Les usagers de la route nationale nationale 3 (Ouaga-Kaya), à hauteur du rond-point de Kossodo à droite en allant vers la mairie de Nognr-massom, ont sans doute remarqué Fatimata Bara et toutes les femmes qui vendent de la pâture. Parmi elles, il y a dame Fatimata Bara. Nous l’avons rencontrée pour échanger sur son activité.
Assise sur un sac sur lequel est aussi étalée de l’herbe disposée en tas, habillée d’une camisole qui couvre à peine son corps rabougri et frappé par l’âge, foulard en tête, dame Fatimata Bara avait le regard perdu au point de ne pas voir notre arrivée. Lorsqu’elle s’en rend compte, elle nous prit prend d’abord pour une cliente, avant de se rendre compte que nous voulons nous entretenir avec elle. « Ma fille, que peux-tu vouloir d’une vieille comme moi ? Que veux-tu que je te dise ? », nous demande-t-elle. « Nous parler de votre activité », lui avons-nous répondu. Vendeuse de pâture, c’est une activité que Fatimata Bara exerce depuis une dizaine d’années et dit gagner dignement sa vie. « C’est grâce à cette activité que j’arrive à nourrir ma famille », fait-elle savoir avec un sourire derrière lequel se lisent la misère et le sentiment de mener une activité juste pour survivre.
Bien dégourdie malgré tout
Tous les soirs entre 14h et 15h, dame Bara est au lieu habituel de son activité pour ravitailler ses clients, essentiellement des propriétaires de bétail. Pendant qu’elle nous parle, elle lorgne en même temps les clients et n’hésite pas à les héler nous abandonnant momentanément pour courir vers ceux auprès elle espère arracher quelques sous. « Ma fille, moi je veux vendre pour avoir un peu d’argent et toi tu veux que je m’assieds pour parler », nous lance-t-elle avec un air amusé avant de nous revenir.
Chaque matin, Fatimata Bara parcourt les vergers, les bas-fonds, pour se procurer de la bonne herbe qu’elle prend soin de bien conserver au frais pour pouvoir vendre l’après-midi. Elle élit domicile tous les jours au même endroit et y reste jusqu’à la tombée de la nuit.
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Dix années dans ce commerce de pâture ont largement suffi à dame Fatimata Bara pour se faire de la clientèle et pouvoir compter régulièrement sur elle. Notre interlocutrice vend trois tas d’herbe à 500 FCFA mais comme elle le dit, tous les prix sont disponibles pour le client.
Bien que frappée par le poids de l’âge, Fatimata Bara n’entend pas se donner du repos surtout qu’elle est arrivée à fidéliser ses clients qu’elle approvisionne tous les soirs en herbe. A moto ou à bord de véhicules, ces derniers se ravitaillent chez dame Bara et les plus compatissants prennent un peu d’herbe chez chacune des autres vendeuses pour les soutenir. « C’est de cette manière que j’arrive à payer la scolarité de certains de mes enfants », confie notre interlocutrice. Mais comment fait-elle en saison sèche, période non propice à l’herbe ? Elle dit se battre pour en trouver car il y va de sa survie.
Assétou Maïga