les aidons, dans le cas contraire le malade ne s’en sort pas. On ne peut que le supporter moralement. Notre association est jeune et nous n’avons pas de moyens.

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Comment ces femmes sont vues dans la société ?

Je crois que les gens ont maintenant compris ce que c’est que le cancer, mais il y a encore quelques cas. Tout dernièrement, j’ai eu à faire à une dame qui m’a dit qu’elle a été rejetée par son mari parce qu’elle a un cancer. Laissée à elle-même, elle s’est retournée vers notre association. Nous l’avons alors rassurée parce que ce que la maladie n’aime pas c’est le stress. J’ai informé Mme Ouédraogo, notre marraine, de l’entreprise la Grâce et c’est cette dame qui l’a prise en charge. Elle lui a fait faire la chimio thérapie, elle a pris jusqu’à 5 doses et tout dernièrement par manque de moyens pour faire ses examens, elle a retardé et elle n’est pas venue. Quand j’ai cherché à savoir, elle m’a dit que son sein est pourri et j’ai encore saisi Mme Ouédraogo qui l’a accompagné avec 375 mille pour qu’on lui fasse l’intervention du sein. Elle est toujours alitée.

Est-ce que vous travaillez avec le ministère de la santé ?

Nous avons eu à rencontrer le ministère de la santé plusieurs fois. Au début, il nous accompagnait par les évacuations sanitaires et c’est depuis 2015 que les dernières évacuations sanitaires ont pu se faire. Après cela, nous n’avons pas eu d’accompagnement du ministère et c’est déplorable. En tant qu’association, nous accompagnons le ministère, donc il est de son devoir aussi de se tourner vers nous pour nous accompagner. Nous avons par exemple envie de faire la sensibilisation dans les provinces, mais par faute de moyens, nous n’arrivons pas à le faire.

 

 
Qu’attendez-vous des autorités burkinabè en matière de lutte contre le cancer ?

Nous voulons surtout leur accompagnement pour la prise en charge. Il faut qu’elles se tournent vers les associations qui se battent à leurs côtés pour voir comment elles peuvent les aider. Nous demandons aussi la subvention des médicaments. Ils coûtent chers et ne sont pas immédiatement disponibles. Il faut souvent faire 4 à 5 pharmacies pour trouver le produit. De fois, il faut attendre deux à trois semaines pour pouvoir entrer en possession du produit. Récemment la Première Dame a rencontré les autres Premières Dames de la sous-région et je pense que quelque chose va sortir de là. Qu’on puisse sérieusement nous accompagner, les bonnes volontés aussi peuvent nous aider. Actuellement, nous avons des malades qui n’ont même pas encore commencé leur traitement. Elles n’ont pas de moyens pour commencer la première chimiothérapie. Toutes les associations qui luttent contre le cancer ont besoin de soutien.

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Notre défi, c’est d’avoir un centre de dépistage sur place et pouvoir guérir autant de malades que possible.

Avez-vous un message à l’endroit des femmes et jeunes filles ?

Nous demandons à toutes les femmes d’essayer de pratiquer l’autopalpation des seins, parce que l’autopalpation seulement peut sauver un malade. Si on découvre la maladie précocement, nous pouvons arriver à guérir, mais si on attend qu’il ait une plaie ou que le sein commence à gonfler, pour se présenter dans un centre de santé, c’est déplorable et c’est difficile de guérir.

Entretien réalisé par Assétou Maïga

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